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Une infirmière en grève pour 45 minutes

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Cette année, demain même en fait, sera la première fois que je ferai du piquetage pour un « front commun« , que je prendrai part à une grève de la fonction publique. Je me souviens très bien de la grève « illégale » des infirmières à l’été 1999 et surtout de ma stupéfaction lors de l’application de la loi 160 qui élimine ni plus ni moins le droit de grève pour les travailleurs de la santé, tout en restreignant le droit des grèves d’autres travailleurs via des restrictions au niveau des « services essentiels » devant être assurés. Des pénalités importantes sont alors validées en cour d’appel, renversant une décision antérieure de la cour supérieure, comme la perte d’une année d’ancienneté par jour de grève illégale, la cessation des retenues syndicales, la baisse des salaires (par exemple, chaque journée de grève coûte 2 jours de salaire).  Cette loi, ainsi que le conseil des services essentiels, existaient depuis plusieurs années, mais ce n’est qu’à vingt ans, lors de la grève illégale des infirmières, que j’en ai compris toute la portée et le danger. La loi 72, loi spéciale qui force le retour au travail des infirmières met fin à mes dernières illusions en matière de combat social!

Syndiquées avec la FSSS-CSN (et non pas la FIIQ), les infirmières de Ste-Justine participent donc à la grève tournante du Front commun, et « débrayeront » demain. Façon de parler, car les services essentiels doivent être assurés à 90% dans les hôpitaux spécialisés, et même à 100% dans les secteurs de soins critiques. L’ironie évidemment c’est que, même en dehors des grèves,  ces services essentiels ne sont souvent pas assurés, tellement que dans le passé une « grève des heures supplémentaires » des infirmières a déjà été déclarée illégale! Ainsi, à partir du quart de nuit prochain, les employées consulteront un horaire préparé par la partie syndicale et selon lequel elles doivent sortir, s’inscrire et faire du piquetage pendant 45 minutes avant de revenir prendre leur poste. Même si officiellement, personne ne doit nous remplacer pendant cette période, ce n’est évidemment pas réaliste. Comme la direction a refusé de faire travailler les cadres pour remplacer les grévistes et assurer les services aux patients,  il est clair que ce simple 45 minutes entraînera une surcharge importante de travail pour l’infirmière qui sort et ses collègues. Un moyen de pression qui ne met de la pression que sur la gréviste finalement, on aura tout vu!

Comme j’ai moi-même voté pour la grève, je sortirai tout de même avec entrain, ne serait-ce que pour manifester ma solidarité au Front commun,  mon attachement aux services publics de santé et d’éducation et mon opposition à leur démantèlement. Quant aux revendications précises concernant les infirmières, je fonde peu d’espoir de les voir se concrétiser, malheureusement pour les patients qui finissent toujours par faire les frais des conditions médiocres  dans lesquelles nous travaillons.

Travailler sur l’équipe volante

Cela fait maintenant 21 mois que j’ai obtenu un poste sur l’équipe volante. J’ai d’abord accepté le poste parce qu’il me permettait de travailler de jour et à temps partiel, deux conditions de travail importantes pour moi. Je ne connaissais pas le fonctionnement exact de l’équipe volante et cela ne m’a pas vraiment été expliqué, peut-être parce que j’avais travaillé à l’hôpital les deux étés précédents, ce qui laissait croire que j’étais en terrain connu. Je savais évidemment qu’il s’agissait de « voler » c’est à dire de travailler sur différents départements; mais je ne savais pas par exemple que notre assignation est connue le matin même, et même parfois lorsque le quart de travail est déjà entamé et qu’elle peut changer à chaque jour. Je ne savais même pas où se trouvait le bureau des assignations (communément appelé « le nursing » pour une raison qui m’échappe). J’ai  commencé par être assignée en chirurgie, le département où j’avais été cépi à l’été 2011 mais qui avait bien changé depuis, ainsi qu’en médecine pédiatrique, où j’avais travaillé comme infirmière à l’été 2012,  en médecine ado et en maladies infectieuses. J’ai été formée  pour le département de psychiatrie dès mon embauche, et j’ai ensuite demandé à être formée en mère-enfant, et depuis, j’y vais régulièrement.  Je vais aussi en chirurgie d’un jour, en multi-spécialités, et occasionnellement en hémato-onco où mes tâches sont cependant restreintes car je n’y suis pas spécifiquement formée.  Dernièrement, j’ai reçu la formation théorique et pratique qui me permettra d’aller travailler à l’unité des soins intermédiaires des soins intensifs, et j’attends de recevoir une formation complète pour les soins intensifs, dans les prochains mois. J’aimerais avoir l’opportunité d’être formée à l’urgence, mais avec la réorganisation qui s’opère actuellement, je ne sais pas si cela sera possible.

