la route ouverte

la route ouverte

mon cheminement en soins infirmiers

la route ouverte RSS Feed
 
 
 
 

c’est fini

Mardi 8 novembre: l’Ordre des Infirmiers et infirmières écrit sur sa page facebook que les résultats de l’examen ont été postés en fin de journée. Deux jours plus tard, mes amies reçoivent leur enveloppe: elles ont pour la plupart réussi. Pour ma part, la boîte aux lettres est vide. Le lendemain est férié, pas de courrier. Le lundi, les quelques filles que je connais qui n’avaient pas encore eu leur réponse l’obtiennent enfin et l’OIIQ affiche le taux de réussite de l’examen sur leur site internet. Mardi et mercredi, j’appelle mon chum de l’école sur l’heure du dîner pour savoir si le facteur est passé … oui, mais toujours pas de lettre de l’OIIQ.

Jeudi matin, en cours à l’université, je suis la seule personne que je connaisse qui n’a pas reçu sa réponse.  Je passe le plus clair de mon temps à combattre les idées de scénarios catastrophiques qui se forgent dans ma tête. J’attends. J’ai déjà envisagé l’échec, la reprise en mars, la préparation à refaire, je n’ai rien d’autre à faire qu’attendre. Depuis des semaines, je ne fais plus aucun projet, pour ne pas échafauder des plans qui ne pourraient pas se concrétiser … Je suis comme au neutre. En revenant de  l’école, à vélo sur le pont Jacques-Cartier, je pédale comme une malade pour ne pas me laisser prendre par mes pensées.  Je suis à bout de souffle quand j’arrive à la maison. J’appuie mon vélo, j’appelle l’ascenseur, je sors mes clés, tous les mêmes gestes que d’habitude. J’ouvre la boîte aux lettres, hi! Je la referme, la lettre est là! Je la sors, je la plie: les filles m’ont dit qu’il y avait un carton destiné à protéger le permis, qui rendait l’enveloppe plutôt rigide. La mienne est molle, molle, molle … shit … j’ai une sueur froide … la porte de l’ascenseur s’ouvre, je m’y engouffre avec mon vélo, je déchire l’enveloppe, je vois le dos d’un formulaire, sûrement pour m’inscrire au prochain examen, pffffft, ma vision s’embrouille, je retourne le paquet de feuilles, j’arrive au 2e étage, je sors de l’ascenseur, je regarde la lettre … résultat: réussite … ??!????! quoi!??!?! je marche avec mon vélo dans le corridor, je relis: réussite, réussite, réussite … J’ouvre la porte de l’appartement, je m’assois sur une chaise et j’éclate en sanglots. C’est fini. J’ai réussi. J’ai atteint mon objectif. L’attente est terminée. Le projet est arrivé à son terme. Je n’en reviens tout simplement pas. J’ai les nerfs trop usés pour être fière ou contente, je suis seulement très soulagée.

 

 

Examen de l’OIIQ, septembre 2011: théorie

Le lundi suivant ma déconfiture aux écos avait lieu pour tous en même temps la partie théorique de l’examen de l’OIIQ. J’aurais dû être un peu plus confiante puisque que je réussis habituellement bien en théorie.  Mais deux éléments entamaient ma confiance: d’abord, ma méfiance face au type de question qu’on nous poserait, et ensuite une démotivation totale suite à l’examen pratique que je suis à peu près sûre d’avoir échoué et qui me donnait la vague impression de me présenter inutilement à la partie théorique. J’ai tenté de me remonter le moral en essayant de voir le tout comme une répétition qui me serait utile pour la reprise en mars … piètre consolation.

petit "flyer" informatif distribué dans le hall pendant que nous attendions pour nous inscrire

Nous avions été convoquées pour 9h30. Rassemblées dans le hall d’accueil du Palais des congrès de Montréal, nous étions fébriles et impatientes. Des groupes de quelques dizaines d’étudiantes à la fois étaient autorisés à prendre l’escalier roulant pour monter  vers la salle où il fallait s’inscrire, en présentant la convocation et une pièce d’identité. On nous remettait alors la cocarde à coller sur nous.  Après la distribution des cahiers d’examen et des calculatrices, c’est vers 10h40 que nous avons entamé les 2 heures 18 minutes qui nous étaient accordées pour terminer la première partie.  La plupart des gens ont quitté après la première heure et demi.  Une pause de 45 minutes était allouée pour le dîner, la reprise devant avoir lieu à 13h40. À cette heure, cependant, nous étions agglutinés devant les portes fermées de la salle d’examen et c’est seulement 15 minutes plus tard que nous avons été autorisés à entrer, reportant donc de plusieurs minutes le début (et la fin!) de la deuxième partie de l’examen.

une partie de la salle d'examen, photographiée par mon amie Élysa. C'était archi-plein.

