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comment la culpabilisation des femmes fait marcher le système de santé (ou comment détourner l’attention des vrais problématiques en accusant les infirmières d’agences)

On entend de plus en plus souvent parler dans les médias des agences privées qui emploient des infirmières. Celles-ci se retrouvent à travailler en centres hospitaliers, entre autres, embauchées pour pallier au manque criant d’effectifs. Nous avons abordé le sujet ce matin pendant le cours de sociologie.

La manière dont est traité ce sujet la plupart du temps m’hérisse le poil. Encore une fois on attend des femmes qu’elles se sacrifient et se mettent au service des autres naturellement, sans en attendre de gratification, sans espérer améliorer leurs conditions, et surtout sans se plaindre. La réalité est que si le métier d’infirmières n’en n’était pas un de femme traditionnellement, les conditions ne seraient pas les mêmes et on ne leur demanderait pas sans gêne, comme on le fait actuellement, de renoncer à leurs ambitions d’améliorer leur sort. Ainsi, on essaie de culpabiliser les infirmières qui osent aller travailler dans les agences, cherchant de meilleures conditions et de meilleurs salaires. On considère comme une trahison le fait que ces femmes refusent de travailler aux conditions offertes par l’employeur habituel qui est l’État. Ce dernier reconnaît que la situation dans laquelle se trouvent les infirmières du secteur public est problématique, mais cela ne change rien au fait que ses représentants jugent et affirment publiquement que les infirmières devraient tout de même acquiescer à toutes les demandes et accepter n’importe quelles conditions sous prétexte du bien commun.

C’est un abus de pouvoir où les infirmières sont prises en otages et seront perdantes de toutes les façons. Celles qui quittent le secteur public deviennent des genre de parias victime du mépris facile de ceux qui n’occupent pas cet emploi et des autres qui n’ont pas le courage de ce choix. Celles qui demeurent dans le secteur public se voient auréolées d’une mention d’héroisme quand elles travaillent 18 heures en ligne (ce qui devrait nous effrayer plutôt que de susciter l’admiration) mais nonobstant leur statut de saintes n’en tombent pas pas moins malades et voient leur vie en dehors du travail réduite quasiment à néant. Quand je vois le syndicat se battre pour empêcher le recours aux infirmières d’agence, je ne peux m’empêcher de douter des intentions … aurait-on peur de perdre de plus en plus de cotisations…? Car enfin on ne peut pas dire que les infirmières aient obtenu grand-chose de leur syndicat depuis des lustres … rien pantoute serait même plus proche de la réalité. Que plusieurs d’entre elles ne croient plus tellement à cette organisation ne me surprend pas vraiment.

Je crois énormément en l’accès universel aux soins de santé. Je suis convaincue du bien fondé des valeurs dont nous avons décidé de faire la promotion quand nous avons adopté un système où tous sont en mesure de recevoir les soins dont ils ont besoin sans égard à leurs revenus ou à leur classe sociale. Mais je ne suis pas d’accord pour que les femmes soient tenues de se sacrifier pour le maintien de ce système. Je ne vois pas de quel droit on leur réclame ce sacrifice. Et ce qui m’attriste le plus, c’est que la plupart d’entre elles sont fières du sacrifice qu’elles font et considèrent encore leur métier comme une « vocation », notion qui renvoie derechef à l’idée fausse (mais oh combien commode) d’une propension naturelle des femmes à aider et se dévouer.

Le métier d’infirmière n’a rien à avoir avec le fait de mettre un plaster sur le genou écorché d’un enfant. Il s’agit d’une pratique professionnelle, régie par un Ordre, de plus en plus exigeante, comportant de plus en plus de responsabilités importantes et pour laquelle la seule abnégation n’est pas du tout suffisante. Lorsque le métier cessera d’être considéré comme une extension de la nature féminine et donc comme un sacrifice normal de la part des femmes, les infirmières réussiront peut-être à obtenir des conditions de travail adéquates et compensant les difficultés qui seront toujours celles de ce métier. En attendant, personne n’est en droit de critiquer celles qui décident de ne pas se sacrifier. Le recours au personnel des agences est un symptôme, pas une cause des problèmes auxquels font face les infirmières en centre hospitalier. Il ne faudrait pas confondre bourreaux et victimes ici.

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2 Responses to “comment la culpabilisation des femmes fait marcher le système de santé (ou comment détourner l’attention des vrais problématiques en accusant les infirmières d’agences)”

  1. 1
    Daniel:

    Ça nous ramène aussi à la polémique du système de santé à deux vitesses.

    Comme tu dis je pense moi aussi que le réel problème tient son origine du gouvernement.

    On peut aussi regarder ce qui se passe dernièrement avec cette proposition d’augmenter TOUS les fonctionnaires « équitablement » de je ne sais plus quel pourcentage sur je ne sais plus combien d’années sans aucune distinction entre un(e) commis junior administratif et un enseignant.

    Winner! Brillant!

    Un autre raccourci de paresseux au lieu d’une vraie solution. Mais encore, comme tu le disais, les syndicats, nous le savons tous, sont là pour faire la piastre et sont souvent de mèche avec le patronat (quand ça fait leur affaire).

    Et comme d’habitude ils vont attendre que ça leur explose en pleine face avant de réagir en gens intelligents et responsables (et encore…).

    Je pense que si il y avait suffisamment de gens qui refusaient solidairement de se soumettre à de telles conditions qu’ils n’auraient éventuellement pas le choix de s’incliner et de modifier leur philosophie à ce sujet (ou peut-être qu’ils importeraient du « cheap labor » de je ne sais ou qu’ils feraient venir en autobus scolaire juste pour éviter de perdre la face aussi).

    Ça fait des années que tout l’monde sait que c’est l’bout d’la marde en santé (et en éducation aussi) mais plus ça avance et plus c’est le même problème. Moi je ne la comprends tout simplement pas.

    Je suggère donc de mettre au pouvoir une autre équipe de faiseux de promesses pendant 4 ans et de continuer docilement d’aller mourir dans des corridors d’hôpitaux surchargés après 24 heures d’attente sur une civière sous l’éclat psychédélique de néons en délire.

    On a combien de gens qui travaillent pour la fonction publique ici en fait dans les différents ministères, sous ministères, sénat, caca? Sans compter tous les casques de bain qui sont à leurs retraites vautrées dans leur généreuse pension.

    Ah oui, ils parlaient d’augmenter l’âge de la retraite aussi dernièrement, à quoi? 70 ans?

    HAHAHAHAHA!!!

    Hey! Si j’étais pas si riche j’aurais hâte de recevoir mon prochain chèque de TPS pour aller le flamber au casino! Mais là je fais au-dessus de $30 000 alors je suis riche et j’y ai pas droit.

    Tabarnak!

    Avez-vous entendu la publicité à la radio de la SAAQ qui nous prévient que les mineurs n’ont pas le droit d’acheter de l’alcool?

    Un autocollant sur la porte d’entrée, ce n’était pas suffisant. Les commis fournissaient plus de vérifier les cartes. Ils devaient sortir des ados cul par dessus tête à la pelleté à chaque jour. Une chance qu’on a cette annonce là maintenant! Fiou!

    Tabarnak! Un enfant avec une paye de $10/semaine en sortant les vidanges pourrait pas faire pire en tant qu’administrateur de fonds.

  2. 2
    Daniel:

    Ooops c’est pas la SAAQ mais bien la SAQ.

    Desolated!

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