pavillon Edouard-Asselin sur streetview où se déroulait la partie pratique de l'examen de l'OIIQ pour près d'une centains de finissants.
C’est à 7h45, à l’hôpital St-Luc, que j’ai été convoquée pour la partie pratique de l’examen de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, communément appelée les ÉCOS, pour examen clinique objectif structuré. Bon. Examen ça va, clinique plus ou moins, objectif vraiment pas, et structuré … bof … Évidemment, le contexte est très stressant: debout devant une porte, dans un corridor de l’hôpital, au son d’une sonnerie on entre pour découvrir la « station ». Il s’agit de lire les instructions et d’effectuer la tâche demandée dans les 10 minutes allouées. Au son de la sonnerie, on sort, on a une minute pour se déplacer vers la prochaine porte et on recommence pendant 16 stations, avec trois « pauses » de 10 minutes, pour une durée totale de 3h30. Un véritable marathon au niveau du stress et de la concentration.
la déprimante entrée du déprimant édifice où s'est déroulé le non moins déprimant examen pratique de l'OIIQ
Vers 7h45 on nous a invités à nous inscrire, c’est à dire à faire la file pour obtenir, en présentant notre convocation et une pièce d’identité, la cocarde avec notre photo que nous devions coller sur notre uniforme. Nous étions environ 80. Nous avons ensuite eu droit à une présentation powerpoint fort mal à-propos où on nous expliquait le fonctionnement de l’examen … disons qu’il aurait été apprécié que ces explications nous soient fournies avec notre convocation et non quelques minutes seulement avant le début de la chose, augmentant ainsi l’attente et le stress sans utilité. Répartis en groupes de 19 personnes, nous avions chacun une carte de couleur selon notre groupe, avec le circuit personnalisé que nous allions devoir effectuer; ainsi sur ma carte était indiqué que je commençais à la station 4, avec un repos après la 5e, un autre repos après la 11e, et un dernier repos après la 16e. On nous a invités à aller aux toilettes avant de monter sur les étages, l’ambiance était vraiment très tendue. Ensuite, regroupés par couleur, nous avons suivi une dame jusqu’aux ascenseurs et nous sommes montés au 5e étage où une autre équipe nous attendait. Nous étions dans une aile de clinique externe. La salle d’attente était l’endroit central où nous pouvions poser nos choses, sacs, manteaux … Les stations étaient réparties dans les bureaux de part et d’autre de la salle d’attente, de 1 à 16, avec une chaise à chaque endroit où il y avait un « repos ». Rien de bien compliqué finalement.
Après quelques consignes de base (ne pas parler entre les stations ni pendant les repos, où sont les toilettes, tout le monde a-t-il un stylo …), nous nous sommes postés devant notre station de départ et avons attendu la sonnerie. Il était 9h00, soit 1h15 après l’heure pour laquelle nous avions été convoqués.
Les stations se sont donc enchaînées à partir de ce moment. C’est très long, 3h30 d’examen où il faut avoir une concentration qui ne se relâche jamais, contrairement à un examen théorique où on peut prendre quelques minutes pour rêvasser si cela nous chante. Ici, chaque minute est comptée et doit être utilisée à bon escient. D’autre part, les 3 stations de repos (en fait, on s’assoit sur une chaise dans le corridor pendant que les autres entrent dans les stations) n’en sont pas vraiment … comment ne pas penser à ce qui vient de se produire, à la situation dont on sort tout juste, comment ne pas se dire j’aurais dû faire telle chose, dire telle chose, j’ai oublié telle affaire … c’est impossible. On passe 10 minutes à se ronger les sangs, sans relaxer le moins du monde. La seule chose que j’ai pu faire de constructif pendant ces pauses est d’aller boire une gorgée d’eau à l’abreuvoir, car on parle sans arrêt pendant tout ce temps et on sort de là avec un mal de bloc et la bouche sèche! Au niveau de la logistique, il semble que dans d’autres hôpitaux c’était très bien, en ce qui concerne St-Luc j’ai trouvé tout ça très broche-à-foin. Les situations n’étaient pas du tout réaliste, compliquant la compréhension et l’exécution. « Effectuez l’évaluation et faites les interventions requises » constituait la plupart du temps les instructions, ce qui ne veut rien dire finalement. De toute manière, dans la plupart des stations, les interventions à faire n’étaient pas reliées avec la condition présentée sur les feuilles d’instruction. Je me suis souvent dit que j’aurais tout aussi bien pu me contenter de noter seulement le nom du patient, tout le reste étant complètement superflu. En discutant avec les filles des autres groupes à St-Luc et aussi dans d’autres hôpitaux, je me suis rendue compte que les évaluateurs sont loin de suivre tous les indications de l’ordre relativement au fait de se tenir coi par exemple et de ne donner aucune indication. Ainsi, dans une station où il fallait se laver les mains, une évaluatrice sur un étage demandait aux étudiantes: pendant combien de temps doit-on se laver les mains?, alors qu’ailleurs, pour la même station, l’évaluatrice ne disait rien et les filles se rendaient compte a postiori qu’elles avaient oublié de mentionner la durée requise du lavage de main. Évidemment que pour les mêmes situations, les acteurs (n’agissant pas tous de la même manière, malgré les consignes, ne sachant pas toujours quoi répondre à nos questions, parfois surpris par nos interventions), l’environnement (les bureaux, les civières, les équipements pour le lendemain qui traînent, les chaises droites, l’absence des équipements attendus) et les évaluateurs différents constituent des facteurs importants d’inéquité dans l’évaluation. Et c’est sans compte que les situations sont différentes sur les deux journées, autres facteurs diminuant la crédibilité de l’ensemble.
