images de nous
Jour 21-23 Ushuaia

 

12 décembre - Jour 21 Ushuaia

C'est à bord d'un avion de Aerolinas Argentinas que nous survolons le lago Argentino puis la cordillère des andes avant d'apercevoir la queue du continent américain que nous quittons pour traverser le détroit de Magellan et atteindre la terre de feu. Nous atterrissons à Ushuaia après avoir profité de vues spectaculaires sur la cordillère de Darwin. Le temps est incertain et le chauffeur qui nous accueille à l'aéroport nous explique qu'il fait particulièrement froid et maussade pour cette période de l'année où l'été devrait être aux portes. Sitôt installés à notre chambre nous nous hâtons de sortir pour profiter des éclaircies et prendre quelques photos de la petite ville avant qu'il ne pleuve ou ne neige. Notre hôtel est presque dans le port et nous apercevons de notre fenêtre les grands bateaux de croisières d'où débarquent des hordes de visiteurs tous vêtus du même anorak orangé qui leur donne un air de colonie de vacances.

Nous marchons la rue qui longe le port, la prefectura Naval, puis prenons Luis Pedro Fique pour faire le tour à pied de la Bahia Encerrada où s'ébrouent quelques canards, en passant par l'aeroclub d'Ushuaia, accompagnés par un chien semi-aveugle qui cherche à sympathiser en nous protégeant des mouettes après lesquelles il jappe et court sans relâche. La ville est belle sous les rayons de soleil et les nuages chargés et même si le vent est froid, nous marchons deux bonnes heures. Nous localisons une épicerie et quelques restaurants, les prix sont exhorbitants dans tous les cas. Nous apprenons que les salaires sont très élevés à Ushuaia (le triple de la moyenne nationale) où l'industrie de l'assemblage est prospère en raison de la zone franche. Nos salaires ne sont pas à l'avenant et nous nous sentirons complètement floués toutes les fois que nous sortirons de l'argent de nos poches pour nous nourrir.

 

13 décembre - Jour 22: Parque nacional Tierra del Fuego

Après le copieux déjeuner, nous partons en voiture d'assez bon matin, pour prendre 4 autres passagers à leurs hôtels respectifs et filer ensuite vers le Parque nacional Tierra del Fuego. Le temps est maussade, il neige même un peu, la guide est découragée: l'été débute officiellement dans quelques jours, et l'hiver a été long, il y a eu de la neige de mai à octobre! Nous ne sommes pas si déprimés, puisque nous avons eu du beau temps pendant tout le voyage, et que la neige ne nous déplaît pas, elle nous met dans un bon état d'esprit pour le retour. Nous mettons une vingtaine de minutes sur la route 3, vers l'ouest, pour rejoindre la station touristique du tren del fin del mundo, où nous déposons deux passagers qui embarqueront dans le train pour faire une partie du trajet. Nous déclinons pour notre part cette invitation car il en coûte quand même plus de 75$ pour faire le trajet qui dure une heure dans la forêt, animé par des gens déguisés en "époque" qui nous racontent la vie des prisonniers qui ont bâti le chemin de fer. Nous descendons pour visiter la gare le temps de s'assurer qu'ils partent bien. Le véritable train, en service entre 1909 et 1952, servait comme moyen de transport pour des matériaux de construction et du bois de chauffage. Les prisonniers furent affectés aux travaux de construction puis de prolongement des voies. Un séisme détruisit dans les années cinquante la plus grande partie de la ligne ferroviaire mais comme la prison avait été fermée auparavant, personne ne s'en soucia. Des vingt-cinq kilomètres de la ligne originale, il ne reste maintenant que huit kilomètres qui ont été remis en service au début des années quatre-vingt-dix dans un but touristique. La gare abrite un restaurant, un atelier, des photos d'époque et une boutique de souvenirs où on peut acheter des habits de prisonniers!

