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10 avril: enfin la lettre

convocation par lAPI

convocation par l'API

J’ai bel et bien reçu la lettre du cégep maisonneuve. On m’invitait à prendre rendez-vous avec l’API, en m’inscrivant à omnivox, le genre d’intranet pour les étudiants du cegep. Comme on m’a redonné le même numéro d’étudiant qu’au moment où j’ai fréquenté le collège la première fois, en accédant à mon dossier j’ai vu tous mes résultats obtenus lors de ce premier passage … pas tellement glorieux! En fait, tous les cours que j’ai terminés l’ont été avec d’excellentes notes; par contre il y a un bon lot de cours échoués avec des notes 10 et de 22, c’est à dire que j’ai tout simplement cessé de les fréquenter sans jamais me donner la peine de les abandonner …j’étais si insouciante ..je ne le regrette pas d’ailleurs, c’était du bon temps et cela ne m’a causé aucun souci par la suite, j’avais donc raison de prendre tout cela à la légère.

Il faut dire que je ne suis pas convaincue, encore moins aujourd’hui, de l’utilité des années de cégep …. j’avais l’impression de perdre mon temps, et c’était le cas, académiquement en tout cas. Même si elles ont été le lieu de bien d’autres types d’apprentissages pour moi, je peux dire que mes années de cégep n’ont laissé aucun souvenir marquant dans ma tête. Contrairement à mes (nombreuses!) années d’études universitaires, que j’ai adorées de la première à la dernière minute.

Je suis encore un peu stressée …et si l’api m’annonçait une mauvaise nouvelle? ils se sont trompés, je ne suis pas acceptée, je dois refaire tous les cours obligatoires, je n’ai pas les préablables, que sais-je!?!? Sur le forum des étudiants, je me suis informée du calendrier scolaire …. est-il le même pour tous les étudiants, on me répond que oui. Je débuterais donc le 25 août.

J’ai hâte. Hâte d’annoncer à mes patrons que je quitte mon emploi. Comme une manière d’afficher mon indépendance, j’adore ce feeling d’être libre de mes actes, de n’en faire qu’à ma tête, de ne pas être attachée à l’argent, de me forcer même à ne pas l’être. J’ai hâte de commencer les cours, même si j’ai aussi quelques appréhensions, hâte d’apprendre de nouvelles choses, un métier, d’avoir des qualifications, d’être assise dans une salle de classe, qui est certainement un des endroits où je me sente le mieux au monde!!

3 avril: ça y’est!

Ce matin je me suis levée et je suis allée directement à l’ordinateur, sur le site du sram : le candidat est admis à certaines conditions spéciales définies par le collège!! Probablement le cours de chimie, peut-être autre chose que je découvrirai avec les documents d’inscription que je suis sensée recevoir par la poste mais je suis admise!!!! ça y’est! mon projet prend vie!

Quand même, tant que je n’aurai pas eu la lettre du cégep, avec les conditions détaillées, et que je ne serai pas officiellement inscrite, je n’y croirai pas ….c’est fou, mon angoisse n’a pas diminué tant que ça finalement en voyant la nouvelle ce matin. Comme mon chum m’a dit : tu vas pouvoir passer à la prochaine angoisse maintenant!

Ce matin au bureau, tout le monde me félicitait … je crois qu’ils sont quand même encore sceptiques, les gens ne croient peut-être pas que je quitterai un travail qui paie 52 000$ par année pour aller crever de faim au cégep puis travailler comme une folle pour 30 000$!! Peut-être qu’ils ne sont pas sceptiques mais qu’ils me trouvent folle! Moi aussi, dans un sens, je trouve ça fou, mais il faut plonger. Je sais que c’est une décision qui s’est prise après de longues réflexions, ce n’est pas un coup de tête, alors je n’ai pas de crainte, c’est la bonne décision.

Quand je serai inscrite, je pourrai cesser de penser à cela jusqu’à ce que je sois revenue de voyage.