Les deux cahiers m’ont semblé un peu différents. Le premier comportait beaucoup de questions reliées à la prise en charge d’un patient en clsc, en chsld ou en résidence pour personnes âgées. Nous devions par exemple énumérer les éléments d’information à  fournir à l’infirmière du clsc à qui nous référons tel patient, prendre le rapport d’une infirmière d’un chsld d’où provient un patient que nous recevons à l’urgence, connaître les éléments du suivi en clsc d’un patient pour telle ou telle problématique … Les réponses attendues étaient loin d’être claires, et j’ai répondu un peu au hasard à plus de 70% des questions.  Je n’étais pas surprise, mais un peu déçue de constater que nous n’étions pas questionnés sur nos connaissances acquises ou alors que je n’avais clairement pas acquis les bonnes connaissances pendant mon apprentissage!  Les questions du second cahier m’ont paru plus « faciles » dans le sens de comprendre les réponses attendues. Les questions étaient plus en lien avec des pathologies et des interventions infirmières. Contrairement à ce qui nous avait été annoncé en début d’examen, la plupart des situations se développaient sur plus de 3 questions, souvent 5 ou 6, parfois même jusqu’à 8 (par exemple, pour une situation de tuberculose). Il n’y avait pas de questions reliées à la physiopathologie ni à la biologie. La médication a fait l’objet d’environ 7 questions au total, incluant 4 questions sur les anticoagulants. Quatre questions demandaient un calcul facile (ce sont les seules réponses dont  je sois sûre!).

Comme il n’y a aucune information sur la manière dont l’examen est corrigé et noté, il est difficile de se faire une idée de notre performance, mais disons que je suis sortie de cet endroit avec un sentiment ambigu et loin d’être sûre d’avoir réussi. L’examen n’était pas difficile mais plusieurs des sujets questionnés ne faisaient pas partie de la formation que j’ai reçue, ce qui complique un peu les choses au moment de donner des réponses!

stations du dimanche, examen de l’OIIQ septembre 2011

Les stations du dimanche ont été ajoutées à mon billet sur ce sujet.

Examen de l’OIIQ, septembre 2011: les écos.

pavillon Edouard-Asselin sur streetview où se déroulait la partie pratique de l'examen de l'OIIQ pour près d'une centains de finissants.

C’est à 7h45, à l’hôpital St-Luc, que j’ai été convoquée pour la partie pratique de l’examen de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, communément appelée les ÉCOS, pour examen clinique objectif structuré. Bon. Examen ça va, clinique plus ou moins, objectif vraiment pas, et structuré … bof … Évidemment, le contexte est très stressant: debout devant une porte, dans un corridor de l’hôpital, au son d’une sonnerie on entre pour découvrir la « station ». Il s’agit de lire les instructions et d’effectuer la tâche demandée dans les 10 minutes allouées. Au son de la sonnerie, on sort, on a une minute pour se déplacer vers la prochaine porte et on recommence pendant 16 stations, avec trois « pauses » de 10 minutes, pour une durée totale de 3h30. Un véritable marathon au niveau du stress et de la concentration.

la déprimante entrée du déprimant édifice où s'est déroulé le non moins déprimant examen pratique de l'OIIQ

 