J’ai souvent l’occasion de discuter avec des collègues de différents départements au sujet des avantages et inconvénients d’occuper un poste sur l’équipe volante. Plusieurs croient qu’ils ne pourraient pas supporter le stress de ne jamais savoir d’un jour à l’autre où ils seront assignés. Il est vrai que j’apprends vers 7h00 où je travaillerai à 7h15 et ce délai peut paraître court si on est de nature anxieuse! Je ne nierai pas que les premiers mois ont été assez stressants, car il faut un certain temps avant d’être assez à l’aise sur tous les départements où nous sommes assignés.  Par ailleurs, il m’est arrivé de ne pas aller sur un département pendant des mois, pour y être tout à coup assignée un bon matin, ce qui m’a parfois déstabilisée. Il faut se donner le temps d’apprivoiser tous les secteurs, incluant le personnel et les tâches. Aussi surprenant que cela puisse paraître (ça l’est pour moi en tout cas),  les processus et documents ne sont pas standardisés au sein de l’hôpital. Cela rend la tâche un peu plus compliquée pour le personnel de l’équipe volante qui doit tenir compte des particularités de chacun des départements: ici on pratique des « soins globaux », ailleurs non; ici le formulaire de médicaments est informatisé, ailleurs non; ici le formulaire de médicaments n’est pas informatisé mais tout le reste du dossier l’est, ailleurs non; ici on fait la tournée avec les médecins, ailleurs non; ici on prend la température axillaire, ailleurs on la prend rectale en bas de tel âge, ici on ne la prend jamais rectale.  La première qualité de l’infirmière de l’équipe volante c’est évidemment la capacité d’adaptation!

Passé le stress des premiers mois, je ne vois que des avantages à travailler sur l’équipe volante. Sur le plan professionnel, cela nous permet d’être formés sur une multitude de départements, ce qui constitue vraiment l’atout majeur à mon avis. On est en apprentissage constant ce qui est très stimulant, et on se familiarise avec une grande variété de techniques, de pathologies, de clientèles (adultes, enfants, nouveaux-nés, adolescents), de spécialités et d’approches. En ce qui me concerne, c’est le remède idéal contre la monotonie. On doit régulièrement vérifier nos façons de faire, ne pas avoir peur de poser des questions et de demander de l’aide, ce qui nous permet de valider des informations et de choisir les meilleures pratiques, ainsi que d’en faire profiter nos collègues: je constate en effet que les infirmières de l’équipe volante peuvent être des vecteurs importants de connaissances à travers l’établissement (toujours avec tact et diplomatie!) et cette ressource me paraît ne pas être suffisamment utilisée. Le fait de n’avoir presque jamais les mêmes patients nous garde vigilants et alertes.  Bien entendu, on ne devient pas expérimenté aussi rapidement que si on passait tout notre temps sur le même département, mais notre expérience diversifiée nous permet de faire des liens plus généraux, d’appréhender les problématiques de manière plus globale (« big picture »!). On peut mettre en pratique partout dans l’hôpital l’expérience acquise sur les différents départements, ce qui fait de nous des infirmières versatiles. Contrairement à ce qui se fait par exemple aux États-Unis, les infirmières de l’équipe volante de mon établissement ne bénéficient pas d’avantages pécuniaires (primes ou salaire plus élevé) qui pourraient être des incitatifs pour les infirmières qui hésitent à prendre ces postes; toutefois, lorsque je travaille sur une unité où des primes existent (soins critiques, psychiatrie), j’obtiens la prime pour les heures travaillées.

Par ailleurs, sur le plan personnel, on développe beaucoup d’habiletés, notamment la confiance en soi et la communication. On est à l’aise plus rapidement partout dans l’hôpital, on connaît des gens sur tous les départements où on va, ce qui rend l’atmosphère confortable et agréable. On n’est pas impliqué dans les problématiques pointues des départements, que ce soit les conflits inter-personnels ou les fonctionnements problématiques. Les gens sont toujours contents de nous voir car ils ne nous voient pas souvent et on vient les aider, on est donc toujours bien accueillis et inversement on ne se fatigue pas de fréquenter constamment les mêmes personnes. On réussit plus facilement à se détacher de notre travail une fois la journée terminée, puisqu’on retourne rarement sur le même département deux jours de file (en ce qui me concerne), et on ne voit pas les mêmes patients jour après jour, ce qui nous aide à ne pas trop nous y attacher. Finalement, ce poste m’aura fait découvrir que je ne suis pas aussi éprise de routine que je l’ai toujours pensé (et que mon ancien travail me l’avait laissé croire!). Je reconnais qu’il y a un confort à toujours travailler au même endroit avec les mêmes personnes, mais je préfère de loin troquer ce confort contre tous les autres avantages qu’un poste sur l’équipe volante procure.

