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mon cheminement en soins infirmiers

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quand le « code » est lancé …

Matinée animée en ce 2e jour de stage, en fait le plus gros de ma journée s’est déroulé entre 7h45 et 9h00! En effet, à mon arrivée sur l’unité, vers 7h30, j’ai été avisée par ma prof qu’un patient de la « zone » n’allait pas bien du tout et qu’il pourrait être intéressant d’aller y jeter un coup d’oeil immédiatement. Il faut dire que pour mes 2 premiers jours de stage, j’ai été assignée à ce qui est appelé la « zone des soins intensifs intermédiaires »: il s’agit d’une salle, sur l’unité même, où 4 lits sont consacrés à des patients qui requièrent une surveillance accrue suite à une chirurgie thoracique. Il s’agit de « mini soins intensifs », la différence avec les soins intensifs centraux étant que nous ne gardons pas de patients intubés. Toutefois, les patients sont branchés à des moniteurs cardiaques dont il faut constamment surveiller les données car les chirurgies thoraciques, de part le fait qu’elles se déroulent à proximité du coeur, représentent un risque supplémentaire de complications cardiaques. Les infirmières qui travaillent dans la « zone » ont reçu une formation spécifique à cette fin.

Ce matin, vers 7h30, alors que trois médecins de médecine thoracique effectuant leur tournée quotidienne se trouvaient au chevet d’un patient, ce dernier s’est mis à désaturer, c’est à dire que le taux d’oxygène dans son sang s’est mis à chuter dangereusement. Les médecins ont immédiatement administré de la médication et pris certaines mesures mais ils ont aussi appelé l’équipe d’intervention rapide (EIR).

cliquer ici pour accéder à un document explicatif au sujet de l'équipe d'intervention rapide

ventilation avec ballon insufflateur

 

Cette équipe est formée pour assister le personnel et prévenir l’éventuel « code bleu », c’est à dire l’appel qui est lancé lorsqu’un patient se retrouve en arrêt cardio-respiratoire. Il s’agit donc d’éviter que la situation ne dégénère davantage. Pendant que l’équipe d’intervention rapide commence à travailler, d’autres intervenants arrivent dans la salle (qui fait environ 600 pieds carrés): l’équipe des soins intensifs (médecins, résidents, infirmière, préposé), des inhalothérapeutes, et tout ce personnel en double car nous sommes à l’heure du changement de quart: les employés de nuit sont sur place et les employés de jour se pointent peu à peu … Il y a foule autour du lit du patient qui est toujours conscient et qui doit commencer à se rendre compte qu’il est en mauvais posture. Un médecin crie aux scèneux de quitter les lieux car vraiment on commence à se nuire. Moi je ne fais qu’observer, en essayant de me faire toute petite, toute petite … je parviens à être si discrète qu’on ne s’occupe pas trop de moi et surtout, on ne me demande rien, ce qui vraiment me terroriserait! On tente d’envoyer de l’air au patient via le ballon insufflateur, mais un des poumons refuse de se gonfler … Les médecins finissent par anesthésier le patient pour l’intuber, et quand il est plus ou moins stabilisé, on le descend aux soins intensifs, avec toute sa cour d’une vingtaine de personnes qui courent et crient autour du lit. Les deux autres patients de la « zone » tentent de reprendre leur souffle et espèrent obtenir un peu d’attention maintenant que l’attraction principale s’est poussée. Il faut dire que ce doit être passablement stressant lorsqu’on est soi-même dans un état assez précaire d’assister à ce genre de … heu … prestation?!

 

 

Expérience passablement stupéfiante s’il en est une. Visiblement, le changement de quart n’est pas le moment idéal pour un code, un pré-code ou toute intervention de ce genre! À 9h00, tout était terminé, le ménage était fait, un nouveau lit attendait le prochain patient et le personnel d’entretien était venu ramasser les dégâts laissés par la tempête « soins intensifs »: poubelles pleines et sol jonché de déchets de toutes sortes. Nous discutons entre nous pour refaire le fil des événements. Je réalise abruptement l’ampleur de mon incompétence! Je n’ai compris aucune des demandes adressées par les médecins, ni les médicaments, ni les interventions. L’infirmier me rassure à ce sujet: l’équipe d’intervention et des soins intensifs est vraiment spécialisée et la plupart des infirmières sur l’étage ne savent pas non plus de quoi il retourne, il s’agit d’un travail particulier.

Je ne sais pas si ce travail me plairait. Mes deux journées d’observation dans la « zone » m’ont bien plu, car nous sommes 2 infirmières avec 4 patients, que nous avons sous les yeux en permanence: ne pas avoir à courir de chambre en chambre et avoir tout l’équipement sous la main, c’est vraiment une organisation de travail qui me plaît. Se consacrer entièrement à 1 ou 2 patients aussi. J’ai moins l’impression de bâcler mon travail. Toutefois, on garde peu de suivi avec les patients. Ainsi, lorsqu’ils sortent des soins intensifs, ils partent sur les étages, comme on dit, et on ne sait plus ce qu’il advient d’eux. Ce n’est pas tout à fait de cette façon que je conçois mon (futur) travail. Je préfère une démarche plus globale, tenant compte de tous les aspects de la personne et non seulement m’assurer qu’elle respire et que son coeur bat … mais je vois l’intérêt qu’il y a au niveau technique et surtout de l’apprentissage. Conséquemment, j’ai déjà décidé que je voudrais être cépi sur cette unité et je vais faire des démarches avec l’infirmière chef la semaine prochaine pour voir si cela peut d’ores et déjà être envisageable. Je pense qu’un département avec autant de techniques me permettrait d’être vraiment prête pour l’examen de l’OIIQ, en tout cas me donnerait plus de chance de l’être.

C’est fou. Il faut déjà entamer les démarches pour ce qui viendra quand le cours sera fini … je n’arrive pas à y croire encore et d’ailleurs, il reste encore tellement de choses à accomplir avant de pouvoir dire que l’objectif est atteint …

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One Response to “quand le « code » est lancé …”

  1. 1
    Daniel:

    Wow! Je ne veux pas me réjouir du malheur des autres mais ton article m’a jeté par terre. On voit ça dans les films en se disant: Ah! Ils en mettent! Mais d’avoir un compte rendu d’une telle scène de quelqu’un qui y était, c’est quelque chose d’épatant (malgré que je ne peux pas m’empêcher d’être un peu triste pour le patient dont il s’agissait). J’espère qu’il s’en est tiré.

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