la route ouverte

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mon cheminement en soins infirmiers

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derniers mètres …

Lundi matin, 7h15, je descends l’escalier comme un zombie:  j’ai passé la nuit à essayer de répondre à des questions d’examen dont les réponses m’échappaient, je me suis réveillée en sueurs dix fois en tournant la tête en panique vers le cadran. Je pars toujours trop tôt quand il y a des examens, au cas où j’aurais une crevaison en route. Il pleut à verses, il vente à tout rompre. J’essaie d’être émue par le fait que c’est la dernière fois que je fais ce trajet. Je roule sur Sherbrooke, mon vélo est encore plus pesant que d’habitude, alourdi de mon angoisse et de toutes mes incertitudes face à cet examen qui va sceller mon sort dans quelques heures. Je suis certaine d’avoir fait tout ce qu’il y avait à faire, j’ai révisé, relu et étudié pendant des jours. Je ne pouvais rien faire de plus. Et pourtant, je ne me sens pas prête, mais je ne le serai jamais évidemment. Toutes ces choses qu’il me reste à apprendre, toutes ces notions que je ne maîtrise pas tout à fait encore. Et ces questions qui seront préparées par on ne sait qui, sur les matières des sessions antérieures, ces professeurs sauront-ils ce que nous avons vu, ce que nous n’avons pas vu!? Comment bâtir un examen équitable pour 100 étudiantes qui n’ont pas toutes suivies les mêmes cours avec les mêmes professeurs?  Je ne leur fais pas confiance, voilà ce qui m’inquiète le plus. J’ai très bien étudié mais qui sait quelle mouche les aura piquées au moment de rédiger les questions, quelle idée les prendra de questionner tel ou tel sujet jamais abordé en cours, ce n’est pas comme si ça ne s’était jamais produit!!!

Arrivée à l’école, je jase un peu avec quelques camarades. Tout le monde a la gorge nouée, une boule dans l’estomac, on se fait des petites blagues mais la nervosité est palpable.  Ça a beau être le dernier examen, il n’y a que nous que ça stresse: la prof n’a pas la clé pour déverrouiller le local, la sécurité n’arrive pas … nous entrons finalement. On y est. Trois années d’étude, trois années de panique, de stress, d’angoisse, six sessions de cégep pour en arriver là. Les copies sont distribuées, j’inscris mon nom, la main me tremble un peu.

L’examen se passe très mal. Très mal. J’ai l’impression que je ne sais rien. Mes appréhensions étaient justifiées. Plutôt qu’un examen qui évaluerait l’ensemble de nos connaissances les plus importantes acquises pendant trois ans, sorte de manière de faire le point et de savoir où on en est, il s’agit d’un questionnaire complètement décousu portant essentiellement sur les enseignements. Que dirais-tu à une madame que ci, un monsieur que ça … Je suis furieuse. Pendant toute la durée de l’examen, je combats pour ne pas me laisser emporter par cette colère qui me déconcentre. Trois années d’étude, des jours et des jours passés à réviser, pour se faire finalement évaluer sur quelques notions d’enseignements, aucune intervention, aucune notion physiologique.  Bien sûr, tel que prévu, quelques questions portent sur des sujets jamais étudiés!  Alors qu’il y aurait matière pour des centaines sinon des milliers de questions pertinentes dans l’énorme corpus que nous avons amassé depuis le début du programme, on a trouvé le moyen de nous poser des questions qui sortent de nulle part. Un examen loin de refléter le statut professionnel que revendique l’OIIQ pour les infirmières.

Je remets mes copies et je sors. Je me sauve du cégep, je ne veux parler avec personne, j’ai le coeur dans la gorge. Il pleut encore plus fort qu’à l’aller, je pleure tout le long du trajet dans mon capuchon.  Comment se peut-il que je doive reprendre cet examen vendredi, comment ferai-je pour réussir mieux vendredi alors que j’ai fait toute l’étude qu’il fallait, comment me reprendre, comment me préparer … je suis tellement déçue. J’espérais que cet examen viendrait clore de belle façon le projet que j’ai débuté en septembre 2008, je me voyais sortir fière de moi d’une épreuve finale difficile mais dont je serais venue à bout à force de travail et de détermination. Quel revirement lamentable.  Je passe l’après-midi sous les couvertures, toute habillée, à essayer de me vider la tête. Je suis presque certaine de ne pas obtenir la note de passage. Je ne suis pas la seule: sur facebook, plusieurs de mes amies sont inquiètes et en colère.

Quand il arrive, mon chum vient me rejoindre sous les couvertures. Il attend avec moi. Il ne sait pas trop quoi faire, il se dit que j’ai sûrement raison d’être fâchée et déçue, en même temps il pense qu’il faut attendre la note avant d’être découragé … C’est vers 16h30 que quelqu’un écrit: les notes sont là. Pendant que j’essaie d’accéder à omnivox, ma prof de stage m’appelle pour  me donner ma note.  Je ne réponds pas, elle laisse un message dont le ton guilleret laisse penser à mon chum que j’ai assurément réussi. Quelques minutes plus tard nous sommes fixés: c’est réussi. Je pleure pendant quelques minutes, complètement vidée.  Je ne suis même pas contente de moi vraiment, j’ai l’impression d’avoir gagné à la loterie plutôt que d’avoir accompli quelque chose. C’est enfin terminé. Un premier objectif est atteint. Ça ne se termine pas comme je l’aurais voulu, c’est même un gâchis total comme finale, mais je m’en fous. Je prépare mes bagages pour partir en voyage vendredi, et je tenterai un bilan à mon retour.

 

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One Response to “derniers mètres …”

  1. 1
    Lyne:

    Féliciations! Loterie ou pas, tu es maintenant CEPI :) Bon voyage…

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