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Jours 20-24 Randonnée dans la Vallée du Zat

 

Jour 20 Vers Marrakech

Nous quittons Mirleft vers 10h30, après l'excellent petit déjeuner habituel chez Sally's. Nous avons prévu environ 4h30-5h pour rejoindre notre prochaine logement, en banlieue de Marrakech. Aujourd'hui, contrairement à nos habitudes, nous prendrons l'autoroute, d'autant plus que Martin a contracté le virus de Stéphanie, et c'est donc un conducteur assez barbouillé et fiévreux qui passera quand même bravement la journée au volant. Le ciel est toujours très nuageux en quittant Mirleft, nous remontons par le bord de la mer jusqu'à Aglou Plage, puis prenons la nationale vers Tiznit et Agadir. Ensuite, c'est l'autoroute qui monte jusqu'à Marrakech, mais la route n'est pas du tout ennuyeuse, car pour une bonne partie du trajet le paysage est quand même assez spectaculaire, à travers les montagnes rouges. Les camions peinent à grimper dans la voie de droite, et nous les passons à 120km/heure ce qui fait que nous pouvons nous permettre une pause d'une heure pour que Martin fasse la sieste et reprenne un peu de forces avant d'entamer les derniers 100km. Nous contournons Marrakech par la nationale 7 puis la nationale 9, sans aucun problème, ce qui nous étonne: nous commençons à nous habituer à la signalisations semble-t-il! Nous cherchons ensuite sur la route de Ouarzazate la station Petrum où nous devons prendre la piste vers le riad. Nous manquons la station car nous voyons Esso sur l'affiche, sous le nom écrit en Arabe, alors nous poursuivons la route jusqu'à Aït Ourir, où nous comprenons que nous nous sommes trompés et rebroussons chemin. En revenant, le panneau est en français dans l'autre direction (!), nous n'avions pas pris la peine de tourner la tête, c'est bien le Petrum, et nous trouvons facilement la piste puis le riad après 2 petits kilomètres. Nous aurons donc mis six heures, avec un arrêt sieste d'une heure. C'est la première fois que le chrono correspond aux prévisions de google map! Le jardin et la piscine sont magnifiques mais Martin n'en profite pas car il a fourni un effort surhumain pour se rendre jusqu'ici, et le lit l'appelle dès notre arrivée. Ce sont les mêmes symptômes que Stéphanie il y a deux jours, ce qui laisse croire au même virus: diarrhée, maux d'estomac, fièvre et courbatures. Heureusement, il semble s'agir d'un virus duquel on vient vite à bout, car Stéphanie est complètement sur pied maintenant. Après une heure de parfaite baignade avec les oiseaux qui viennent boire dans la piscine, nous mangeons dehors avec notre hôte, un succulent tagine de poisson et filons au lit sans demander notre reste, pour nous reposer avant de partir en rando dans la vallée du Zat pour les quatre prochains jours dans les montagnes environnantes.

Jour 21 Randonnée vallée du Zat

Nous quittons le riad Bledna vers 9h15 après avoir pris le petit déjeuner sur le patio. Le proprio vient nous reconduire à Tighdouine où nous arrivons vers 10h10. Nous faisons la connaissance de notre guide et de nos muletiers et attendons le départ à la terrasse d'un café en buvant un thé, pendant qu'ils s'affairent aux achats (légumes, fruits, pain, menthe, etc.) Les mulets sont ensuite chargés et vers 11h00 nous partons. Il fait un soleil de plomb mais, au début, à travers les terrasses, nous sommes un peu abrités. Nous faisons plusieurs arrêts alors que le guide nous expliquent différentes choses au sujet de l'agriculture et de la vie paysanne (vervaine, blé traditionnel). Nous passons dans un village de potiers, Talataste, puis nous montons sur la crête d'une colline jusqu'à un plateau où nous prenons une courte pause pour manger figues, dattes et arachides. Nous repartons et grimpons de plus belle jusqu'à 13h45 heure où nous lunchons sous un arbre pour reposer un peu nos têtes qui commencent à cuire au soleil. Nous mangeons bien: maquereau, salade, olives, pain, fromage et thé bien sûr. Nous tâchons de sommeiller un peu.