Vers 7h45 on nous a invités à nous inscrire, c’est à dire à faire la file pour obtenir, en présentant notre convocation et une pièce d’identité, la cocarde avec notre photo que nous devions coller sur notre uniforme. Nous étions environ 80. Nous avons ensuite eu droit à une présentation powerpoint fort mal à-propos où on nous expliquait le fonctionnement de l’examen … disons qu’il aurait été apprécié que ces explications nous soient fournies avec notre convocation et non quelques minutes seulement avant le début de la chose, augmentant ainsi l’attente et le stress sans utilité. Répartis en groupes de 19 personnes, nous avions chacun une carte de couleur selon notre groupe, avec le circuit personnalisé que nous allions devoir effectuer; ainsi sur ma carte était indiqué que je commençais à la station 4, avec un repos après la 5e, un autre repos après la 11e, et un dernier repos après la 16e. On nous a invités à aller aux toilettes avant de monter sur les étages, l’ambiance était vraiment très tendue. Ensuite, regroupés par couleur, nous avons suivi une dame jusqu’aux ascenseurs et nous sommes montés au 5e étage où une autre équipe nous attendait. Nous étions dans une aile de clinique externe. La salle d’attente était l’endroit central où nous pouvions poser nos choses, sacs, manteaux … Les stations étaient réparties dans les bureaux de part et d’autre de la salle d’attente, de 1 à 16, avec une chaise à chaque endroit où il y avait un « repos ». Rien de bien compliqué finalement.

Après quelques consignes de base (ne pas parler entre les stations ni pendant les repos, où sont les toilettes, tout le monde a-t-il un stylo …), nous nous sommes postés devant notre station de départ et avons attendu la sonnerie. Il était 9h00, soit 1h15 après l’heure pour laquelle nous avions été convoqués.

Les stations se sont donc enchaînées à partir de ce moment. C’est très long, 3h30 d’examen où il faut avoir une concentration qui ne se relâche jamais, contrairement à un examen théorique où on peut prendre quelques minutes pour rêvasser si cela nous chante. Ici, chaque minute est comptée et doit être utilisée à bon escient. D’autre part, les 3 stations de repos (en fait, on s’assoit sur une chaise dans le corridor pendant que les autres entrent dans les stations) n’en sont pas vraiment … comment ne pas penser à ce qui vient de se produire, à la situation dont on sort tout juste, comment ne pas se dire j’aurais dû faire telle chose, dire telle chose, j’ai oublié telle affaire … c’est impossible. On passe 10 minutes à se ronger les sangs, sans relaxer le moins du monde. La seule chose que j’ai pu faire de constructif pendant ces pauses est d’aller boire une gorgée d’eau à l’abreuvoir, car on parle sans arrêt pendant tout ce temps et on sort de là avec un mal de bloc et la bouche sèche! Au niveau de la logistique, il semble que dans d’autres hôpitaux c’était très bien, en ce qui concerne St-Luc j’ai trouvé tout ça très broche-à-foin. Les situations n’étaient pas du tout réaliste, compliquant la compréhension et l’exécution. « Effectuez l’évaluation et faites les interventions requises » constituait la plupart du temps les instructions, ce qui ne veut rien dire finalement. De toute manière, dans la plupart des stations, les interventions à faire n’étaient pas reliées avec la condition présentée sur les feuilles d’instruction. Je me suis souvent dit que j’aurais tout aussi bien pu me contenter de noter seulement le nom du patient, tout le reste étant complètement superflu. En discutant avec les filles des autres groupes à St-Luc et aussi dans d’autres hôpitaux, je me suis rendue compte que les évaluateurs sont loin de suivre tous les indications de l’ordre relativement au fait de se tenir coi par exemple et de ne donner aucune indication. Ainsi, dans une station où il fallait se laver les mains, une évaluatrice sur un étage demandait aux étudiantes: pendant combien de temps doit-on se laver les mains?, alors qu’ailleurs, pour la même station, l’évaluatrice ne disait rien et les filles se rendaient compte a postiori qu’elles avaient oublié de mentionner la durée requise du lavage de main. Évidemment que pour les mêmes situations, les acteurs (n’agissant pas tous de la même manière, malgré les consignes, ne sachant pas toujours quoi répondre à nos questions, parfois surpris par nos interventions), l’environnement (les bureaux, les civières, les équipements pour le lendemain qui traînent, les chaises droites, l’absence des équipements attendus) et les évaluateurs différents constituent des facteurs importants d’inéquité dans l’évaluation. Et c’est sans compte que les situations sont différentes sur les deux journées, autres facteurs diminuant la crédibilité de l’ensemble.