Comme un projet pilote est en cours dans l’hôpital, visant à optimiser les ressources en augmentant la « mobilité » des infirmières, je ne suis pas certaine de ce qui attend les infirmières de l’équipe volante. Peut-être souhaite-on avec cette « mobilité » du personnel  pouvoir éventuellement éliminer l’équipe volante (cela se voit ailleurs). Cela ne m’inquiète pas outre mesure car je suis confiante que l’expérience acquise me profitera quand le moment de faire d’autres choix se présentera.

 

cirrhose amérindienne infantile

Une des aspects les plus intéressants de mon nouveau métier (je devrais dire profession mais ça me gêne …) est le fait d’être en quelque sorte toujours en formation continue. Il ne se passe pas une journée de travail sans que je n’apprenne quelque chose de nouveau. Bien sûr, mon statut de novice y est pour quelque chose, mais je crois que même une infirmière d’expérience peut continuer à découvrir de nouvelles pathologies, de nouvelles techniques, une nouvelle façon de faire les choses, en fournissant un minimum d’effort. Le travail sur l’équipe volante favorise aussi cet apprentissage puisqu’on exerce dans une variété de milieux. Bien que je travaille toujours dans le même établissement, il y a des différences importantes entre les clientèles de Mère-enfant et de chirurgie par exemple.

Après avoir suivi les quatre jours de formation théorique à l’été 2013 (!), j’ai finalement obtenu trois journées de jumelage, il y a deux semaines, au département de Multi-spécialités et transplantation. J’y ai appris beaucoup de choses puisque c’est un département que je visitais pour la première fois et sur lequel sont admis des patients présentant une grande variété de problématiques: attente de greffe ou post-transplantation, chirurgies cardiaques, fibrose kystique, maladies inflammatoires de l’intestin, entre autres. J’y ai notamment appris l’existence de la cirrhose amérindienne infantile, une pathologie que je ne connaissais pas.

Contrairement à ce qu’on pourrait présumer, il ne s’agit pas d’une maladie hépatique transmise par une mère aux prises avec l’alcoolisme. C’est le gène Cirrhin qui provoque cette grave maladie du foie transmise par des couples amérindiens de porteurs sains une fois sur quatre. Ce sont des chercheurs de l’hôpital Ste-Justine, menés par Andrea Richter, qui ont identifié ce gène en 2003 après plus d’une trentaine d’années de travail. La maladie est très grave, et moins de la moitié des enfants atteints dans les années soixante-dix sont encore en vie aujourd’hui. Le Dr. Andrea Richter a mis au point un test de dépistage. « Ce test permet pour la première fois de distinguer les porteurs sains. Les couples appartenant aux communautés autochtones concernées pourront ainsi connaître leur risque d’avoir un enfant atteint de la maladie et recevoir une information génétique précise. Le test peut être subi en priorité par les femmes enceintes et les enfants susceptibles de souffrir de la maladie ». La transplantation hépatique est actuellement la seule solution thérapeutique.

En faisant mes recherches à ce sujet,  je suis tombée sur cette video produite par la corporation Wapikoni mobile, projet emballant s’il en est un, témoignage du combat de Reynald Papatie, atteint de la cirrhose amérindienne.

 

De pédiatrie et de sensiblerie

Cette semaine, j’ai travaillé au département de chirurgie d’un jour. Les patients arrivent avant leur chirurgie, nous les préparons puis les surveillons après la chirurgie jusqu’à ce qu’ils puissent quitter l’hôpital en tout sécurité. Il se font opérer en ophtalmologie, plastie, otorhynolaryngologie, gastrologie, orthopédie … toute une variété de spécialités sont représentées. Nous avons aussi des patientes adultes opérées en gynécologie et je trouve toujours intéressant de travailler avec ces femmes, car je dois ajuster ma pratique tant au niveau des soins que des enseignements.

