Nous nous levons pour le petit déjeuner vers 8h: style buffet, pas très intéressant, pita, confitures ... c'est frugal. Nous nous recouchons un peu car la visite à la réserve de Shaumari est seulement à midi. Nous quittons le lit confortable et le lodge à 11h en direction de l'Arabie Saoudite: la réserve est seulement à quelques kilomètres de la frontière. Lorsque nous arrivons, un gars nous voit et appelle quelqu'un sur son portable, nous passe le portable et on parle à un autre monsieur qui confirme notre réservation et nous demande d'attendre au centre des visiteurs. Nous sommes rejoints par un couple de Hollandais qui ont passé la nuit au même lodge que nous. Il y a un autre monsieur qui attend déjà. Le centre des visiteurs est un très bel édifice, moderne, avec une architecture intéressante qui sied à l'environnement, en béton avec un fini pisé. À l'intérieur il y a des panneaux explicatifs sur les espèces que la réserve tente de réintroduire. Il y a des spécimens dans des enclos qui jouxtent le centre, on peut donc les observer de l'intérieur, près des panneaux, c'est très bien fait. Par contre, l'ensemble manque d'entretien, et c'est dommage car il y aurait vraiment beaucoup de potentiel. Nous attendons patiemment à l'intérieur du centre de visiteurs car c'est un peu moins chaud que dehors.
Un guide finit par venir nous chercher, nous demande nos confirmations de réservation, nous laisse cuire à côté d'un jeep pendant 20 minutes et revient en courant pour le départ, à 12h30 au bout du compte. Nous montons tous les cinq dans le jeep assez confortable, ouvert pour se faire venter, couvert pour nous protéger du soleil. Nous filons sur les sentiers de la réserve et faisons un premier stop pour observer un hibou qui a été repris à des villageois qui l'avaient capturé: il est ici en réhabilitation, dans un enclos fermé de toile où il doit faire 100 degrés mais il n'a pas l'air trop mal. Le gars l'appelle et il sort de sa cachette et nous regarde. Nous n'osons pas nous approcher pour ne pas l'effaroucher. Nous repartons en passant près de l'enclos des oryx. Nous prenons quelques photos persuadés que nous n'en reverrons pas par la suite.
Finalement, après cinq minutes de route, nous apercevons un petit groupe d'oryx au loin à travers les broussailles: comme ils sont blancs, ils sont assez faciles à repérer, ce qui n'est pas bon pour eux, mais avantageux pour nous! Nous les observons un long moment, puis repartons. Nous voyons un autre groupe un peu plus loin, ainsi qu'un groupe d'onagres (ânes sauvages très menacés à l'état sauvage). Comme la réserve est somme toute restreinte en surperficie (22 km carrés), cela donne parfois des scènes d'observation étranges, comme de voir un groupe d'onagres avec les voitures qui passent à l'arrière car l'autoroute jouxte la réserve. C'est quand même assez touchant de voir ces animaux au bord de l'extinction qui tentent de faire leur vie malgré tout. Tout au long de la randonnée de deux heures, nous verrons plusieurs groupes, parfois d'assez près pour les prendre en photo et observer leurs comportements ensemble. Le guide nous donne des explications sur la faune et la flore, dans un assez bon anglais. Vers la fin de la visite, nous faisons une pause dans un abri 3-côtés pour boire un thé et nous en profitons pour discuter avec les autres voyageurs et le guide, notamment des mouches qui sont attirées par le sucre que nous avons mis dans nos thé: le guide nous demande s'il y a des mouches chez nous!! Elle est bien bonne!! De retour au centre des visiteurs, nous profitons des installations sanitaires par précaution, sans savoir que ce sera salutaire dans les heures qui viennent.
Nous prenons l'autoroute 30 pour ne pas refaire le même chemin qu'à l'aller, en direction de Amman puis de Jerash. En arrivant à proximité de Zerqa, nous tombons dans un embouteillage monstre de plusieurs kilomètres, en fait c'est à perte de vue à l'avant. La route est sur deux voies mais les gens se sont agglutinés sur quatre voies, en utilisant les accotements de gauche et de droite et bien sûr devront éventuellement converger, ce qui ne risque pas de régler le bouchon! Les camionnneurs impatients klaxonnent et tentent de se faufiler en passant à un cm des autres voitures, les conducteurs coupent à gauche, à droite, reviennent, repassent. Les gens me regardent, peut-être surpris de voir une étrangère prise dans un bouchon; la plupart me sourient, certains haussent les épaules, comme désolés de nous voir dans cette situation; des enfants rient en me pointant du doigt et en me montrant à leurs parents! C'est moi qui suis exotique finalement! Toutes les femmes que nous avons vues depuis notre arrivée, à part les touristes, sont voilées. Nous avons vu quelques femmes conduire mais nous les avons toutes remarquées, elles ne sont pas légion. Par contre c'est plein de mini-fourgonnettes, style taxi-navettes, remplies de femmes qui regardent par la fenêtre d'un air résigné ou passent le temps sur leur portable pendant qu'elles font le trajet vers on ne sait où. Nous sommes chanceux, notre gps nous indique que nous prenons à droite dans 2.5km ce qui nous permettra de nous échapper de l'embouteillage temporairement car en arrivant un peu plus loin dans l'agglomération suivante nous sommes à nouveau coincés dans un bouchon, cette fois-ci en pleine ville et c'est pire, car des voitures arrivent de partout pour s'insérer, et plusieurs dans la voie de gauche attendent pour faire un virage en U (parfaitement légal ici) ce qui cause un ralentissement supplémentaire et beaucoup de coups de klaxon!! Nous commençons à avoir mal à la tête avec toute cette odeur de diesel qui stagne. Finalement, après un bon 45 minutes de blocage, nous roulons enfin.
Le gps nous a fait prendre une route de campagne que nous n'aurions jamais empruntée sinon, nous sommes perplexe mais persistons, et ce n'est pas décevant car nous passons des vallées verdoyantes qui font un contraste énorme avec l'aridité des alentours; des serres, des pépinières, des fleurs, des jardins, des arbres, toute cette verdure est vraiment frappante, de l'eau coule partout en dévalant les collines à travers les petits villages. C'est vraiment très beau. Dommage que nous commencions à nous inquiéter un peu de ne pas parvenir à notre hôtel avant la noirceur: il est situé à Souf, où après être sortis de Jerash on grimpe pendant de longues minutes en nous demandant si notre Renault Logan y parviendra. Tourne à droite, tourne à gauche, parfois on se dit: mais non, il n'y a pas de rue, et quelqu'un dans sa voiture nous demande: Jerash? C'est par là! On arrive à notre hôtel qui nous semble tout au bout de la route, tout en haut de la colline, avec une vue qu'on n'appréciera pas longtemps car c'est très nuageux et il est 17h45, le soleil se couche dans quelques minutes. Nous sommes quand même soulagés d'y être.