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Jour 6 (26 octobre) Route du Roi, vers Dana

 

Les orages ont finalement éclaté en fin de nuit, vers 4h du matin. Du tonnerre qui fait vibrer la porte-fenêtre, des éclairs qui illuminent la chambre, des torrents d'eau qui s'abattent subitement mais ne durent que quelques minutes, et toujours ce vent. Nous nous éveillons et nous ne nous rendormons pas vraiment. Les prévisions ont changé: "averses orageuses" (c'est le moins qu'on puisse dire) pour l'avant-midi et pluie légère pour le reste de la journée. Nous nous demandons s'il vaut la peine de tenter la route du roi, sinueuse et en montagne, forcément plus lente sous la pluie, pour n'avoir finalement aucune vue s'il pleut et que le ciel est toujours bouché. Mais à 7h30 lorsque nous nous levons, le soleil pointe son nez. Nous décidons de tenter le coup du moins jusqu'à Dhiban, dernière chance (selon map.me) pour rejoindre l'autoroute advenant le cas où les conditions seraient vraiment difficiles. Le temps de fermer les sacs, les orages ont repris, le tonnerre gronde, les éclairs fendent le ciel et il pleut pas mal. Bon. Martin, le conducteur, veut tout de même essayer la route. Nous profitons d'une accalmie pour mettre les bagages dans la voiture et déjà en sortant du stationnement nous roulons dans une mare et il y a vraiment beaucoup d'eau dans les rues de Madaba. Par contre, la pluie a cessé pour le moment, la visibilité est bonne. Comme il reste de l'essence pour environ 330km dans le réservoir, nous décidons de faire le plein au cas où la route serait difficile, mais il n'y a pas d'électricité dans les deux stations où nous nous arrêtons. Probablement qu'à l'hôtel non plus il n'y en avait pas, l'air climatisé s'est arrêté à 4h45 mais les lumières fonctionnaient toujours, peut-être sur une génératrice. Nous prenons la mesure de l'importance des orages qui ont éclaté en fin de nuit.

Chanceux comme nous le sommes, nous roulerons toute la journée sous le soleil, et quelques nuages, pas de pluie, plus d'orage. Nous ne mettrons pas longtemps à rejoindre le point de vue avant la descente vers le barrage sur le Wadi Mujib. Nous arrêtons prendre quelques photos, mais comme nous sommes partis tôt, le soleil est encore bas, face à nous et les clichés ne rendent pas justice à l'ampleur du paysage. Il y a des Bédouins qui sont en train d'installer leurs choses à vendre aux touristes sur des tapis, mais ils ne font pas attention à nous, ils doivent attendre plutôt les autobus qui passeront plus tard. En franchissant le barrage, nous rions de nos inquiétudes de la veille, quand nous envisagions la possibilité que la route soit fermée si les pluies trop importantes avaient fait déborder le wadi ou inondé la route! C'est complètement sec, des deux côtés du barrage ... on rit, mais ce n'est pas drôle, toute cette sécheresse.

La remontée se fait aussi bien que la descente. En fait la "route du roi" est sinueuse et montagneuse mais elle est pavée, large, en bon état et peu fréquentée ce qui fait qu'au bout du compte elle n'est pas difficile à conduire (surtout quand c'est l'autre qui conduit!). Elle n'est pas non plus isolée, il y a des villages et des villes tout au long du parcours.

Nous arrivons peu de temps après à Kerak que nous décidons de visiter puisqu'il est tôt. Le gps nous envoie en sens inverse sur un sens unique (on met tout sur le dos du gps!), mais les Jordaniens sont tellement polis qu'ils se poussent pour nous laisser passer à contre sens dans cette rue étroite sans qu'un seul ne nous dise que nous sommes dans le tort! La visite est vraiment intéressante, il y a plein de corridors, d'entrées et de sorties, de fenêtres, de portes, de petites et de grandes salles, on peut circuler là-dedans comme bon nous semble et c'est grand, ce qui fait qu'on ne se rend pas vraiment compte de la quantité de gens qui visitent en même temps, car nous sommes arrivés vers 11h30. Le soleil cuisant est une bonne motivation pour plonger dans chaque petite salle à visiter! Nous sommes impressionnés par la patience et le savoir faire qu'il a fallu pour mener à bien une telle construction, au Moyen-Âge vers 1140. La seule vue offerte aux alentours du haut du promotoire vaut la visite.