Parfois lorsque je soigne des adultes je me remémore la remarque étrange que m’ont faite et me font encore plusieurs de mes amies et connaissances, parfois elles-mêmes infirmières: « je ne sais pas comment tu fais pour travailler en pédiatrie, je suis trop sensible, j’aime trop les enfants, je ne pourrais jamais faire ça ». Je ne suis pas certaine de comprendre le sens de ce commentaire. Ne confondrait-on pas « sensibilité » et « sensiblerie »? Me considère-t-on comme une sans-coeur parce que je n’ai aucune difficulté à soigner des enfants malades? Démontrerais-je davantage d’amour pour les enfants en ne les soignant pas parce que « ça me brise le coeur de les voir malades »?

Et d’une manière plus générale, je ne vois pas vraiment en quoi la maladie pédiatrique est plus triste que la maladie adulte. La douleur n’est pas plus vive ni la pathologie plus grave chez l’enfant que chez l’adulte. Par ailleurs, l’espoir et la joie habitent bien davantage les murs de Ste-Justine que ceux des hôpitaux pour adultes, et à tous les égards la pédiatrie est bien moins déprimante que la gériatrie. La plupart du temps, les enfants malades sont entourés, aimés, cajolés, bercés, traités avec délicatesse et compassion; il n’est pas rare que les parents nous disent à quel point ils ont trouvé le personnel souriant, attentionné et dévoué. La pédiatrie offre aux soignants un milieu de travail à l’ambiance exceptionnelle et aux patients un environnement de soins qu’ils ne retrouveraient (et ne retrouveront malheureusement) pas aux adultes. Oui, on peut travailler en pédiatrie même quand on est sensible et qu’on a du coeur. Mais on ne peut pas soigner les enfants sans authenticité, et c’est sans doute dans mon travail ce qui est le plus difficile, nous fragilisant oui, et nous consolidant, tout à la fois.

Coût de mes études au DEC-BAC en soins infirmiers

Bien avant que ne débute réellement mon aventure de retour aux études, j’avais élaboré un plan budgétaire pour me permettre d’abord d’avoir une idée des frais encourus puis de l’épargne nécessaire afin de ne pas avoir l’obligation de travailler en même temps que j’irais à l’école. J’ai donc mis des sous de côté pendant environ 2 ans avant mon entrée au cégep. Évidemment, si j’avais vécu seule, je n’aurais pas même pu envisager le luxe de ne pas avoir d’emploi à temps partiel pendant mes études.

En dépit du sérieux de ma démarche préparatoire, plusieurs imprévus ont surgi. Au niveau collégial, les frais reliés aux livres et au matériel m’ont passablement surprise! Pour la première session, ils se sont élevés à 798$, incluant non seulement les livres mais aussi l’immatriculation à l’Ordre, les souliers, les uniformes, le stéthoscope. Par ailleurs, j’ai acheté tout un lot de livres usagés à une fille qui avait abandonné le programme, ainsi que son stétho, ce qui m’a fait épargner une somme considérable quand je comparais avec mes camarades. Pour les sessions suivantes, les frais de livres et de cahier se sont un peu stabilisés, soit 431$, 371$ et 486$, puis ont diminué à 78$ et 94$ pour les deux dernières sessions, définitivement les moins chères!

Le tableau suivant, tiré du site internet du Cégep Maisonneuve, présente les coûts associés à la première année dans chaque programme d’étude, et vous noterez que Soins Infirmiers y figure très « avantageusement »: c’est LE programme le plus cher, mais bon, c’est probablement parce que c’est le plus payant!

Comme je n’avais aucunement prévu de poursuivre mes études à l’université lors du démarrage de mon projet, le montant relié au bac n’avait pas été comptabilisé. Les coûts m’ont paru élevés, notamment « grâce » aux nombreux frais afférents qui font grimper la facture. Comme tout est facturé au crédit (un cours équivalant habituellement à 3 crédits) et que nous avions des sessions de 6 ou 7 cours incluant les stages, j’ai dû débourser jusqu’à 1 832$ (4e session). Au niveau des livres et du matériel, j’ai allongé 1 158$ pour l’ensemble du programme, toujours en me procurant plusieurs livres usagés, donc environ la moitié du montant déboursé au niveau collégial.

Au total, mes études collégiales et universitaires, soit le programme DEC-BAC intégral, m’ont coûté 10 368$ en frais de scolarité et achats de livres, manuels et matériel.