Nous nous rendons pour notre part à Bahia Ensenada où nous empruntons un sentier dans la forêt que l'on peut suivre sur huit kilomètres et qui mène éventuellement à Bahia Lapataja. Nous ne faisons qu'une portion du trajet, environ trois quarts d'heure pendant lesquels nous ne gelons pas trop puisque nous sommes à l'abri, mais dès que le sentier sort de la forêt pour approcher la côte, le vent furieux et la petite neigette nous fouettent le visage. Nous l'avons enfin, notre température patagonienne! Après avoir repris les deux passagers qui sortent du train, nous partons vers le lago Roca. Nous empruntons le sentier interprétatif qui longe le rio Lapataja jusqu'au centre de visiteur où nous parcourons la petite exposition explicative du phénomène glaciaire, de la vie des premiers habitants, les Yamanas, de la faune et de la flore locale. Dans la portion "espèces animales introduites par l'homme", on parle abondamment du castor, amené du Canada, dont on espérait faire le commerce de la fourrure pour tirer de bons revenus: 25 couples furent introduits en 1946 et ils sont aujourd'hui plusieurs centaines de milliers d'individus. Or, le climat n'étant pas assez froid, le castor ne développe pas en terre de feu une fourrure intéressante pour le commerce. Par contre, comme il n'a pas de prédateur et que les ressources sont abondantes, il s'est tout de même très bien et même trop bien adapté à l'environnement où il prospère. Il concurrence l'homme au niveau de l'exploitation forestière en utilisant de gros arbres pour construire des barrages; ces derniers inondent des terres qui ne peuvent ainsi plus être utilisées pour les pâturages. La création de ces prairies, façonnées par les barrages, favorise aussi l'implantation et la colonisation de nombreuses plantes exotiques qui bouleversent l'écosystème et menacent la biodiversité de cet environnement déjà fragile, qui prend des millénaires à se regénérer. Après cette petite visite, nous repartons pour bahia Lapataja, où un sentier d'une vingtaine de minutes sur trottoirs de bois nous permet d'atteindre un point de vue sur la baie et ses alentours. Le spectacle est superbe, en dépit du temps couvert. Nous redescendons le sentier jusqu'au fameux panneau: fin de la route, fin du monde, où tout le monde veut se faire photographier. C'est la fin de la visite, nous mettons une trentaine de minutes à retourner en ville. Le ciel se dégage un peu en fin d'après-midi quand nous sortons faire des courses après la sieste.

 

14 décembre - Jour 23: Canal de Beagle

Avec la chance qui nous colle depuis le début du voyage, un soleil radieux entre dans la chambre ce matin alors que nous partons pour une excursion en catamaran sur le canal de Beagle, qui devait avoir lieu hier mais que nous avons remise à cause du temps maussade. En attendant l'heure du départ, nous marchons sur les quais où les nombreuses boutiques hors-taxes ne sont pas encore ouvertes. Lorsque nous embarquons sur l'énorme catamaran à 9h00, le ciel s'est couvert mais la température est beaucoup clémente qu'hier et nous aurons droit à de belles éclaircies pendant les trois prochaines heures.

Nous quittons la baie d'Ushuaia par le paso Chico, puis naviguons vers l'archipel Bridges. Nous nous approchons d'abord de Isla de Los Pajaros où nous pouvons observer de très près des labbes, des brassemers de Patagonie (canards vapeur), des albatros à sourcils noirs, et plusieurs sortes de goélands. Nous visitons ensuite les colonies de cormorans qui peuplent l'île du phare Les Éclaireurs.

Puis nous accostons sur une des îles de l'archipel Bridges pour faire quelques pas sur un îlot rocheux où nous pouvons observer des oies (cauquenes) sauvages de Magellan, que nous avions déjà eu la chance de voir dans le parc de Torres del Paine. Nous marchons lentement à la queue-leu-leu sur les trottoirs de bois en observant la faune de type toundra pendant une vingtaine de minutes avant de remonter à bord du catamaran.

Nous approchons ensuite de Isla de los Lobos où nous observons pendant de longues minutes les lions de mer qui relaxent sur les rochers et qui pataugent autour de l'île.

Finalement, nous repassons près du phare des Éclaireurs pour observer à nouveau les colonies de cormorans, puis revenons tranquillement vers Ushuaia, le port et notre hôtel que nous apercevons au loin.