C’est fou parce qu’au bout du compte, je pense que j’étais faite pour un travail intellectuel .. j’aurais voulu être écrivain, philosophe, journaliste, penseur, essayiste, professeur ….. mais ce ne sont pas des possibilités réalistes par les temps qui courent et ce ne sont même plus des professions valorisantes …. les enseignants sont devenus des préfets de discipline et les journaliste des rapporteurs-infopubistes cheaps … et tout à coup, je me rends compte que je ferai peut-être un métier physique, un métier manuel en fait, et ça me plaît. Je vais être dans l’action plutôt que dans ma tête et je pense que ce sera bon pour moi. Peut-être qu’un travail physique et prenant me soulagera un peu de l’hyperactivité cérébrale qui m’affige, en me tenant plus occupée.

17 mars: « tout arrive à qui sait attendre » ….

J’ai visité le site du SRAM, on y dit que les réponses devraient être reçues vers le 3 avril. hiiiii! ça augmente encore plus mon stress, comme toujours dans ces situations, mon sentiment est ambigu : je n’ai pas hâte de recevoir ma réponse car je crains un refus, mais en même temps évidemment j’ai hâte de la recevoir pour en finir … ou pas, si je dois aller au 2e tour. C’est sûr qu’un refus au 1er tour ne serait pas catastrophique, je ferai une demande au 2e tour et ce serait bien correct aussi …. sauf que mes chances seraient certainement diminuées comme au vieux-montréal ils auront déjà accepté des gens au 1er tour, peut-être même qu’ils seront complets, quelle angoisse!!!!!

Mon chum me dit que de toute façon, si je suis admise (SJSA comme je le dis maintenant!), je serai angoissée quand même par mon nouveau départ, ma nouvelle vie, mes cours, l’argent ou quelqu’autre sujet que ce soit, puisque je cherche toujours de nouveaux sujets d’angoisse!! ce qui est évidemment totalement faux ….

Mais effectivement je ne peux pas nier que ce genre de projet développe une bonne dose d’angoisses en tous genres. J’avais peu songé, au début de ma réflexion, au fait que je ne pouvais être certaine d’être admise et qu’en soi, pouvoir débuter mon projet serait la toute première des incertitudes …et peut-être la pire. Je voudrais débuter une nouvelle vie mais j’ai besoin de l’assentiment de quelqu’un d’autre.

Tout le monde persiste à me dire que je vais être acceptée puisqu’on manque d’infirmières!! malheureusement, ce n’est pas ce genre de raisonnement qui tient lieu de critère de sélection au cégep!

Je devrais donc avoir une réponse d’ici heu ….. 2 semaines, ouff!! ça passe vite finalement!

Comme je pars en voyage le 10 mai, je dois commencer mes préparatifs :choix d’un itinéraire, demande de visa, etc, tout cela distrait un peu mes pensées de la lettre du cégep à laquelle mon avenir semble suspendu pour l’instant. Ce sera probablement notre dernier voyage pour au moins 2 ans, peut-être trois, SJSA (!), le temps que je retravaille. Je pense qu’on pourrait peut-être tuer le temps pendant ces années en préparant un plus long voyage, de 6 mois disons, en Asie ou en Amérique du sud …… et puis les études ne nous empêcherons pas de faire du kayak, du vélo, de la marche …..

Les gens me demandent quand je quitterai mon travail …. je ne veux pas penser à ces choses, car ce serait du temps perdu si je ne suis pas admise pour commencer. Je ne veux pas commencer à me réjouir en vain du moment où j’appellerai mon patron pour lui dire que je ne viendrai plus au boulot, même si sa job est payante. L’un des aspects que j’aime dans cette démarche est de tourner le dos à un travail assez payant pour me diriger vers autre chose. J’aime me prouver à moi-même que je suis encore indépendante et que je suis la seule qui mène ma vie.

5 mars: sur les nerfs …..

Ça y’est, la date limite pour les demandes au sram est passée et il ne me reste plus qu’à attendre. J’ai envoyé mes relevés de notes universitaires et mon certificat de naissance qui m’ont été demandés par la suite. Mon dossier semble complet. La réponse peut arriver n’importe quand, il semble qu’on puisse être répondu jusqu’à la mi-avril, ce qui me laisse encore pas mal de temps pour me mettre sur les nerfs.