Toutefois, cela n’inclut évidemment pas le manque à gagner pendant cette période où je n’ai pas travaillé. Comme je gagnais environ 26$/heure à mon ancien emploi, où je travaillais à temps plein, pour la période de 5 années passées à l’école cela fait quand même un bon montant! J’ai occupé des emplois d’été, la première année dans un bureau car je ne voulais pas travailler comme préposée (!), puis en tant qu’externe (2e été), cépi (3e été) et infirmière (entre les deux années du bac). J’ai eu recours au programme gouvernemental de prêts-bourses, où j’ai obtenu de bons montants de bourses, notamment au niveau universitaire. Je me suis donc endettée de 17 000$ environ, que je rembourse maintenant mensuellement (et tranquillement) depuis que j’ai terminé l’école. Le crédit d’impôt accordé pour le montant des intérêts payés sur un prêt étudiant enlève tout stress quant au remboursement de cette dette.

 

 

cégep scolarité session 1 115 $
livre & matériel session 1 798 $ 

 

scolarité session 2 115 $
livre & matériel session 2 

 

431 $ 

 

scolarité session 3 115 $
livre & matériel session 3 

 

371 $ 

 

scolarité session 4 115 $
livre & matériel session 4 

 

486 $ 

 

scolarité session 5 78 $
livre & matériel session 5 

 

798 $ 

 

scolarité session 6 115 $
livre & matériel session 6 94 $
total cégep 2948 $
     
université inscription 200 $
scolarité 1e session 1141 $
scolarité 2e session 1599 $
scolarité 3e session 1490 $
scolarité 4e session 1832 $
livre & manuels pour l’ensemble des 4 sessions 1158 $
total université 7420 $

 

 

Examen maison pour les postes de clinicienne

Il y a quelques mois, mes collègues infirmières françaises expatriées au Québec pour pratiquer leur profession ont enfin reçu la bonne nouvelle tant attendue: leur diplôme allait être reconnu équivalent au baccalauréat québécois et conséquemment, elles ont maintenant le statut d’infirmière clinicienne tout comme les infirmières québécoises ayant complété le baccalauréat en sciences infirmières.

 

Que leur apportera au juste cette reconnaissance? D’abord, dans la plupart des cas, une hausse salariale car l’infirmière clinicienne gagne (légèrement) plus que l’infirmière « technicienne », dans la plupart des établissements (mais pas tous).  Ensuite, elles pourront maintenant postuler sur les postes qui requièrent une clinicienne. Si elles travaillent à Ste-Justine, toutefois, elles devront également se soumettre à un examen « maison » sans la réussite duquel on ne peut pas postuler sur les postes de cliniciennes même lorsqu’on est titulaire du baccalauréat en sciences infirmières. Élaboré il y a quelques années, cet examen permettait  peut-être d’optimiser le recrutement alors que peu d’infirmières étaient détentrices d’un bac; l’attribution des postes étant basée sur une échelle de points attribués dans différents secteurs (entrevue, ancienneté, évaluation, examen), la réussite de l’examen octroie 25 points à la postulante.  Ainsi, une infirmière n’ayant pas terminé d’études universitaires peut néanmoins concourir et obtenir un poste de clinicienne, si elle compte suffisamment de points et qu’elle a réussi ledit examen.

Comme les temps changent et que de plus en plus d’infirmières détiennent un diplôme de premier cycle universitaire en sciences infirmières, je me questionne sur la pertinence de poursuivre la tenue de cet examen, qui doit d’ailleurs être repris (et réussi) tous les deux ans.  Je suis ambivalente face à l’obligation de refaire mes preuves après avoir complété avec succès mes études universitaires, qui plus est lors d’une épreuve « maison » dont la valeur ajoutée par rapport à mes épreuves universitaires ne me paraît pas évidente ni prouvée.  C’est aujourd’hui et demain que l’examen a lieu et j’ai décidé de passer mon tour pour cette fois-ci. J’ai besoin de poursuivre ma réflexion sur le sujet. Avec le temps, j’ai beaucoup soigné mon intransigeance mais il me reste une graine d’entêtement contestataire que je ne réussis pas toujours à contrer!

Payer pour travailler?

La semaine dernière, j’ai acquitté mon dû à l’Ordre des infirmiers et infirmières du Québec (OIIQ) afin de renouveler mon permis et ainsi conserver le droit de pratiquer ma profession. En effet, mon nouveau métier est aussi une profession et je suis conséquemment membre d’un ordre professionnel. On compte actuellement 46 ordres professionnels au Québec pour un total de 366 000 membres. Constitués selon le Code des professions, les ordres sont chargés de protéger le public qui utilise les différents services professionnels notamment en contrôlant la compétence et l’intégrité des membres et en réglementant et surveillant l’exercice de la profession.  Selon l’ex-présidente de notre ordre, Ghislaine Desrosiers, « Le statut de profession réglementée pour un groupe s’accompagne aussi de devoirs envers la population. Être un professionnel au Québec, cela a un prix! Cela a aussi une grande valeur! » Je n’ai pas encore découvert de quelle manière se traduisait cette « valeur » en ce qui me concerne, mais je vous reviens là-dessus sitôt que j’entrevois la réponse!

