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Jours 14-15 Taroudant

 

Jour 14 vers Taroudant

Après le petit déjeuner plus matinal qu'habituellement (8h!), nous payons notre dû et filons vers Ouarzazate où nous retirons des sous et trouvons rapidement la route qui sort de la ville vers Timedine où nous tâcherons de repérer la nationale 10 qui devrait nous mener ensuite toute la journée vers Taroudant. C'est sans problème finalement que nous trouvons le bon embranchement, et nous rejoignons d'abord Tazenakht assez rapidement car la route est belle et il y a peu de circulation. Le paysage est rocailleux et nous longeons le dbel Siroua au nord, qui relie le Haut-Atlas que nous quittons et l'Anti-Atlas, où nous allons. Nous dépassons Taliouine, la ville du safran, où la route passe entre 2 chaînes de montagne, et le paysage change un peu alors que des arganiers couvrent les plaines jusqu'à Taroudant.

Voici une video du trajet entre Skoura et Taroudant. Choisissez HD pour un meilleur visionnement.

Nous trouvons la porte de la médina qui nous permet d'arriver facilement à un stationnement où nous laisserons la voiture pour marcher ensuite environ 200 mètres jusqu'au riad où nous nous installons pour deux nuits. Après l'habituel thé d'accueil, le gérant nous remet un plan de la ville et quelques recommandations de visite. Nous allons luncher chez Mehdi snack d'une excellente pizza au thon et d'une salade niçoise, puis nous obéissons aux coutumes locales et faisons la sieste jusqu'à 18h.

Nous sortons en soirée pour visiter la grande place qui est véritablement bondée, d'hommes seulement, ce qui lui confère une drôle d'ambiance à laquelle nous ne sommes pas habitués et qui nous paraît moins conviviale. Nous en discutons tout en cherchant un endroit pour souper qui n'intimidra pas trop Stéphanie, car les terrasses des restaurants ne sont occupées elles-aussi que par des hommes, ce qui nous coupe parfois l'envie de s'y attabler. Nous finissons par nous isoler sur la terrasse au 4e étage de chez Nada où nous sommes rejoints par 2 touristes français quelques minutes plus tard. En dehors de la médina, sur l'énorme place du Vingt Août qui jouxte les remparts, un curieux spectacle en plein air se déroule: des musiciens jouent des percussions devant une foule d'environ 3000 personnes. Avec tous les gens dehors sur les deux autres places de la ville, c'est presque tout Taroudant qui est dans les rues, ce qui nous impressionne beaucoup. Après souper, la fraîcheur du riad est la bienvenue car il fait vraiment chaud dans la ville.

Jour 15 Grenier fortifié de Imchguiguiln

À 11h00 nous quittons Taroudant et sortons de la ville par la route qui va vers Agadir. Nous nous perdons un peu, en fait nous ne sommes pas certain d'être sur la bonne route et comme celle-ci prend des allures de piste, nous rebroussons chemin pour prendre la nationale jusqu'à l'embranchement qui annonce Aït Baha. Notre objectif pour la journée est de visiter le grenier (agadir) de Imchguiguiln que nous espérons trouver grâce aux indications de Michel Terrier.

"Les greniers-citadelles de l’anti-Atlas où certaines tribus emmagasinaient les denrées essentielles à la vie naguère ainsi que les armes et les munitions avaient également une fonction politique, religieuse et juridique. Expression d’une société très archaïque, l’agadir était aussi un siège de justice et droit coutumier. Ainsi, ces structures étaient gérées sur la base d’une charte, inspirée du célèbre code de la forteresse Ajarif, implantée dans la région et disparue de nos jours. Dans ces lieux qui assuraient la survie économique de la tribu et jouaient également l’entretien des sciences profanes et religieuses, les plus grandes décisions étaient prises. Aujourd’hui, après plusieurs années de sécheresse, beaucoup d’ayants droit ont abandonné la pratique de l’entreposage et préfèrent stocker leurs maigres récoltes dans leurs domiciles. C’est ainsi que les igoudars ne sont plus entretenus" (L'économiste, 2004).

Un grand panneau de ciment indique bien le site, nous prenons à gauche sur une piste, et après 2 ou 3 minutes, nous apercevons le grenier et avons la surprise d'y voir 3 voitures stationnées!? Un groupe du conseil des droits de l'homme de l'ONU en visite au Maroc suit un guide pour visiter le grenier, nous n'aurons donc pas à chercher le gardien pour nous ouvrir. Comme leur visite débute, nous profitons des explications, moitié en arabe, moitié en français. Nous n'en comprenons donc qu'une partie (!) mais c'est bien suffisant pour se faire une idée. L'endroit est très impressionnant et pourtant il y a de plus gros igoudars encore ailleurs dans la région qui en compte plusieurs dizaines.

"Première frontière avant d’y pénétrer, des rangées de cactus, semblables à un ruban vert qui rehausse la beauté du monument. A l’intérieur, malgré son état désert et d’abandon, le lieu captive le visiteur et un silence étrange l’enveloppe pendant que, à travers les formes architecturales fignolées de l’édifice et son agencement, il plonge dans le passé. Tout raconte encore dans ces lieux les usages et les pratiques des siècles écoulés ainsi que le rôle de ces dépôts collectifs. Pas difficile de déceler que les maîtres jadis de la forteresse aimaient la sobriété. Les techniques architecturales et les matériaux utilisés sont locaux et s’intègrent harmonieusement dans le paysage. Toitures des greniers réalisées à base de tiges en bois d’arganier, portes en bois de thuya ou de chêne, tronc d’arbre pour pilier… rien ne laisse indifférent. En raison de ces caractéristiques, l’oeuvre, considérée autrefois surtout pour sa fonctionnalité, constitue aujourd’hui une véritable curiosité et école architecturale. C’est par une entrée en chicane que celle-ci s’ouvre au visiteur. Après le passage d’une cour et de deux autres portes, c’est la découverte de ce qui peut s’apparenter dans le temps à une chambre forte. Tout au long d’une allée, près de 200 entrepôts numérotés, pour la plupart cadenassés, sont rangés horizontalement, répartis de part et d’autre sur trois étages, gardés par deux tours. Ces dernières, en effet, servaient pour le guet. Aujourd’hui, seul un gardien veille sur les lieux. Quelques familles tentent de maintenir les traditions en y déposant leur récolte de blé. Mais l’agadir n’est plus fonctionnel tel qu’il l’était auparavant. Plus aucune richesse n’est déposée dans le site, mais la richesse de ces entrepôts fortifiés du passé n’est pas celle que l’on croit" (L'économiste, 2004).

Voir aussi la définition de greniers dans l'encyclopédie berbère, ainsi que l'article de André Adam dans la Revue de l'Occident musulman et de la Méditérannée, L'agadir berbère, une ville manquée?

De retour à Taroudant, nous grimpons sur la petite partie des remparts où aboutit un escalier, et du haut desquels nous avons une vue sur les alentours. Nous irons souper sur la grande place au restaurant les Arcades, à la terrasse qui surplombe la place et où nous pouvons observer sans être vus toute l'activité qui y règne en ce début de soirée.