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De pédiatrie et de sensiblerie

Cette semaine, j’ai travaillé au département de chirurgie d’un jour. Les patients arrivent avant leur chirurgie, nous les préparons puis les surveillons après la chirurgie jusqu’à ce qu’ils puissent quitter l’hôpital en tout sécurité. Il se font opérer en ophtalmologie, plastie, otorhynolaryngologie, gastrologie, orthopédie … toute une variété de spécialités sont représentées. Nous avons aussi des patientes adultes opérées en gynécologie et je trouve toujours intéressant de travailler avec ces femmes, car je dois ajuster ma pratique tant au niveau des soins que des enseignements.

Parfois lorsque je soigne des adultes je me remémore la remarque étrange que m’ont faite et me font encore plusieurs de mes amies et connaissances, parfois elles-mêmes infirmières: « je ne sais pas comment tu fais pour travailler en pédiatrie, je suis trop sensible, j’aime trop les enfants, je ne pourrais jamais faire ça ». Je ne suis pas certaine de comprendre le sens de ce commentaire. Ne confondrait-on pas « sensibilité » et « sensiblerie »? Me considère-t-on comme une sans-coeur parce que je n’ai aucune difficulté à soigner des enfants malades? Démontrerais-je davantage d’amour pour les enfants en ne les soignant pas parce que « ça me brise le coeur de les voir malades »?

Et d’une manière plus générale, je ne vois pas vraiment en quoi la maladie pédiatrique est plus triste que la maladie adulte. La douleur n’est pas plus vive ni la pathologie plus grave chez l’enfant que chez l’adulte. Par ailleurs, l’espoir et la joie habitent bien davantage les murs de Ste-Justine que ceux des hôpitaux pour adultes, et à tous les égards la pédiatrie est bien moins déprimante que la gériatrie. La plupart du temps, les enfants malades sont entourés, aimés, cajolés, bercés, traités avec délicatesse et compassion; il n’est pas rare que les parents nous disent à quel point ils ont trouvé le personnel souriant, attentionné et dévoué. La pédiatrie offre aux soignants un milieu de travail à l’ambiance exceptionnelle et aux patients un environnement de soins qu’ils ne retrouveraient (et ne retrouveront malheureusement) pas aux adultes. Oui, on peut travailler en pédiatrie même quand on est sensible et qu’on a du coeur. Mais on ne peut pas soigner les enfants sans authenticité, et c’est sans doute dans mon travail ce qui est le plus difficile, nous fragilisant oui, et nous consolidant, tout à la fois.

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