Je dois donc débourser 425$ cette année afin de conserver le privilège de travailler. Plusieurs de mes collègues trouvent ce montant exagéré compte tenu des services que nous recevons de l’Ordre: c’est là une confusion avec le rôle que joue (ou devrait jouer!) le syndicat. En ce qui me concerne, j’étais surtout curieuse de comparer notre cotisation avec celles des autres ordres professionnels par rapport aux salaires versés. En consultant la liste des ordres professionnels, j’ai découvert quelques ordres dont les membres font peut-être des salaires plus modestes que les infirmières, entre autres les infirmières auxiliaires, les technologues, les hygiénistes dentaires. J’ai ensuite trouvé cette fiche statistique de l’Office des professions qui détaille les cotisations et les revenus des différents ordres (à l’exception du Barreau, dont les informations ne sont pas disponibles). Ce sont les chiffres de l’année dernière, on voit donc que la cotisation de l’OIIQ est de 329$ (409$ incluant tous les frais) alors qu’elle est plutôt de 338$ (425$) cette année, mais cela donne quand même un ordre de grandeur avec les autres ordres.

Lorsque des infirmières ont signé une pétition pour protester, l’année dernière, contre la hausse de plus de 20% de la cotisation (passant de 268$ à 328$, excluant taxes et autres cossins),  la présidente de l’ordre a fourni des explications quant aux raisons de cette hausse et affirmé que le montant demeurait tout de même parmi les plus bas des ordres professionnels. Cela semble être la vérité, en calcul absolu.  Mais il faut dire aussi que les infirmières ne font pas les mêmes salaires que les architectes, les notaires, les avocats, les psychologues, les chiropraticiens, les dentistes, les ingénieurs, les médecins, les vétérinaires, les optométristes, les physiothérapeute.

Formation en post-partum, au département mère-enfant: impressions

C’est la semaine dernière que j’ai eu ma première occasion d’aller travailler (1 journée!) en post-partum au département mère-enfant, après y avoir complété une formation théorique (trop courte!) de 4 jours et un jumelage de 10 jours.

Peut-être suis-je si avide de savoir que je trouve toujours les formations théoriques trop courtes, mais il m’a semblé qu’il y avait beaucoup de choses à apprendre et à maîtriser et nous ne sommes pas parvenus dans les délais alloués à faire le tour, pas comme je l’aurais voulu à tout le moins. J’ai fait plusieurs lectures personnelles à la maison pour approfondir certains sujets, mais il faut du temps pour pouvoir ce faire, ce qui n’est pas le cas de la plupart des infirmières avec qui je travaille. Par ailleurs, je suis un peu tiraillée entre mon envie d’en connaître plus et la pertinence d’aller plus loin dans un contexte où j’irai travailler sur ce département de manière ponctuelle (je n’y suis allée qu’une journée jusqu’à présent); il n’est probablement pas nécessaire que je sois au fait de chaque détail de chacune des pathologies pour effectuer mon travail, mais je crois que les connaissances acquises s’imbriquent les unes dans les autres et seront utiles de manière globale partout où j’irai travailler.  Dans le cas de la formation en post-partum, toutes les notions liées à l’allaitement, au lien d’attachement et à l’examen et aux soins du nouveau-né sont très utiles sur les autres départements où je travaille déjà, notamment en médecine pédiatrique où nous recevons souvent des nourrissons, particulièrement ces temps-ci, affectés de bronchiolites ou de gastroentérites sévères, entraînant dénutrition et déshydratation. Pouvoir aider les mères à poursuivre leur allaitement dans ces conditions difficiles, renforcer les enseignements faits aux parents lors de leur congé du post-partum, comprendre et pouvoir expliquer les problématiques auxquelles le nouveau-né peut être exposé (ictère, hypoglycémie, etc.), tout cela enrichit mon expérience et me permet assurément  d’effectuer un meilleur travail.

