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jour 12 (1e novembre) Vers la Mer Morte

 

Au matin, nous déjeunons avec les quelques coureurs qui ne sont pas partis à 4h, et qui se préparent plutôt au départ prévu pour 9h30, et les quelques familles les accompagnant qui prennent leur temps et les rejoindront plus loin. Vers 9h, le boss vient nous reconduire au village et nous jasons un peu de son entreprise, de la pandémie, de la difficulté de plaire à tous dans l'industrie du tourisme, de la nécessité maintenant d'offrir électricité, douches et toilettes avec eau courante, de répondre aux nombreuses attentes et de faire des investissements coûteux, de son fils qui poursuit des études à l'université de Amman.

Nous repartons du Wadi Rum ravi de notre expérience et nous prenons l'autoroute d'abord jusqu'à un embranchement juste avant Aqaba où nous remontons pour prendre la 65, la route de la vallée du Jourdain puis la route de la mer morte. Sur la portion autoroute jusqu'à Aqaba il y a vraiment beaucoup de gros camions et la route semble être encore partiellement en construction, ce n'est pas une route panoramique évidemment mais ça roule bien. En arrivant près d'Aqaba, nous apercevons de loin les 27 petits kilomètres de côte que possède la Jordanie sur la Mer Rouge. Il y a un genre de douane à passer à deux reprises, en entrant et en sortant, parce que Aqaba est aussi une zone franche, mais tout cela se passe sans encombre.

En remontant par la 65, lorsque nous arrivons dans la portion de la vallée du Jourdain, tout à coup le paysage est verdoyant, avec de l'agriculture et des plantations de palmiers. C'est tout un contraste avec le désert qui nous entoure depuis le début du voyage. L'irrigation permet la culture maraîchère (concombres, tomates, aubergines, melon, citrons) mais met à mal les (faibles) ressources hydriques du pays. La route est belle et très facile, avec quelques petites agglomérations.

Après la vallée du Jourdain, nous longeons les usines de potasse et d'autres minéraux. Puis la mer morte apparaît à la sortie d'un virage, littéralement le début du grand lac qu'elle constitue en fait: un lac d'environ 810 km2 qui s'assèche à une vitesse inquiétante, ayant perdu 28% de sa profondeur depuis cinquante ans, avec un niveau d'eau qui descend d'environ 1m par année. L'assèchement pour la production de potasse couplée au détournement du Jourdain pour l'irrigation (le débit du Jourdain a été réduit de 95% par rapport à 1950) accélèrent le processus qui mènera sans doute à sa disparition complète. À elles seules les usines de production de sel de la Mer Morte sont responsables de l'évaporation de 300 millions de mètres cubes d'eau par an. Il y a plusieurs endroits pour s'arrêter et profiter de la vue mais il est difficile de faire de bonnes photos en plein midi, avec le reflet du soleil sur l'eau qui est comme un miroir.

Pour nous rallonger un peu puisqu'il est encore tôt dans la journée, nous décidons de grimper la route qui mène au "Complexe panoramique de la Mer Morte", qui offre une vue sur l'ensemble de la mer morte. L'accès au site coûte 2 di par personne. L'endroit est étrange, presque désert, il arrivera un groupe après nous mais sinon pas vraiment grand monde. C'est neuf, tout en pierre, c'est quand même beau, paisible,il y a beaucoup d'arbustes fleuris, et une petite musique new age qui joue en arrière plan. Il y a un belvédère, un "amphithéâtre" dont nous ne comprenons pas l'utilité, une salle de conférence immense, un musée géologique et un restaurant. Même si on se doute que ce sera trop cher, nous décidons de manger quelque chose dans la salle à manger très légèrement climatisée avec la vue sur la mer morte. Le service fait pitié, on dirait que les serveurs ont été engagés hier et qu'ils n'ont jamais fait ce travail auparavant, des fourchettes sur la table sont pleines de sorbet ou de crème glacée rose figée, il y a une grande quantité de mouches qui se posent sur nous et sur la table, mais surtout la nourriture est médiocre: la fattoush est une simple salade pas du tout assaissonnée, les kebbeh sont du commerce et simplement réchauffés, l'halloumi n'est pas vraiment grillé, et les "lemon-mint" que nous avons bus partout et qui étaient excellents sont le double du prix et la moitié de la grosseur. On nous apporte une bouteille d'eau même si nous avons refusé, et on nous la facture évidemment, 2.5 di. À la table à côté de nous les gens retournent une assiette d'un met qui leur a été servi encore congelé! C'est une arnaque qui ne se cache même pas. En sortant du restaurant, nous visitons le petit musée: semblable à celui de Petra il est beau et moderne mais ils ont tout misé sur le contenant et il n'y a malheureusement pas vraiment de contenu. On fait le tour en cinq minutes. Nous quittons les lieux assez mécontents: il y a un stationnement juste avant d'arriver au site qui permet d'avoir quasiment la même vue que du belvédère, c'est vraiment inutile de payer l'admission à cet endroit. C'est une recommandation du guide Lonely Planet que nous ne comprenons toujours pas, notamment en ce qui concerne le restaurant: peut-être que le service et les prestations étaient meilleurs pré-pandémie.

Nous redescendons avec la vue plongeante sur la mer morte et repartons en direction de l'hôtel où nous logerons pour les deux prochaines nuits. Il est le premier d'une petite série de "resorts" qui longent la côte nord est de la mer morte, et il n'y a presque rien aux alentours, à part deux petits dépanneurs où nous trouvons quand même pita, yaourt, hummous, bananes, chips, pour grignoter en soirée et éviter le restaurant de l'hôtel si possible. À l'entrée de l'hôtel on doit passer nos bagages aux rayons x et une affiche indique qu'on ne peut pas entrer de nourriture de l'extérieur! Disons que ce n'est pas notre genre habituel d'endroit. Dix minutes plus tard nous aurons trouvé une entrée à l'arrière du bâtiment, où les employés fument et jasent, par laquelle nous passerons sans encombre avec nos provisions! Nous profitons de la piscine pendant qu'un petit orage se prépare sur la mer morte, la vue est quand même belle de la terrasse de l'hôtel. En soirée, jusqu'à 22h30, un gros party a lieu à la terrasse du restaurant avec musique à tue-tête et notre chambre est juste l'étage au-dessus! Nous nous promettons d'y assister demain soir!