À la sortie, petit jus de grenade fraîchement pressé (à 3 di quand même, mais il est "fresh" comme dit le monsieur!) et nous repartons. La route du roi (35 sur les carte, mais on n'a jamais vu ce numéro sur un panneau, on n'a jamais vu non plus un panneau "king's highway", et les gens à qui on demande notre route n'ont aucune idée de quoi on parle!) se suit quand même bien dans l'ensemble, même lorsqu'on traverse des villes ou des villages, on se retrouve alors sur la rue principale, coincés dans le traffic mais c'est très divertissant et instructif. Par contre, à quelques reprises la route est barrée, pour des travaux, et il n'y a pas de détour indiqué. Le gps ajuste le trajet en nous faisant passer dans des quartiers résidentiels où les gens nous regardent avec curiosité mais où il est aussi parfois difficile de suivre les indications! On finit toujours par retrouver la route principale. On met donc un peu plus de temps que prévu pour se rendre à Dana: à un moment on est à 8 km et finalement après quelques viraillages on trouve l'entrée de la réserve après 45 minutes! On sait que notre hôtel n'est pas là, c'est plutôt le terrain de camping, mais on se dit que quelqu'un saura sûrement nous informer. Un monsieur à l'accueil parle anglais, tente de nous expliquer le trajet et finit par nous le dessiner sur une feuille, avec les arbustes, les ponts, les stations service, sincèrement si on ne trouve pas cette fois-ci, ce ne sera pas faute d'explications!

Et nous trouvons facilement, en fait on avait rebroussé chemin trop tôt, et cette fois-ci en poursuivant, hop! un panneau: "Dana village historique à droite".

En fait de village historique, c'est un village qui a été abandonné au début des années 80 par ses habitants partis chercher travail et meilleure vie dans une "nouvelle ville" voisine. Un projet communautaire a vu le jour, pour la restauration des bâtiments traditionnels dans le but d'y accueillir les touristes, car le village est situé juste en bordure de la réserve de la biosphère de Dana. Pendant que Martin va nous enregistrer, je fais quelques pas sur la terrasse qui jouxte l'hôtel: la vue est magnifique en cette fin d'après-midi, le vent est frais, le soleil est chaud. Les monsieurs à l'accueil sont gentils et nous prenons notre chambre, dotée d'un balcon avec la même vue que la terrasse! Fin de journée parfaite. Après nous être installés, nous sortons faire quelques pas dans le "village" où arrivent des groupes de touristes pour s'installer dans les quelques établissements et nous nous trouvons bien à la Guest House qui est un peu à l'écart, à l'entrée du village. Nous nous rendons au bout de la rue pour admirer la vue et le fond du wadi où sillonne une trail: nous nous demandons si nous ne descendrons pas demain pour aller voir comment on se sent tout au fond de la gorge. Le souper à l'hôtel est sous forme de buffet, encore! Dans les prix habituels: 15 di. C'est très bon, un peu mieux que les buffets précédents, avec une soupe, plusieurs plats principaux et plusieurs salades, un dessert, de l'eau, des jus. De l'eau en cruche de 18L est d'ailleurs fournie à plusieurs endroits dans l'hotel, et une bouteille de verre est disponible dans la chambre pour remplir, si nous n'avions pas déjà nos gourdes. Nous veillons dehors sur des coussins, il fait quand même assez frais pour mettre une veste, mais pas pour se plaindre!