Ce travail en post-partum est assez différent de celui que j’effectue sur d’autres unités, notamment en chirurgie et en médecine. Les nouveaux-nés sont habituellement stables et en bonne santé faute de quoi la cohabitation dans la chambre avec les parents ne serait pas autorisée: ils ne requièrent donc que peu de soins, à part la prise de signes vitaux, l’examen clinique de base et la surveillance usuelle.  La plupart du temps aussi les parents sont ravis, même s’ils sont fatigués, et cela crée une ambiance plus agréable et moins angoissante qu’ailleurs où les bébés sont malades et les parents inquiets et stressés.  La mère doit être examinée régulièrement pour s’assurer que le post-partum se passe normalement et éviter les complications (hémorragie, infections … ); dans la plupart des cas, encore une fois, tout se passe bien et elle peut gérer elle-même sa médication et ses soins personnels. Les soins aux adultes, auxquels je n’étais plus habituée, sont passablement simplifiés par la collaboration de la patiente: les soins (signes vitaux, ponctions veineuses, auscultation) s’effectuent en un temps record (comparativement à la pédiatrie!) et la patiente peut même nous informer elle-même de l’évolution de ses signes et symptômes (douleur, saignements, élimination, etc.) ce qui facilite aussi la tâche du soignant. Bien que je préfère quand même le travail en pédiatrie, je suis obligée d’admettre que ce sont là des avantages dont je n’avais pas tenu compte!

Le gros du travail consiste donc pour l’infirmière à prodiguer des enseignements jugés essentiels aux parents avant le congé qui survient 48h après un accouchement « naturel », 72h après une césarienne, donc quand même assez rapidement. Il faut faire le tour de plusieurs questions, notamment les soins à administrer au bébé (bain, changements de couche, manoeuvres d’urgence), l’allaitement (on peut passer près d’une heure avec une maman pour l’aider à débuter l’allaitement du bon pied) et/ou le biberon, les notions comme la fièvre, l’ictère, le bébé secoué, la reprise de la sexualité et la contraception,  les exercices post-partum. On passe beaucoup de temps dans la chambre à parler avec les parents qui parfois sont bien préparés, d’autres fois non, qui ont des questions, des craintes, des angoisses, des insécurités, qui ont besoin de parler.

C’est un travail moins technique, qui se situe davantage au niveau du savoir-être que du savoir-faire, mais je suis d’avis qu’il faut néanmoins bien maîtriser les notions théoriques car il faut avoir réponse aux questions des parents et pouvoir leur donner des explications vulgarisées mais claires et exactes. La promotion de la santé et la prévention sont très intégrées aux tâches à exécuter sur ce département, ce qui me donne l’impression de pratiquer ma profession de manière plus globale et plus complète. Toutefois, comme ailleurs  dans l’hôpital, la charge de travail est lourde avec une grande quantité de paperasse à compléter, ce qui nous laisse parfois en fin de journée avec l’impression de ne pas avoir pu consacrer à tous le temps qu’il aurait fallu. Avec parfois 6 familles (mère-bébé) à s’occuper, l’infirmière en post-partum ne chôme certainement pas lorsque tout va  bien, et s’il survient un imprévu dans une chambre (un bébé ou une mère qui va moins bien et pour qui il faut prendre des mesures particulières ou appliquer des soins extraordinaires) ce sont toutes les autres familles qui sont pénalisées car il ne sera pas possible de leur consacrer autant de temps que prévu.

Comme sur tous les autres départements où je suis allée travailler, j’ai vraiment été bien accueillie, tout le monde est patient et compréhensif à mon endroit, les gens répondent à mes questions avec gentillesse et m’offrent spontanément leur aide.  Lors de ma première journée seule, tout le monde m’a saluée avec entrain comme content de me revoir, ça donne du courage pour démarrer la journée quand on est un peu stressée par la nouvelle tâche!  Il n’y a pas beaucoup de demande actuellement pour du personnel de l’équipe volante en post-partum, mais j’espère vraiment avoir la chance d’y retourner régulièrement, pour parfaire ma pratique et profiter de l’ambiance agréable qui y règne.

La formation sur l’équipe volante

Le travail sur l’équipe volante présente plusieurs avantages et aspects intéressants, notamment en matière d’expérience et de formation. Depuis mon embauche, mi-juillet 2013, j’ai eu l’occasion de travailler sur sept départements différents.  Je ne sais pas comment cela fonctionne pour les autres infirmières, mais j’ai vraiment l’impression d’être en charge de mon développement et d’obtenir le soutien pour ce faire. Ainsi, une journée alors que  j’étais en « surplus » (quand personne n’a besoin d’une volante dans l’hôpital), j’ai demandé à aller faire de l’observation au département mère-enfant, où je n’avais jamais mis les pieds. Comme l’expérience m’a beaucoup plu, j’ai manifesté de l’intérêt pour y être formée et orientée. Une formation débutait quelques jours plus tard, j’y ai été « greffée »: quatre jours de formation théorique et dix jours de jumelage avec une autre infirmière. Le tout s’est étendu sur quatre semaines, puisque je travaille 7 jours sur 14.

les documents de la formation en post-partum, à mère-enfant.