15 février: les dés sont lancés!

Et bien, les dés sont lancés. J’ai envoyé ma demande d’admission au SRAM pour la technique de soins infirmiers au Cégep de Maisonneuve. J’y ai joint une lettre de motivation et les relevés de notes finaux des quatre programmes universitaires que j’ai suivis. J’espère que mes bons résultats obtenus à l’université plaideront en ma faveur …. il paraît qu’ils gardent des places pour les étudiants adultes …. Si je suis admise à ce tour, je recevrai ma réponse directement du cégep Maisonneuve, vers la mi-avril, écrit-on sur le site du SRAM. C’est vraiment ce que je souhaite et ce qui me rend très nerveuse. Si je ne suis pas admise au premier tour, je ferai une demande au 2e tour au cégep du Vieux-Montréal, mais Maisonneuve est mon premier choix, d’abord parce que c’est à 10min de chez moi en vélo, aussi parce que je l’ai déjà fréquenté, et puis parce que c’est un cégep dont la qualité du programme est assez reconnue. Ce serait fantastique de passer dès le premier tour, car je pourrais tout de suite commencer à penser à ce qui m’attend, sans restriction. Pour le moment, je n’ose pas trop me projeter dans le futur, car il y a toujours la condition d’être admise qui n’est pas encore remplie et c’est la condition sine qua non quand même! J’ai hâte de pouvoir commencer à lire de la documentation sur le programme, des sites internet et des livres de bio, de savoir à quelle date je commencerai mes cours, je quitterai mon travail …. mais pour l’instant, j’essaie de ne pas penser à toutes ces choses tant que je n’ai pas obtenu ma réponse.

Et j’essaie aussi de consacrer plutôt mes pensées au cours de chimie que je dois terminer. J’ai obtenu 100% à l’examen du premier des trois cours. Il s’agissait en fait de deux examens, un théorique et un « pratique », mais pratique-théorique, genre de lab sans manipulation, en proportion de 80% pour le théorique et 20% pour le pratique. Je suis un peu étonnée du résultat, quoique j’avais beaucoup étudié, peut-être plus qu’il ne le faut pour un examen du niveau secondaire …mais comme je n’avais jamais obtenu de bons résultats en chimie en secondaire 4, disons que j’ai mis les bouchées doubles! Je suis très fière du résultat qui me prouve au moins que je sais toujours étudier de façon efficace! Et aussi qui m’encourage pour la suite de ce cours. J’ai entamé la deuxième partie, ce sera plus costaud au niveau laboratoire, car la portion pratique de l’examen final s’effectuera en lab comme tel, avec manipulations et tout le kit et pour l’instant, depuis le début des cours, je me suis contentée de lire les lab sans les effectuer! La portion pratique vaudra 25% du final pour ce cours ci et passera à 30% pour le troisième cours. Je dois me résigner à aller pratiquer au lab de l’école où je suis inscrite les mercredis soirs … je n’y suis pas encore allée, j’ai accumulé 3 lab de retard déjà! J’aimerais passer l’examen final du deuxième cours pour la fin février mais ça commence à être un peu serré ….. ce serait idéal, avec l’examen final du 3e cours au plus tard fin avril pour me débrasser de tout ça avant mon départ en voyage!

Voici la lettre de motivation que j’ai jointe à ma demande d’admission.

10 janvier: sept mois plus tard ….

Me voilà sept mois plus tard …..

Après la séance d’information, j’ai beaucoup réfléchi. Je me suis rendue compte que je ne supporterais pas de passer toutes mes soirées à l’école pendant deux années complètes. Le programme intensif ne laisse aucun répit : c’est 3 sessions par année, avec une ou deux semaine de congé entre chacune, et il y a cours tous les jours, de 15h00 à 22h30 environ. Au bout du compte, c’est le même temps, 6 sessions, mais sur 2 ans, ce qui peut devenir essoufflant. Et comme c’est le soir, cela signifie que je ne verrai plus mon chum ou quasiment plus pendant toute cette période.