À 15h30 nous plions bagages et repartons. Il fait vraiment très chaud, nous montons sans arrêt pendant une heure, pas trop abruptement mais c'est une vraie fournaise, et nous soulevons beaucoup de poussière à chaque pas, car le grès qui compose la roche ici s'effrite et nous marchons donc dans le sable, ce qui rend toute l'entreprise encore plus étouffante. Nous ne sommes vraiment pas adaptés à la rando dans ces conditions. Nous prenons de courtes pauses pour boire une gorgée d'eau et nous éponger avec les petites lingettes magiques comprimées que nous a données Réjeanne avant notre départ(voir lien) mais puisqu'il n'y a pas un pouce carré d'ombre, aussi bien continuer à marcher. Nous sommes très lents, nos guides ne doivent pas en revenir. Le muletier nous offre de nous assoir sur les mules, ce que nous refusons orgueilleusement même si Stéphanie a tout un mal de tête qui lui donne la nausée et que Martin ressent encore la fièvre et les maux de ventre de son virus. De toute façon il fait aussi chaud sur les mules! Vers 17h, nous atteignons un plateau sur lequel nous marchons ensuite pendant 45 minutes. Il fait toujours très chaud mais un petit vent s'est levé et puisque c'est plat, le pouls ne nous bat plus dans les tempes à chaque pas. Nous arrivons au site où le guide décide que nous monterons le campement, à 17h45. Nous avons marché environ 4h30 aujourd'hui, ce qui était le temps planifié alors, soit nous ne sommes pas plus lents que prévu, soit on s'est arrêté plus tôt que prévu par pitié pour nous, haha! Nous buvons un thé et montons les tentes sous l'oeil curieux et un brin moqueur de quelques enfants. Le soleil descend lentement, nous osons enlever nos chapeaux vers 19h. La brise nous rafraîchit mais la chaleur du soleil à cette heure est surprenante. Nous nous questionnons sur notre motivation pour les prochains jours car visiblement le trekking au Maroc est trop chaud pour nous! Nous soupons d'un couscous aux légumes et de melon vers 21h30. Il fait enfin frais, surtout après toute la chaleur que nos corps ont emmagasinée pendant la journée. Après le souper, nous ne tardons pas et filons dans la tente sale et déchirée. Heureusement qu'il n'y a pas de moustiques!!