Même si c’est très stressant (pour moi en tout cas!), j’adore être en formation et en jumelage. J’aime apprendre de nouvelles choses, pratiquer de nouvelles techniques, prodiguer de nouveaux enseignements. Mes nouvelles connaissances me permettent de faire de nouveaux liens, d’avoir une compréhension plus large et systémique des pathologies présentées par les patients sur les autres unités, d’acquérir de nouvelles compétences qui pourront être mises à profit ailleurs.  J’aime aussi rencontrer de nouvelles personnes, étendre mon « réseau » comme on dit aujourd’hui. J’ai été tellement bien accueillie que je retournerai avec plaisir travailler sur cette unité.

Cela demande évidemment un effort supplémentaire par rapport au travail habituel, car il faut faire quelques lectures et recherches à la maison, et on travaille toute la journée les sourcils froncés pour tâcher d’assimiler toutes ces nouvelles informations et d’accomplir toutes ces nouvelles tâches convenablement et dans un temps assez court quand même. La tâche est d’ailleurs passablement lourde sur ce département, contrairement à ce que les gens en pensent ailleurs dans l’hôpital. Mais je me rends compte que rien ne me stimule autant que l’apprentissage, on dirait que cela m’éveille et m’affûte. Je ne sais pas dans quelle mesure je pourrai suivre de nouvelles formations dans les mois à venir, mais j’ai déjà quelques idées de départements qui m’intéressent et pour lesquels je vais signaler mon intérêt en début d’année, pour y aller d’abord en observation puis tâter le terrain au sujet des possibilités d’y être formée.

Fin de probation et obtention de l’uniforme!

Il y a déjà plus de quatre mois que j’ai débuté mon emploi d’infirmière sur l’équipe volante au CHU Ste-Justine. Ma probation terminée, j’ai pu obtenir le « superbe » uniforme que je dois porter afin d’être bien identifiée à travers l’hôpital. D’une couleur bizarre (bleu royal …?!) et beaucoup moins confortable que mes uniformes personnels (on espère qu’il deviendra moins raide avec les lavages …), son seul avantage est que les gens n’auront plus à scruter ma carte d’identité pour savoir ce que je fais comme travail: tous les titres d’emploi sont représentés par une couleur, bleu royal pour les infirmières, vert pomme pour les auxiliaires, mauve pour les préposés, rouge (!) pour les inhalothérapeutes, etc. Lors de ma formation en soins, nous avons appris qu’une des raisons de l’uniforme blanc ou pastel était de permettre le repérage facile et rapide des taches­. C’est aussi ce qui est inscrit dans la Prise de position de l’OIIQ au sujet de la tenue vestimentaire. Le bleu royal de mon uniforme à Ste-Justine ne présente sûrement pas cet avantage.  Par ailleurs, beaucoup d’autres éléments de ce document ne sont pas respectés en réalité dans les milieux de travail, notamment en ce qui concerne le port proscrit des bijoux et des faux ongles, les cheveux longs qui devraient être attachés et les souliers qui doivent être antidérapants et à bouts fermés.  La coupe de l’uniforme est très étrange: le haut pour les femmes est en cache-coeur, avec un cordon qui s’attache en faisant une boucle à l’arrière et dont l’excédent pend donc. Disons que cette petite coupe cintrée ne convient pas à tous les formats! J’ai quant à moi choisi de porter le haut d’uniforme pour les hommes dans lequel je suis plus à l’aise.

Je suis quand même assez d’accord avec le principe du code de couleur pour les corps de métier, cela permet aux patients et à leurs familles de communiquer plus facilement et plus efficacement avec le personnel, et même entre les employés cela simplifie le travail, et c’est encore plus vrai dans mon cas, sur l’équipe volante, alors que je ne connais pas tout le monde sur tous les départements!  Disons que si la coupe et la qualité du tissu étaient améliorées, je ne trouverais rien à redire sur le sujet!

photo extraite du numéro d'octobre 2011 de la revue "Interblocs" du Chu Ste-Justine