J’en viens à la conclusion qu’il n’y a aucune nécessité pour moi de faire le programme le plus rapidement possible. J’ai donc décidé de tenter ma chance au régulier. Cela signifie qu’au lieu de débuter en janvier 2008, on parle de septembre 2008, car les techniques au cégep régulier débutent toutes à l’automne. Ainsi, il me faut faire une demande via le site internet du sram, à partir du 15 janvier, au plus tard le 1er mars. La fin de mes études est donc deux fois repoussée, puisque je commencerai plus tard, et finirai un an plus tard. Par contre, les sessions seront « allégées » puisque mes cours obligatoires sont déjà faits depuis belle lurette, et j’aurai les étés pour travailler ou aller en voyage ou les deux. Tout cela me convient mieux.

Par ailleurs, je n’ai pas avancé le cours de chimie très rapidement cet été, comme prévu, en raison de mes activités estivales qui prennent toutes mes fins de semaine, puis de mon voyage au Népal qui a pris tout le mois de novembre. J’ai passé l’examen de la première partie du cours le 8 janvier, j’attends les résultats qui devraient m’arriver d’ici deux semaines par la poste. C’est à ce moment que je vais mieux me situer par rapport à ce cours.

6 juin: déception

Séance d’information qui m’a un peu refroidie. On y a beaucoup mis l’accent sur la difficulté du programme : cours de 15h à 22h, 5 jours semaines, stage de jour ou de soir en plus, difficulté des cours de biologie, test de calcul à toutes les sessions, processus d’admission très sévère surtout : il me faut compléter le cours préalable auquel je me suis déjà inscrite, puis avec ma demande d’admission fournir un cv & une lettre de motivation, réussir l’examen de maths,de français et d’anglais tout cela pour être appelée en entrevue….. ils prennent 36 candidats sur une centaine de demandes d’admission …c’est peu. Je n’estime pas mes chances très élevées ni très mauvaises …moyennes, je dirais. Les critères de sélection en entrevue peuvent m’avantager : on y évalue la capacité de réussite scolaire des candidats; je n’aurai pas à travailler, je n’ai pas d’enfant, je suis très motivée, j’ai fait des études universitaires, j’aime étudier …mais est-ce que tout cela sera suffisant? impossible de le savoir, bien sûr. Je dois faire ce qu’il faut pour me rendre à tout le moins à l’entrevue, puis mon sort ne sera plus entre mes mains … d’excellents candidats ne sont pas retenus tous les ans, alors il se peut fort bien que je sois de ceux là, d’autant plus que je n’ai pas LA meilleure candidature, certains ont certainement déjà de l’expérience dans le réseau de la santé, etc. Disons que la séance a été dure pour le moral car je vois que la partie n’est pas du tout gagnée. Il me restera l’option d’un autre cégep si je ne suis pas admise à maisonneuve, mais le processus y est le même, beaucoup d’appelés, peu d’élus …. Je commence à penser à un plan B si je ne suis admise à aucun des deux cégeps ….

Reste à réussir l’examen et les entrevues d’admission. Je suis déjà angoissée par l’examen : maths, français et anglais sont au menu. Moi qui n’aie pas fait de math depuis le secondaire 5, disons que je suis un peu inquiète, c’est le moins qu’on puisse dire. Je me suis informée à quelques reprises aux personnes-ressources du programme : on me dit de ne pas m’en faire, 85% des gens réussissent l’examen, les maths consistent davantage en exercices de logique, pas d’algèbre ou de trigo, évidemment …. on verra.

