Nous partons en taxi de l'hôtel à 7h00 pour prendre le vol de 10h30 car on nous a dit qu'avec la circulation lourde de Santiago ce pourrait être infernal. Nous mettons vingt minutes pour rejoindre l'aéroport ... pas de traffic du tout en ce jeudi matin. Nous nous enregistrons, laissons nos bagages, passons la sécurité vite fait et on est quitte pour une bonne attente assis à la porte d'embarquement, tâchant tant bien que mal de dormir un peu. Le décollage s'effectue à 11h00 au lieu de 10h30, le vol est sans histoire dans un tout petit avion flambant neuf de la compagnie Sky. Quand nous arrivons à Puerto Montt à midi quinze, le temps de descendre de l'avion et nos bagages sont déjà sur le carousel, notre transport nous attend et nous filons vers Puerto Varas où nous arrivons après une trentaine de minutes de voiture et deux postes de péage. Nous prenons notre charmante chambre à la Guest House vers 15h00 et sortons tout de suite se promener, même s'il mouillasse un peu, car nous présumons qu'il s'agit en fait de la plus belle température que nous aurons dans cette région réputée pour être pluvieuse et fraîche.
La petite ville est très touristique, avec une grande quantité d'hôtels, de restaurants et d'agences offrant des excursions de toutes sortes. Il y a quelques constructions douteuses sur les rives, des hôtels monumentaux qui déparent le paysage. Il n'y a toutefois pas grand monde dehors, quelques pêcheurs sur un quai municipal battu par le vent. De retour à la chambre, nous relaxons un peu avant de retourner en ville pour aller souper. Il est tôt pour les habitudes locales mais nous avons rendez-vous avec notre guide de kayak à 20h. Après souper, nous rencontrons Juan dans le salon de l'hôtel, ainsi que les 5 autres personnes qui participeront à l'excursion de kayak. Nos affaires de kayak sont prêtes ainsi que les sacs que nous laisserons à la Guest House.
Juan, notre guide pour l'excursion de kayak, passe nous prendre à 9h00, après le déjeuner que nous prenons à la guest house avec deux autres couples qui seront de l'expé. Nous entassons nos choses à l'arrière de la fourgonnette et prenons ensuite la route vers le Parque Nacional Alerce Andino. Nous empruntons le sentier qui mène jusqu'à la chute de la rivière Chaicas et à un immense mélèze, nommé "alerce" et catégorisé monument national au Chili. Le mélèze peut atteindre 50 mètres et vivre plus de 3000 ans. C'est une très belle et très facile randonnée, la nature est luxuriante, et nous sommes très chanceux: il ne pleut pas, il y a même quelques éclaircies, il ne fait pas trop chaud, il est trop tôt pour y avoir des moustiques, tout est parfait! Nous picniquons en bordure de la rivière juste après la sortie du parc sur un très beau site, sandwiches, soupe en sachet et gâteaux, avant de reprendre la route vers le traversier qui nous permettra de continuer sur la carreta australe en franchissant le fjord Reloncavi.
Nous arrivons juste à temps pour monter sur le bateau sur lequel nous effectuons la courte traversée d'une vingtaine de minutes environ. Arrivés de l'autre côté, il nous reste encore deux heures de route à faire, en passant par le petit village de Hornipiren; nous apercevons le volcan du même nom mais le sommet est dans les nuages. Il pleut sur la route, nous appréhendons devoir monter les tentes sous la pluie mais quand nous atteignons l'emplacement du "camp de base" chez la signora Nora, à Cholgo, sur la rive du fjord Comau, la pluie a cessé et c'est au sec, mais dans de l'herbe mouillée (et la crotte de mouton!), que nous installons notre campement pour les deux prochaines nuits. Une fois les tentes montées, nous arpentons un peu le terrain, puis sommes invités à souper dans la maison de la signora qui nous a préparé une soupe et un pâté succulents. Comme nous sommes végétariens, finalement tout le monde mange végétarien, c'est très sympathique et c'est la première fois que nous vivons cette situation! Nous buvons deux bouteilles de très bon vin en discutant avec nos équipiers, puis descendons sur la plage ramasser des moules pour le souper du lendemain. Nous attendons ensuite sous le porche que la pluie diminue un peu avant d'aller nous installer dans nos tentes.
Ce matin, après une nuit complètement pluvieuse et le déjeuner chez la signora Nora, nous bénéficions des explications de Juan au sujet des techniques de kayak et de récupération après avoir déssalé en kayak. Il mouillasse à peine pendant les explications et le temps est doux. Après avoir préparé quelques effets dans des sacs étanches, nous portons les kayaks sur plusieurs mètres avant de s'embarquer pour la journée. Dès le départ, à quelques mètres du bord, nous apercevons des dauphins. Après une trentaine de minutes, nous nous rassemblons pour pratiquer les techniques vues en théorie sur la plage ce matin. À tour de rôle, nous renversons nos kayaks, nous retrouvant à l'eau pour être récupérés par un autre kayak, et sommes ensuite les récupérateurs d'un autre tandem qui renverse. Lorsque nous sommes tous bien mouillés (mais moins frigorifiés qu'anticipé) nous pagayons une petite heure aux alentours, en admirant les magnifiques paysages que nous offrent les volcans et les sommets enneigés qui se découpent sur le ciel aujourd'hui presque complètement dégagé.