Jour 22 Randonnée vallée du Zat

Nous avons passé une assez mauvaise nuit car des chiens de berger ont aboyé presque sans relâche. Quand ils ont cessé, c'est l'appel à la prière, dans trois minarets différents et décalé de deux minutes chaque fois, qui a commencé. Nous avons quand même pris du sommeil car nous dormions déjà vers 22h00. Nous sommes sortis vers 5h00 pour "aller" au petit coin (derrière la tente!), le ciel était clair, rempli d'étoiles, et on voyait la voie lactée. Nous nous levons à 7h00, heure dont nous avons convenu hier avec nos guides afin de partir tôt et ainsi éviter de marcher au gros soleil de l'après-midi. Le temps de déjeuner, ramasser les choses, et préparer le repas du midi, nous ne partons qu'à 8h30, inquiets d'avoir aussi chaud et de souffrir autant qu'hier. Après avoir fait quelques pas, nous nous arrêtons déjà dans le village même, pour regarder des hommes préparer un méchoui traditionnel: 6 chèvres sont transpercées d'une perche en bois et attachées avec de la corde et elles seront cuites, debout, toutes à la fois, dans un four de terre traditionnel que l'on aperçoit en contrebas et que notre guide nous emmène voir de plus près. Les trippes des chèvres seront jetées aux chiens. Les peaux traînent sur une clôture et nous ne savons pas à quoi elles serviront. Nous passons nettoyer de la vaisselle à un gîte construit et géré par l'Association des amis du Zat. Notre guide nous explique que trois gites ont été construits par cette Association qui a vu le jour en 1996. Malheureusement, elle ne fonctionne plus pour le moment, ce qui est bien dommage car plusieurs agences étrangères passaient par cette association pour planifier des trek dans la région. Avec la crise économique en Europe, les voyageurs se sont faits plus rare, et notre guide a dû trouver du travail ailleurs pour l'instant. Les gîtes sont de belles installations: bâtis en pierres, avec douches, toilettes, cuisine et dortoirs, nous en avons même vu un avec un très beau balcon panoramique; notre guide nous explique que des pourparlers sont en cours avec certains organisateurs de tours de la région, afin de pouvoir utiliser les gîtes, ce qui vraiment serait une excellente idée, histoire que cet effort ne soit pas gaspillé. De plus, cela permettrait d'ouvrir la porte à un type de clientèle qui ne désire pas nécessairement camper "à la dure"! Il est finalement passé 9h00 lorsque nous partons enfin. Nous grimpons sans relâche pendant 2h30 avec quelques courts arrêts pour admirer des gravures rupestres. Nous prenons une plus longue pause juste avant le sommet de la crête que nous gravissons, au-delà de laquelle nous redescendrons vers un petit plateau qui sera le site de notre bivouac et d'où on a une superbe vue sur le Meltsen et ses 3595 mètres.

Nous atteignons le site vers 13h15, ce qui est tôt, nous sommes ravis d'apprendre que nous aurons tout l'après-midi pour rêvasser et faire la sieste devant un tel paysage. Nous lunchons et prenons le thé après avoir monté les tentes: le guide nous cède sa tente, en meilleure état que celle de la nuit passée (qui appartient à l'organisateur du trek) et nous nous y installons pour faire la sieste et lire un peu, à l'abri du soleil mordant. Nous soupons vers 20h30, il vente et fait quand même assez froid, autour de 8 degrés celcius environ, évaluons-nous. Les muletiers font un feu de brindilles étonnant d'efficacité autour duquel nous discutons et nous réchauffons pendant 1h30, avant d'aller nous coucher. Nous dormons tout habillés dans nos sacs de couchage pendant toute la nuit.

Jour 23 Randonnée vallée du Zat

Levés à 8h00, nous quittons le site vers 10h00 après nous être rendus au bord d'un lac tout à côté où des milliers de grenouilles font un vacarme presqu'angoissant! Il semble qu'il y aurait un projet pour faire un barrage au bout du lac et creuser la cuvette après que le lac se soit asséché de manière à ce qu'il se remplisse ensuite avec l'eau s'écoulant des ravins aux alentours et qu'il puisse être ensemencé avec de la truite. Gros projets pour un lac de cette taille! Nous descendons ensuite dans la vallée vers la base du Meltsen puis nous marchons dans le col en longeant un ruisseau qui coule de la montagne. Après une petite pause d'une trentaine de minutes, pour laisser passer un groupe qui arrive de la vallée de l'Ourika (les seuls autres randonneurs que nous verrons pendant le trek), nous remontons sur un autre plateau pour faire le tour du canyon, afin de poursuivre notre route.