30 mai: première embûche

Une semaine avant la séance d’information obligatoire pour l’admission, je « découvre » qu’en fait il me manque le cours de chimie de secondaire 5 pour remplir les conditions d’admission!! Je m’inscris au cours chimie 534 en formation à distance au centre de formation Champagnat et je commence vaillamment la lecture du chapitre 1 …. ce ne sera pas facile. Si je l’avais su plus tôt, il serait déjà fini, par contre si je l’avais su plus tôt, je me serais probablement dit que ce n’était pas possible et je n’aurais rien entrepris de tout ça. Au pied du mur, à quelques jours d’avis, advienne que pourra, je décide de suivre le cours!! Théoriquement, d’après ce que je lis sur le site internet du collège, le cours doit être réussi avant la demande d’admission …. ce ne sera pas possible dans mon cas, puisque je veux faire ma demande d’admission maintenant pour me permettre de partir en voyage, un dernier pour quelques années, en novembre, mois pendant lequel les admissions pour la session d’hiver ont lieu. On m’a dit que je pouvais passer à travers le processus maintenant pour la session d’hiver, mais le cours de chimie ne sera pas terminé en temps, ça c’est sûr. On parle d’une moyenne de 150 heures de travail pour réussir ce cours, et 3 examens, disons que je suis pas sortie du bois, surtout que la chimie n’a jamais été mon fort….

J’aurai plus de détails à la séance d’information ce soir, le 5 juin ….le temps file, il y a quelques mois cette première échéance m’apparaissait tellement loin …. La séance même me stresse : que vais-je y découvrir encore comme embûche sur mon parcours?

avant-propos

Il y a plus de 10 ans que je travaille chez Bell Canada. J’y suis bien payée surtout en comparaison de l’effort que je fournis car le travail que j’y effectue est nettement en-dessous de mes capacités. Je ne dis pas cela pour me vanter, la moitié de mes collègues sont dans la même situation. C’est un mal généralisé que celui des emplois par défaut, quand on a étudié longtemps pour toutes sortes d’excellentes raisons et qu’au bout du compte on s’aperçoit qu’on ne pourra pas occuper un emploi relié à nos études.

Personnellement, j’aurais voulu enseigner, enseigner l’histoire ou le français. J’avais en tête une idée très romantique de l’enseignement, renforcée par le fait que j’ai étudié dans un collège privé à une époque où les défis posés par l’enseignement relevaient davantage de l’académique que du disciplinaire. Or, pendant mes études universitaires, j’ai connu des gens qui débutaient en enseignement, et d’autres qui étaient déjà professeurs depuis quelques années ….désillusion totale. Liste de rappel, charge de cours, temps partiel, conditions précaires …. classes hors de contrôle, responsabilité de groupes en « cheminement particulier » sans avoir reçu la formation adéquate, aucun soutien de la direction qui ne veut affronter ni les parents ni les étudiants ……. J’ai vu le désarroi dans les yeux de mes amis qui avaient été appelés pour enseigner une matière qu’ils n’avaient jamais étudiée et qui ne les intéressait pas : enseignement religieux, morale, ou pour faire du remplacement, et quand à la mi-août et ils attendaient toujours l’appel qui leur annoncerait une charge de cours pour la session qui vient, avec quelques jours seulement pour se préparer…… Ils m’ont raconté leurs péripéties avec leurs étudiants au secondaire, qui sont rois et maîtres dans la classe, à qui on ne peut jamais déplaire, qu’on ne peut jamais pénaliser, critiquer, de qui on doit endurer toutes les insultes et tous les sarcasmes. Des élèves démotivés, fatigués, plus intéressés par leurs travail à temps partiel que par quoique ce soit à l’école, des histoires de fouilles de casiers, de cellulaires qui sonnent constamment en classe, d’écouteurs toujours sur les oreilles pendant les cours, d’arrogance, d’irrespect et de violence même.

Ce n’était pas l’idée que j’avais de l’enseignement. C’est bien entendu mon idée qui était fausse. Je me suis beaucoup penchée sur cette question : aurais-je dû être plus préparée pour mon avenir, plus décidée au sujet de ma carrière ou de mon métier, aurais-je dû, dès l’adolescence, prendre les mesures nécessaires pour réussir et atteindre un quelconque objectif …… J’en ai déduis que non. Je ne vois pas comment, à 15, 16 ou même 18 ans, on peut savoir ce qu’on veut faire du restant de ses jours, on peut connaître ses goûts, ses valeurs, ses intérêts …. surtout qu’on ne sait rien de la vie, du monde ….. je ne connaissais même pas l’existence de la plupart des métiers dont je me dis aujourd’hui : tiens, ça m’aurait intéressée de faire ça! Pour une étudiante dans un collège privé les choix étaient : avocate, médecin, comptable, administration (mba, bien sûr!), ingénieure ……. je n’ai jamais entendu parler de biologie marine, de recensement de la forêt boréale, de l’étude de la petite nyctale, de guider en kayak, d’être moniteur de voile, professeur de chant, et j’en passe.