Pour ceux que ça intéresse (!), je ne suis pas du tout optimiste quant à mes chances d’avoir réussi cet examen. Je sais que tout le monde a cette impression lorsque les écos se terminent, mais disons que l’ensemble ne me dit rien qui vaille. J’ai détesté cette expérience encore plus que je ne l’avais prévu. Je n’étais pas si stressée en fait, car je me disais que j’avais fait tout ce qu’il fallait pour être prête et que le reste ne dépendait pas de moi. J’étais tellement naïve de croire qu’une bonne préparation, trois années de cours, des expériences de stage et de travail comme externe et comme cépi, des lectures complémentaires et deux journées de préparation offertes par mon employeur me permettaient d’envisager la réussite de l’examen. Que nenni. Dans plus de la moitié des stations, je n’ai jamais compris à quoi on voulait en venir. Dans les autres, les notions questionnées ou les situations présentées ne m’avaient jamais été enseignées à l’école. Même si j’ai pris au moins 2-3 minutes pour lire attentivement les documents, j’ai terminé avant la sonnerie dans la plupart des stations, à court d’informations à transmettre ou d’acte à poser, pétrifiée de constater que je n’avais plus la moindre idée de ce qui devait se passer par la suite, la tête vide et les mains moites, gênée et humiliée. Je me suis sentie, pendant 3h30, stupide et incompétente. Je dis 3h30, mais en fait ces sentiments persistent même une semaine après l’examen.

Je suis sortie de l’hôpital non seulement très déprimée à l’idée de devoir tout refaire en mars prochain, mais surtout fâchée de constater que de deux choses l’une: soit nos études ne nous préparent pas suffisamment pour le travail à accomplir, soit l’examen ne sert pas à évaluer les connaissances et le jugement acquis pendant ces trois années, mais d’une manière ou d’une autre il y a un décalage important entre l’enseignement qui m’a été prodigué et le test auquel j’ai dû faire face. À savoir si le cégep devrait orienter son enseignement en fonction de la réussite de l’examen de l’ordre, ou seulement se contenter de donner un enseignement adéquat sans se soucier que les étudiantes réussissent ou non l’examen, c’est une question que l’équipe de professeurs doit sûrement se poser chaque année quand ils voient nos scores descendre à l’échelle du Québec. Il reste que, peu importe ma performance, j’ai trouvé cet examen presque sans lien avec la pratique infirmière, en tout cas celle que j’ai vue et vécue pendant mes nombreux stages et mes expériences de travail. Plus frustrant encore, j’ai l’impression que beaucoup de choses importantes, les plus importantes même à mes yeux, n’ont pas été évaluées et je suis très étonnée de constater que c’est de cette manière qu’on détermine qui aura ou n’aura pas le droit de pratique; je ne vois pas du tout le rapport entre l’examen et l’évaluation de la pratique sécuritaire des infirmières.

******La liste des stations d’ÉCOS a été retirée suite à un appel de la directrice scientifique de l’OIIQ me demandant de respecter l’engagement de confidentialité signé lors de l’inscription à l’examen.

Voici une liste des stations du samedi. J’ajouterai éventuellement celles du dimanche. Les 2444 candidates passaient les écos sur 4 demi-journées, avec les mêmes stations les samedis matin et pm, et des stations différentes le dimanche. Toutefois, quelques stations se répétaient sur les 2 journées.

ajout 28 septembre 2011- les stations qui se sont répétées les 2 jours sont en italique

 

Sciences infirmières, université de Sherbrooke à Longueuil … premières impressions …

un "portail" personnalisé nous permet d'avoir accès à notre dossier scolaire: horaire, notes, facturation, ainsi qu'à toutes sortes d'informations concernant surtout le campus de Sherbrooke toutefois.

Déjà dans la quatrième semaine de cours en sciences infirmières, à l’université de Sherbrooke, au campus de Longueuil. L’atmosphère est étrange dans ces locaux flambant neufs … Je ne peux pas me plaindre d’étudier pour une fois dans un endroit où les portes des toilettes ferment, il y a suffisamment de tables et de chaises pour tout le monde et les salles de cours sont propres et bien équipées. J’ai quand même l’impression de déambuler dans un aérogare ou un palais des congrès … des corridors vides,  des portes toutes pareilles, des classes où personne ne semble jamais s’être assis, des aires de repos toujours désertes …  Je dois me rendre à l’évidence: les pupitres aux inscriptions entaillées, le bruit  d’une cafétéria bourdonnante, le terrazzo usé, les graffitis des toilettes, le tableau vert, tout cela me manque un peu. Je n’ai pas vraiment l’impression d’être à l’école. Il faut dire que l’angoisse de l’examen de l’ordre m’a un peu gâché la rentrée, mais il reste que l’ensemble ne dégage pas l’atmosphère que j’associe habituellement à un milieu propice aux études.  Il manque de fébrilité et d’enthousiasme, il faut dire que tout le monde est passablement fatigué …