Tout au long du trajet nous admirons des gravures rupestres, d'autant plus que notre guide les connaît bien et se passionne pour le sujet. Sur le plateau du Yagour, les sites de gravures rupestres sont parmi les plus accessibles et les plus réputés du Maroc Certaines d'entre elles datent de plus de 3000 ans. Ce sont des pasteurs qui ont gravé des scènes de leur vie quotidienne pour en témoigner. Arrivés de l'Afrique sub-saharienne en quête de nouveaux pâturages, ces peuples ont utilisé l'art rupestre comme moyen d'expression et c'est pourquoi on peut voir des gravures d'animaux que l'on ne retrouve pas au nord de l'Afrique, comme les lions et les girafes par exemple. Gravées dans le grès, ces images permettent une connaissance du passé lointain de la vallée du Zat et de ses habitants. Beaucoup d'éléments sont représentés: des animaux, des armes, des chars, des outils et des personnes, hommes et femmes. Comme ils ne sont pour l'instant ni protégés ni mis en valeur, les sites de gravures rupestres risquent de disparaître à moyen terme si des mesures ne sont pas entreprises rapidement. Des pans entiers de certaines gravures ont déjà été dérobés ou encore utilisés par les paysans pour bâtir des murets. Les populations locales ont cependant été sensibilisées à la valeur des gravures et aux possibilités de développer un tourisme responsable en lien avec ces sites, notamment par l'organisation de randonnées pédestre et d'excursions guidées. Vous pouvez voir toutes nos photos de gravures rupestres ICI.

Nous redescendons du plateau vers une vallée où des gens labourent et travaillent sur les nombreuses terrasses de maïs, d'avoine, d'ail et autres plantations vivrières. Une culture de l'iris s'est aussi développée pour la vente à des intermédiaires qui l'utilisent ensuite à l'étranger dans l'industrie cosmétique. Le sentier longe ces terrasses et l'ensemble est fort champêtre car des fleurs sauvages mettent partout des taches de couleur. Après une dernière remontée à travers des bergeries, nous atteignons une prairie où nous montons le camp pour une dernière fois, entourés de montagnes, les tentes fouettées par le vent. Après le lunch, nous faisons la sieste pendant que le soleil brûle l'herbe aux alentours et que des millions de sauterelles prennent la tente d'assaut. Aux alentours de 16h, un des deux muletiers reçoit un appel sur son téléphone portable: sa mère est mourante, il doit partir de toute urgence pour rejoindre son village, à 2h30 de marche rapide. Il laisse sa mule au campement car il ne sera vraisemblablement pas revenu d'ici demain matin. Vers 17h, nous partons avec le guide observer d'autres sites de gravures rupestres tout en profitant de la superbe vue qu'exalte la lumière plus douce de la fin d'après-midi. Après le souper, nous filons dans la tente en espérant une nuit un peu moins froide que la veille. Ce sera quand même froid au final, peut-être 12 degrés celcius.

Jour 24 Randonnée vallée du Zat

Pour la dernière journée de marche, nous quittons le camp après avoir chargé les mules vers 9h30. Le trajet est en descente pendant environ 4 heures. La première moitié est fort agréable, nous traversons des douars et suivons une piste à flanc de montagne d'où nous avons une vue spectaculaire sur les environs. Nous prenons une pause vers 11h30, pour manger dattes, figues et oranges.

Nous repartons ensuite sur une piste désagréable où nous nous tordons les chevilles et roulons sur les gros cailloux à chaque pas. Le guide nous fait prendre des "raccourcis" qui descendent abruptement pour éviter quelques virages mais au bout du compte, comme nous devons descendre très lentement pour ne pas débouler, nous ne sommes pas convaincus au niveau de l'économie de temps ... Le Zat que nous apercevons en bas nous semble bien loin et bien petit, mais finalement, après n'avoir regardé que nos pieds pendant deux heures, nous parvenons à la piste qui longe la rivière, bordée de magnifiques lauriers sauvages. Nous continuons sur cette piste jusqu'au village où nous picniquons sous les oliviers en attendant la voiture qui vient nous chercher pour nous ramener avec notre guide, à Thighdouine puis au riad en ce qui nous concerne. Nous arrivons vers 17h00 au riad où nous enlevons nos bottes et nos vêtements poussiéreux pour plonger dans la piscine et boire un verre de vin rosé. La soirée se termine avec un excellent tagine de boulettes de sardines suivi d'un délicat feuilleté aux arachides. Nous sautons avec joie dans le lit confortable pour une première bonne nuit de sommeil depuis 4 jours.