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La clé 56

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La clé 56. LA clé qui ouvre toutes les portes, même celles des toilettes, LA clé qui distingue les soignants des patients dans un environnement où tous sont vêtus « en civil ».  Depuis 2 semaines, je traîne cette clé et j’angoisse à l’idée de la perdre, je la surveille pour ne pas me la faire voler, subtiliser, arracher même,  je la sors 1000 fois par jour de stage pour entrer et sortir de l’unité, entrer et sortir du poste, circuler …

Cette clé n’est pas le seul élément dérangeant de mon stage en santé mentale à Louis-H. Lafontaine.   L’ambiance est complètement différente d’un autre hôpital: les couloirs sont déserts, absolument rien ne traîne, tout est organisé en fonction du danger que peut représenter le moindre objet pour un patient suicidaire. Cela donne un endroit d’allure vraiment propre (!) mais aussi une atmosphère étrange, comme si nous marchions tous sur des œufs en permanence. Le stage se passe assez bien, j’ai réussi à avoir plusieurs entretiens formels avec mes patients, j’arrive à remettre mes (très nombreux) travaux à temps, et je me sens à l’aise avec le personnel soignant de l’unité.

Il faut toutefois avouer que nous sommes souvent confrontés à nos valeurs, nos convictions, nos peurs aussi, davantage, en ce qui me concerne, que lors de mes stages précédents. Les contentions, l’isolement, l’autorité, l’interdiction de sortir de l’unité, l’utilisation de l’ECT (électroconvulsivothérapie), ce sont tous des éléments qui forcent la réflexion. Mais surtout, la souffrance et la détresse des patients atteints, souvent gravement, de maladies mentales, la dépossession de leur autonomie et ultimement de leur vie, les deuils qu’ils doivent faire, ce sont des aspects extrêmement envahissants qui continuent de nous habiter bien après le retour à la maison à la fin de la journée de stage. Et ce n’est pas notre petit journal de bord qui nous libérera de cette conviction que nous avons maintenant qu’il y a des douleurs qui ne peuvent pas être soulagée, des vies qui sont irrémédiablement gâchées et pour lesquelles nous ne pouvons rien.

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2 Responses to “La clé 56”

  1. 1
    Daniel:

    Moi j’ai tjrs trouvé ça agréable de vieillir pour ça. On dirait que plus tu vieillis plus tu vois les failles partout. Tout ça ne tient que par un fil.

  2. 2
    Jacques:

    Très beau texte, inspirant aussi…
    Je travaille à LouisH depuis décembre et ce que tu écris me touche.
    Bravo pour ce blogue : poursuit cette démarche, car tu as une belle plume.
    À oui, et va visiter ce site http://www.cle56.com, si ce n’est pas déjà fait:-)

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