Mais bon, peu importe, pourvu que la qualité des cours soit au rendez-vous … !!!! Ce qui me paraît encore douteux pour le moment; nous allons laisser la chance au coureur et passer une première session avant de porter un jugement trop sévère, mais disons que lire une chronique de Patrick Lagacé en guise d’introduction à un cours de philosophie des soins me paraît un tantinet sous le niveau universitaire.  Je suis assez agacée par l’ambiance « bon enfant » des cours où chacun peut se permettre son petit commentaire, alors que les profs semblent incapables de garder le contrôle de la classe; c’est ainsi que dans un cours d’anthropologie des soins, dans un chaos de témoignages tous plus pertinents les uns que les autres (ironie!), on peut finir par entendre quelqu’un crier du fond de la classe: « s’ils sont pas contents, qu’il retournent donc chez eux » . C’est alors qu’on ramasse ses affaires pour quitter précipitamment en soupirant.  Il faut dire que je n’avais pas prévu cet élément, mais il s’avère que la vaste majorité des étudiantes (+ de 98%) sont blanches francophones, issues des cégep de la Montérégie (qui constitue le consortium du campus, à Montréal nous sommes « hors consortium »).  Après mes trois années au cégep Maisonneuve, ce manque de  variété des milieux culturels et des expériences de vie constitue un choc.


 
 

Cinq matières s’inscrivent à mon corpus à cette session-ci: philosophie des soins, anthropologie des soins, approche populationnelle et communautaire, sciences biologiques 1 et examen clinique.  Je suis assez chanceuse au niveau de l’horaire, avec des cours de 8h30 à 16h les mardi et mercredi, et un cours le jeudi matin se terminant à 11h30!  Alors que ce n’était pas prévu au départ, il y a maintenant des cours qui se donnent les soir, de 17h30 à 20h30 car nous sommes une soixantaine d’étudiantes de plus que la « capacité d’admission » initiale. Évidemment, il est plus payant d’avoir plus d’étudiants, l’université ne va pas cracher dans la soupe alors que le campus de Longueuil voit sa popularité aller en augmentant. À l’automne 2010, on comptait 109 inscrites alors que cette fois-ci nous sommes autour de 160 (ce nombre fluctue dans les premières semaines). Au niveau logistique, cela entraîne quelques ajustements évidemment. Au moins, contrairement à mes études universitaires antérieures (à l’université de Sherbrooke notamment), les équipements permettent d’accueillir tout le monde de manière adéquate!


(Statistiques de l’automne 2010) Capacités d’accueil, statistiques d’admission et CRC minimales (cotes R), site internet de l’UdeS

Au niveau de l’infantilisation, il semble qu’il n’y ait que dans le cours de biologie où les présences seront prises frénétiquement pendant toute la session et les absences coûteront 5 points chacune (je ne suis pas convaincue de la légitimité d’une telle mesure …).  Dans les autres cours, les présences ont été relevés pendant les 3 premières semaines mais ne sont pas obligatoires, seulement « souhaitables » comme il est inscrit dans les plans de cours. Le cours d’examen clinique est donné par un médecin qui n’est pas né de la dernière pluie, conséquemment il inclut à la fin de chaque période un moment où nous faisons la démonstration de la technique apprise, ce qui nous fait amasser 0,5 points à chaque fois: présence non obligatoire mais points faciles à accumuler, donc incitatif à se pointer! C’est une façon détournée d’accorder des points à la présence (10% au total), alors que le reste de l’évaluation consiste en 2 examens (mi-session et fin de session) et des écos de fin de session (hé oui, encore!!) Sinon, dans les autres cours (à part bio, qui fera l’objet d’un autre billet), l’évaluation se résume à 2 examens (mi-session et fin de session) et un travail d’équipe.  Le travail d’équipe est très valorisé dans ce type de programme, pour toutes sortes de raisons théoriques plus ou moins bonnes, et sûrement un peu aussi parce qu’il divise par 4 ou 5 le nombre de travaux à corriger …

facture de l’université

… pas pantoute la tête à budgéter et à compter, je viens pourtant de recevoir ma facture pour la session d’automne de l’université … un stress n’attend pas l’autre!