Bien sûr, des gens font ces métiers, ils ne sont pas secrets. Mais comme je n’ai jamais été du genre passionnée, je me suis toujours éparpillée dans des dizaines d’activités, sans jamais approfondir suffisamment pour me demander : pourrais-je en faire un métier? Même à la maîtrise, à l’université, l’idée de l’emploi ne me venait pas. Je ne me demandais jamais où j’allais travailler, quand et à faire quoi. Au bout du compte, ce n’est pas une mauvaise chose : j’ai passé toutes ces années à apprendre pour apprendre, sans aucun objectif de carrière, juste pour le plaisir, sans angoisse, sans pression.

Mais au bout du parcours, quand l’école a été finie et qu’en septembre mon employeur m’a proposé de passer du statut d’employée étudiante à celui d’employée tout court, je ne voyais pas vraiment ce que je pourrais faire d’autre, et j’ai dit oui.

J’ai passé 11 ans et demi chez cet employeur. Le travail que j’y fais ne m’écoeure pas. Il est seulement complètement vain. Comme le dit James Taylor au sujet d’un tout autre métier : « millwork ain’t easy, millwork ain’t hard, millwork it ain’t nothing but an awful boring job » ….. Je pourrais aussi citer Gillian Welch « i’ve never minded working hard, it’s who i’m working for … »

Et j’ai fini par me demander combien de temps je pourrais continuer à faire jour après jour, 8 heures par jour, un travail que je sais parfaitement inutile et sans intérêt, pour une grosse corporation qui rationnalise et sous-traite à tour de bras, sous prétexte que c’est relativement payant. Je disais toujours que j’attendais d’être congédiée pour changer de voie, trouver autre chose à faire, que cela ne saurait tarder, puisque tous mes collègues se font montrer la porte cavalièrement depuis plusieurs années.

Mais si cela n’arrivait pas tout de suite? Si je n’étais pas « remerciée » avant 5 ou 6 ans ….. que ferais-je passé 40 ans quand on m’annoncerait que je n’ai plus de job, moi qui ne sait strictement rien faire? Je dis rien faire, mais c’est faux, je sais faire toutes sortes de choses, toutes plus inutiles les unes que les autres pour se trouver un emploi. Je savais que je me retrouverais dans un centre d’appel quelconque, ou au mieux dans une job administrative semblable à celle que j’occupe actuellement, mais moins bien payée ….. jusqu’à ce qu’on nous congédie à nouveau, etc.

Je me suis dit qu’il était temps de prendre une décision, de prendre les devants.

J’ai fait une liste des métiers que je considère vraiment utiles, de façon désintéressée, c’est à dire utiles intrinsèquement, et non pas utiles à faire faire du cash à la compagnie, ou quelque chose du genre. Il y en a peu, très peu. Par les temps tourmentés qui courent, je suis profondément convaincue que la seule occupation qui ait maintenant du sens est de soulager un tant soi peu la douleur de ceux qui souffrent. Il y a plusieurs façon de soulager la souffrance, par exemple je crois que les artistes parviennent à le faire.

Pour ma part je ne suis pas une artiste et la liste de mes talents et aptitudes n’est pas si longue. Le temps dont je dispose non plus, et l’argent encore moins.

J’ai décidé de retourner aux études en soins infirmiers, Un programme de deux ans au Cégep de Maisonneuve, où j’ai étudié il y a 20 ans maintenant.

J’ouvre ce blog pour témoigner de mon parcours, qui ne sera certainement pas sans embûche. Première étape : être admise au programme!