Pour ceux que ça intéresse (!), je ne suis pas du tout optimiste quant à mes chances d’avoir réussi cet examen. Je sais que tout le monde a cette impression lorsque les écos se terminent, mais disons que l’ensemble ne me dit rien qui vaille. J’ai détesté cette expérience encore plus que je ne l’avais prévu. Je n’étais pas si stressée en fait, car je me disais que j’avais fait tout ce qu’il fallait pour être prête et que le reste ne dépendait pas de moi. J’étais tellement naïve de croire qu’une bonne préparation, trois années de cours, des expériences de stage et de travail comme externe et comme cépi, des lectures complémentaires et deux journées de préparation offertes par mon employeur me permettaient d’envisager la réussite de l’examen. Que nenni. Dans plus de la moitié des stations, je n’ai jamais compris à quoi on voulait en venir. Dans les autres, les notions questionnées ou les situations présentées ne m’avaient jamais été enseignées à l’école. Même si j’ai pris au moins 2-3 minutes pour lire attentivement les documents, j’ai terminé avant la sonnerie dans la plupart des stations, à court d’informations à transmettre ou d’acte à poser, pétrifiée de constater que je n’avais plus la moindre idée de ce qui devait se passer par la suite, la tête vide et les mains moites, gênée et humiliée. Je me suis sentie, pendant 3h30, stupide et incompétente. Je dis 3h30, mais en fait ces sentiments persistent même une semaine après l’examen.
Je suis sortie de l’hôpital non seulement très déprimée à l’idée de devoir tout refaire en mars prochain, mais surtout fâchée de constater que de deux choses l’une: soit nos études ne nous préparent pas suffisamment pour le travail à accomplir, soit l’examen ne sert pas à évaluer les connaissances et le jugement acquis pendant ces trois années, mais d’une manière ou d’une autre il y a un décalage important entre l’enseignement qui m’a été prodigué et le test auquel j’ai dû faire face. À savoir si le cégep devrait orienter son enseignement en fonction de la réussite de l’examen de l’ordre, ou seulement se contenter de donner un enseignement adéquat sans se soucier que les étudiantes réussissent ou non l’examen, c’est une question que l’équipe de professeurs doit sûrement se poser chaque année quand ils voient nos scores descendre à l’échelle du Québec. Il reste que, peu importe ma performance, j’ai trouvé cet examen presque sans lien avec la pratique infirmière, en tout cas celle que j’ai vue et vécue pendant mes nombreux stages et mes expériences de travail. Plus frustrant encore, j’ai l’impression que beaucoup de choses importantes, les plus importantes même à mes yeux, n’ont pas été évaluées et je suis très étonnée de constater que c’est de cette manière qu’on détermine qui aura ou n’aura pas le droit de pratique; je ne vois pas du tout le rapport entre l’examen et l’évaluation de la pratique sécuritaire des infirmières.
******La liste des stations d’ÉCOS a été retirée suite à un appel de la directrice scientifique de l’OIIQ me demandant de respecter l’engagement de confidentialité signé lors de l’inscription à l’examen.
Voici une liste des stations du samedi. J’ajouterai éventuellement celles du dimanche. Les 2444 candidates passaient les écos sur 4 demi-journées, avec les mêmes stations les samedis matin et pm, et des stations différentes le dimanche. Toutefois, quelques stations se répétaient sur les 2 journées.
ajout 28 septembre 2011- les stations qui se sont répétées les 2 jours sont en italique
septembre 25th, 2011 | Categorie: Non classé | Commentaire (35)