Voici ce qu’on appelle communément un breakdown ou le détail des frais à payer pour une session universitaire … c’est assez …heu … surprenant, disons. Quand on additionne cela aux frais de l’examen de l’OIIQ, on comprend pourquoi des filles continuent à travailler les fins de semaine pendant l’école, ça fait cher du crédit considérant  le salaire que  l’on fera … peut-être … !!

rentrée!

C’était journée d’accueil à l’université de Sherbrooke à Longueuil lundi. Un long avant-midi de présentations en vidéoconférence du doyen et d’autres personnes dont je n’ai pas toujours compris le propos. Ensuite nous avons eu droit à l’énumération des nombreux règlements et contraintes. Je ne sais pas si c’est en sciences infirmières que les profs sont particulièrement « maternant » ou si c’est tout simplement les universités qui ont décidé de serrer la vis et d’encadrer de manière plus serrée les étudiants, reste que je ne me sens pas traitée en adulte comme je l’avais senti à ma première incursion universitaire en 1990. Peut-être sommes nous d’une manière générale, dans nos vies, davantage soumis à des lois et des règlements qu’il y a une vingtaine d’années, il faudrait y réfléchir plus avant … J’ai toujours eu des problèmes avec l’autorité, ce dont je me vante (!), et je ne sais pas si c’est l’âge mais je tolère de moins en moins de me faire dire quoi faire; toute cette liste de règlements au sujet de la présence en classe et du respect entre les personnes m’a donc mis les nerfs en boule et quasiment gâché ma rentrée. À chaque absence « non motivée », on perdra 5 points et après 3 absences on ne peut plus se présenter à l’examen ce qui correspond donc à une mise en échec tout simplement.  Je considère cela inacceptable, je ne vois pas comment on peut m’obliger à me présenter en classe ni me refuser l’accès à l’examen une fois que mes frais de scolarité sont payés. Je considère qu’à mon âge, et même si j’avais 20 ans, je suis en mesure d’évaluer moi-même la pertinence de me présenter ou non à un cours, et d’assumer les conséquences de mes choix.

Je ne me suis pas attardée pour profiter du petit buffet et je suis retournée chez moi en grommelant. Ce n’est pas ma meilleure rentrée à vie. Néanmoins, il y a quelques points positifs, notamment en matière d’environnement: le bâtiment qui abrite l’université de Sherbrooke à Longueuil est vraiment agréable. Et neuf, ce qui n’est pas rien: en allant aux toilettes, je me rends compte qu’il y a longtemps, à l’hôpital et/ou à l’école, que je n’ai fréquenté un endroit aussi propre et neuf!  L’espace est bien pensé et il y a, au 3e étage, un charmant jardin extérieur, très ensoleillé, où l’on peut relaxer et manger.  Accessoirement, on y a une belle vue sur les manèges de la Ronde et sur le pont Jacques-Cartier que je traverse maintenant matin et soir!

 

travail au département de chirurgie de Ste-Justine

 

guide pour les parents des enfants opérés

 

 

En quoi consiste le travail à l’unité de chirurgie du 5e étage de l’hôpital Ste-Justine? Pour des étudiantes en soins, cela peut sembler évident, mais il arrive régulièrement qu’on me demande si cela signifie que je travaille en salle d’opération comme tel. Eh bien non! Comme pour le milieu des adultes, un travail sur une unité de chirurgie signifie plutôt prendre soin des patients parfois avant et la plupart du temps après la chirurgie, donc lorsque les patients ont été stabilisés en salle de réveil et qu’ils sont transférés à leur chambre.  Dans tous les cas, pour les adultes comme pour les enfants, il s’agit essentiellement d’exercer la surveillance clinique appropriée à la chirurgie subie afin de s’assurer de la stabilité puis du rétablissement du patient.

 

guide à l'intention des parents des patients opérés

 

 

La particularité du département de chirurgie de Ste-Justine par rapport aux autres départements de chirurgie que j’ai eu l’occasion de visiter (Maisonneuve-Rosemont et Notre-Dame) réside dans la variété des chirurgies subies par les patients que nous soignons. En effet, chez les adultes, les différentes spécialités sont divisées en autant de départements: ainsi les cas de chirurgie abdominale sont regroupés dans une unité, les chirurgies thoraciques dans une autre unité, les chirurgie cardiaque ailleurs, les greffes, les plasties, chaque type de chirurgie représente un département en particulier.  À Ste-Justine, mises à part les chirurgies cardiaques, toutes les autres chirurgies requérant un séjour hospitalier sont représentées sur la même unité, celle où je travaille.  Je vois donc défiler des petits opérés de 1 jour à 20 ans, opérés pour une grande variété de pathologies.