Nous arrêtons luncher sur la petite plage de galets d'une crique à l'eau cristalline, puis repartons vers las termas de Isla Llancahue. Il fait soleil quand nous y arrivons. Nous accrochons nos vêtements humides sur les balustrades et passons plus d'une heure dans les eaux chaudes dont nous nous extirpons à regret pour enfiler nos wetsuits et repartir vers le camp de base. Ce soir, après une copieuse soupe de moules et quelques verres de vin rouge, nous préparons notre équipement pour les deux jours de camping et d'excursion qui viennent. Il s'agit d'apporter le minimum tout en tenant compte du fait qu'il peut mouiller, venter, faire froid, faire soleil, tout est possible!
Levés à 7h30 pour démonter les tentes et préparer notre équipement, nous n'avons pas trop de mal à faire entrer les sacs étanches contenant les sacs de couchage, les matelas de sol, la tente et quelques vêtements de rechange dans les kayaks. Nous déjeunons ensuite chez la signora puis descendons les kayaks sur la plage: il ne faut pas moins de six personnes pour effectuer cette tâche car les longues embarcations tandem sont très lourdes, les caissons remplis de matériels, et l'aventure est assez dangereuse sur les cailloux glissants. Finalement ça y'est, nous partons! Le temps est radieux, nous n'en revenons pas de notre chance! Il fait beau et doux. Nous filons vers notre première destination: la large entrée du fjord Quintupeu. Comme le temps est clair, nous pouvons admirer les trois volcans qui nous entourent: le Yates, le Hornopiren et le Michimahuida. Nous mettons un peu plus d'une heure pour faire le court trajet car nous discutons et le guide nous donne des explications sur les sites d'élevage du saumon près desquels nous pagayons.
L'entrée du fjord est spectaculaire. Juan nous raconte que le lieu est "célèbre" car c'est ici, dans ce fjord, que se serait caché le Dresden, un croiseur léger de l'armée allemande, le seul bateau de guerre allemand toujours sur l'eau après la bataille aux Falkland en 1914 et poursuivi par des bateaux britanniques pendant plusieurs mois.
Nous arrêtons luncher au site d'une superbe cascade vers laquelle nous marchons sur un sentier, une quinzaine de minutes à peine.
Après le dîner, nous remontons dans nos kayaks pour traverser le fjord et nous approcher d'une superbe chute.
Le vent s'est levé et, après voir repris notre cap vers le fond du fjord, nous en profitons pour essayer les voiles d'appoint que nous avons installées ce matin à l'avant des kayaks. Nous tentons de surfer les vagues et cette petite voile est étonnamment efficace. Nous progressons à la même vitesse qu'en pagayant, mais sans pagayer! C'est une superbe expérience de profiter du vent et nous nous laissons pousser sans effort.
Nous avançons à bonne vitesse et parvenons vers 16h30 au fond du fjord où le rio Quintupeu rencontre l'eau du fjord. La marée haute nous permet de limiter le portage des kayaks au minimum pour nous rendre au site de campement, dans les herbes hautes. Nous installons les tentes, soupons d'un ragoût de lentilles et marchons le long des bancs de sables que la marée descendante découvre. Le paysage est superbe avec la vue sur les montages aux sommets enneigés et les flancs du fjord couverts d'une végétation luxuriante. Nous nous couchons tôt (11h00!!), car nous devons partir à 4h30 demain matin pour profiter de la marée haute afin de réduire le portage et aussi sortir du fjord avant que le vent ne se lève en fin d'avant-midi. Nous dormons bien mais peu, nous éveillant finalement à 2h30 am!
Il fait nuit noire quand nous nous éveillons, à 2h30 du matin. Avec les lampes frontales, nous démontons les tentes et remettons tout l'équipement dans les kayaks. Quelques uns d'entre nous tentent de déjeuner rapidement. Nous quittons le campement au fond du fjord à 4h30, à marée très haute, éclairés par la presque pleine lune dans un ciel complètement dégagé. Les wetsuit mouillés et le peu d'effort que nous fournissons sur cette eau calme ont vite fait de nous donner froid, mais le paysage est vraiment spectaculaire avec la brume qui enveloppe les flancs du fjord. Nous suivons la lumière verte de notre guide qui pagaie devant nous ainsi que celles des fermes d'élevage de saumons qui fonctionnent 24 heures sur 24. La consigne est d'allumer nos frontales lorsqu'un bateau vient vers nous, ce qui ne se produira que deux fois. Nous mettons moins d'une heure pour sortir du fjord, alors même que le soleil se lève franchement jetant une lumière rosée sur les montagnes environnantes. Nous longeons ensuite la côte pour refaire le trajet jusqu'au campement initial, et rencontrons quelques dauphins qui déjeunent devant les kayaks. Comme nous ne sommes pas pressés, nous les observons un long moment, avant de continuer notre route. Les derniers coups de pagaie sont donnés vers 7h30 alors que nous accostons à marée haute une heure plus tôt que prévu sur la plage devant le terrain de la signora Nora.
Il s'agit alors de vider les kayaks, refaire les bagages, tout entrer dans la fourgonnette et nous pouvons alors "luncher" vers 9h30, d'une soupe aux moules avec 2 bouteilles de vin rouge! Plusieurs heures de route nous attendent ensuite et nous dormirons tous à tour de rôle, certains tout le trajet jusqu'au ferry et même ensuite, jusqu'à Puerto Varas où nous retrouvons notre guest house et nos bagages qui nous attendent sagement dessous un escalier (mais qui ont pris une odeur d'humidité qui ne les quittera plus de tout le voyage et même après!). Nous prenons une douche chaude et réconfortante, sortons souper et profitons du confort de notre lit pour reprendre un peu les heures de sommeil perdues!