La répartition du travail n’est pas la seule différence entre l’hôpital pédiatrique et les milieux adultes: les types de chirurgies diffèrent également dans la plupart des cas. On retrouve bien quelques similitudes mais il s’agit d’exceptions. On peut regrouper les chirurgies sous les thèmes de chirurgie générale, orthopédie, plastie, urologie, neuro-chirurgie, ORL, ophtalmologie et traumatologie. Voici une liste non exhaustive des chirurgies/pathologies que l’on retrouve le plus souvent sur le département:

  • sténose du pylore
  • appendicite aiguë (l’appendicectomie est habituellement faite en chirurgie d’un jour sauf si elle se complique)
  • hernie inguinale, hydrocèle, kyste du cordon
  • occlusion intestinale aiguë
  • invagination
  • tumeurs hépatiques
  • brûlures pédiatriques (grands brûlés)
  • traumatismes crâniens
  • traumatismes pédiatriques
  • chirurgies en urologie (néphrectomie, urétéronéocystostomie)
  • tumeur de wilms
  • adénoïdectomie et/ou amygdalectomie
  • myringotomie avec insertion de tubes (les fameux tubes dans les oreilles)
  • tympanoplastie
  • glaucome
  • traumatismes orthopédiques (fractures et tractions)
  • scolioses
  • pied bot congénital
  • tumeurs du système nerveux
  • hydrocéphalie et dérivation ventriculo-péritonéale
  • chiari
  • radicellectomie sensitive partielle
  • hypertension intracrânienne
  • malformation cérébrale (crâniosténose)
  • fissure labiopalatine / labiale / palatine

D’autres chirurgies moins habituelles s’ajoutent à cette liste, et il faut alors que même les infirmières d’expérience révisent les techniques et les protocoles afin de s’ajuster au travail à faire.

Le défi principal sur une telle unité est d’être à l’aise avec les différentes surveillances cliniques et les enseignements particuliers à chaque chirurgie.  Bien sûr, à la base, une surveillance post-opératoire implique toujours par exemple une évaluation serrée des signes vitaux, de l’état de conscience, de la diurèse. Toutefois, un patient opéré pour une scoliose aura besoin d’aide pour être tourné dans son lit toutes les 2 heures, la reprise de l’alimentation d’un bébé opéré pour une sténose du pylore devra être suivie de près selon un protocole très précis, les signes neurologiques du patient opéré pour une tumeur cérébrale devront être vérifiés toutes les 4 heures, les signes neurovasculaires d’un patient en traction aussi, ainsi de suite…

J’aime beaucoup cette variété au sein d’une même unité qui nous préserve de la monotonie que  la répétition des mêmes soins sur les unités de chirurgie adulte finit parfois par entraîner.  Cela permet aussi de pratiquer plusieurs aspects du métier, de se garder alerte et de toujours apprendre de nouvelles choses. Les médecins sont très présents, répondent volontiers aux questions, et aiment faire participer les infirmières aux soins lorsqu’ils sont prodigués dans la chambre du patient. Certaines infirmières d’expérience ont la chance de faire des soins plus spécialisés, par exemple l’hydrothérapie et les pansements des grands brûlés.

Au niveau des enseignements à faire au parents et aux patients, ils sont tout aussi variés que les chirurgies et même davantage puisqu’ils doivent souvent être adaptés aux particularités du patient. Comme les opérés ne restent pas longtemps à l’hôpital (1 à 3 jours la plupart du temps, sauf pour les brûlés, les traumatisés ou certaines chirurgies plus majeures), les enseignements aux parents doivent être clairs et justes afin d’éviter que des complications ne ramènent le petit patient à l’urgence quelques jours plus tard. Il faut donc s’assurer de maîtriser les caractéristiques de chacune des convalescences de manière à transmettre les bonnes informations.

Il s’agit définitivement d’un milieu où l’on peut être en apprentissage permanent ce qui constitue à mon avis le principal intérêt d’un milieu de travail. On ne s’y ennuie jamais en tout cas!

convocation à l’examen professionnel

Ça y’est! La date officielle de l’événement stresseur par excellence est connue. Ou plutôt les dates.  Je connaissais déjà la date de l’examen théorique, mais on dirait que de recevoir une lettre sur laquelle sont indiqués tous les détails me rappelle douloureusement que je n’ai pas vraiment étudié de l’été et que je ne serai vraisemblablement pas prête, en tout cas pas comme je le voudrais.  Mes deux prochaines fins de semaines étant occupées par des activités qui n’ont strictement rien à voir avec l’étude, disons qu’un sentiment d’urgence commence à poindre!

cepi en chirurgie

Voilà maintenant 11 jours que je suis CEPI pour de bon. La plupart du temps, seule avec 2, 3 ou 4 patients, parfois  en dyade avec une infirmière auxiliaire pour 6 patients.  Le nombre de patients assignés ne reflète pas à lui seul la somme de travail car un seul patient peut parfois être plus lourd que 4 autres. Par exemple, sur le département de chirurgie, des patients brûlés ou relevant d’une chirurgie pour corriger une scoliose demandent beaucoup de soins alors que pour certaines chirurgies les soins ne consistent qu’en une surveillance de base.

Le déroulement de la journée est assez similaire à ce que j’ai vécu en stage, à l’exception du rapport qui n’est pas donné oralement mais transmis via un formulaire « maison ».  Ainsi, il s’agit d’abord de relever les informations générales du patient via son kardex, soit 2 feuilles cartonnées indiquant les particularités au sujet de l’alimentation, du dosage, de la mobilisation, etc.  Une fois ces informations notées pour chacun des patients, on récupère sur une table au poste les documents nécessaires pour la journée: la feuille d’administration des médicaments (fadm), les notes infirmières et la feuille de rapport.  On lit les notes et le rapport pour avoir une idée de ce qui s’est passé pour ce patient dans les deux derniers quarts de travail. Puis, on consulte les dossiers des patients pour vérifier la concordance des ordonnances des huit dernières heures avec la fadm. Certaines infirmières vérifient l’historique complet des ordonnances pour les patients dont elles ont la charge pour la première fois, car des erreurs peuvent s’être glissées au cours des vérifications précédentes. Je ne me suis pas encore fait d’opinion sur cette façon de faire qui augmente de beaucoup le temps de préparation mais qui peut être justifiée si effectivement des erreurs sont trouvées.

Lorsque l’on travaille avec une infirmière auxiliaire, celle-ci effectue la première tournée auprès des patients et revient nous donner un rapport de la situation. Nous nous divisons alors le travail à faire selon les médicaments et les autres soins à administrer pour les prochaines heures. Si on travaille seul, il faut s’affairer à terminer en 15 minutes maximum la vérification des dossiers car la première tournée ne peut pas être faite passé 8 heures. Le cas échéant, on peut aller faire la 1e tournée et revenir ensuite terminer la vérification de nos dossiers.  Il faut un certain temps avant de mettre au point une méthode de travail efficace, et en ce qui me concerne, ce n’est pas encore tout à fait chose faite!  En fait,  il est rare qu’il n’y ait pas d’imprévu qui vienne remettre en question le plan de travail établi. Par exemple, si l’assistante décide à la dernière minute de changer l’attribution des patients, il faut jeter son plan et le recommencer avec les nouveaux patients qui nous ont été attribués.  En ce qui concerne les CEPI, nous devons ensuite faire contresigner tous nos fadm par l’assistante; celle-ci reprend donc tout le travail de vérification des ordonnances avec les dossiers, ce qui entraîne des délais supplémentaires avant que nous puissions entamer la distribution de la médication. Le mieux est d’aller faire la première tournée pendant que l’assistante vérifie les dossiers, pour ensuite s’occuper de la médication.

Toutes les administrations par intraveineuses doivent aussi être vérifiées par une autre infirmière, ce qui peut parfois ralentir aussi notre travail lorsque plusieurs antibiotiques doivent être administrés l’un à la suite de l’autre, par exemple, et que tout le monde est occupé ailleurs ou en dîner, et qu’on ne trouve personne pour nous vérifier.

Sinon, le travail de CEPI est assez comparable à celui des infirmières, c’est à dire courir partout toute la journée en essayant de ne pas prendre trop de retard et de ne pas oublier trop de choses!