Après un vol sans histoire, nous atterrissons à Punta Arenas où nous attend notre guide pour les prochains jours, Carlos Leon. Originaire de Punta Arenas et habitant maintenant à Puerto Natales, et menant des groupes dans les environs et particulièrement dans Torres del Paine depuis vingt ans, il sait tout ce qu'il y a à savoir et répond avec enthousiasme et précision à nos nombreuses questions dès notre arrivée. Nous prenons avec lui un taxi depuis l'aéroport jusqu'à notre hôtel, où nous faisons une petite sieste de fin d'après-midi. Nous rejoignons Carlos dans les aires communes de l'hôtel pour préparer un peu les prochaines journées, à l'aide des documents qu'il a apportés. Nous partons ensuite à pied pour aller souper en ville. Comme depuis le début du voyage, et comme ce n'était pas prévu, il fait un temps radieux, plus de 20 degrés celcius avec un gros soleil. Nous apprenons déjà à connaître la région en discutant avec Carlos pendant tout le souper et nous rentrons à l'hôtel en fin de soirée, en marchant lentement pour profiter du temps doux.
Après le déjeuner, Carlos vient nous prendre à l'hôtel avec la voiture de location qu'il a récupérée ce matin. Nous avons préparé un sac pour les prochains jours et un autre sac que nous laisserons à Puerto Natales, à l'hôtel où nous logerons après le séjour dans le parc. Après nous avoir regardé sur une carte le trajet de la journée, nous quittons l'hôtel vers 9h00 pour faire quelques arrêts dans Punta Arenas. Nous montons d'abord au mirador Cerro La Cruz, d'où on a une très belle vue sur la ville, le port, le détroit de Magellan et Tierra del Fuego. Nous visitons ensuite le cimetière de Punta Arenas, grand cimetière de quatre hectares et désigné monument national du Chili en 2012. On peut y admirer les mausolées des grandes familles de colons de la région, comme les Kusanovic, Menèndez-Montes, Blanchard et Braun Hamburger.
Nous quittons ensuite Punta Arenas pour filer par la grande route 9 jusqu'à Puerto Natales, au début en longeant le détroit de Magellan. On passe de rares petites communes, et nous faisons un arrêt à mi-chemin environ, à Laguna Blanca, un bled perdu de 200 personnes, où nous pouvons utiliser les toilettes moyennent 0,50$CAD, et acheter des rafraîchissements. Le temps est plutôt couvert mais il ne pleut pas. À Puerto Natales, nous laissons quelques-uns de nos bagages à l'hôtel où nous reviendrons dans cinq jours; puis Carlos nous amène luncher dans un sympathique café, le "por que no te callas" où nous mangeons bien et relaxons un peu.
Après quoi, nous reprenons la route vers le parc. Il faut habituellement compter environ deux heures pour rejoindre le parc depuis Puerto Natales. Nous avons mis plus longtemps car nous avons fait de nombreux arrêts. À la fin de la route 9, nous arrêtons à Cerro Castillo, pour nous délier les jambes, boire un thé et utiliser les toilettes moyennant quelques pesos. Plusieurs autobus sont arrêtés pour permettre aux passagers de faire quelques achats à la cafeteria et la boutique de souvenirs. Nous faisons un tour dans le petit hameau où s'affrontent parfois, semble-t-il, les équipes de soccer locale et argentine, car la frontière est tout à côté. Cette petite pause nous permet de nous secouer un peu car la route nous a un peu assommés! Nous arrêtons ensuite près du lago Sarmiento, notre premier réel point de vue spectaculaire sur les Torres. Nous sommes vraiment émus car on n'est jamais certains de les apercevoir quand on ne séjourne que quelques jours dans le parc: nous savions qu'il y avait de fortes possibilités que les tours soient dans les nuages tout le temps et que nous n'en voyions que la base. Et voilà que pas même encore arrivés dans le parc, nous pouvons les distinguer parfaitement au loin. Le paysage est splendide et nous sommes déjà complètement bouleversés d'être ici. Nous arrêtons ensuite plusieurs fois pour observer des groupes de guanacos qui paissent calmement en avant plan du spectaculaire massif.
Comme la route qui mène directement à la Guarderia Laguna Amarga est fermée temporairement pour travaux, nous devons faire un détour par une boucle vers le nord et cela nous donne la chance d'arrêter à la cascada Rio Paine.
La route longe ensuite le Rio Paine jusqu'à ce que nous arrivions à la porteria Laguna Amarga, où nous nous enregistrons et payons les droits d'accès. Il reste 7.5km pour rejoindre le refugio Torre Central où nous arrivons vers 18h00. Nous profitons de la vue sur les tours et nous couchons assez tôt en prévision d'une grosse journée demain.
Après avoir déjeuné au réfectoire, c'est vers 8h00 que nous commençons à marcher vers le sentier Ascensio qui débute tout près de l'hôtel Las Torres. La première portion, jusqu'au refugio Chileno, grimpe un peu mais il fait très beau et nous arrêtons souvent pour admirer le paysage que nous laissons derrière nous. Nous mettons deux heures pour rejoindre le refuge. Il y a pas mal de monde, des gens qui ont couché au refuge ou en camping et qui démarrent leur journée, soit en descente vers Torre Central, soit sur l'Ascencio. Se joignent aussi à nous sur le sentier des gens qui font le W et vont et viennent du refuge des Los Cuernos. Nous nous assoyons quelques minutes pour manger une pomme et admirer la vue sur le rio Ascencio qui coule au creux de la vallée.
Après la petite pause à Chileno, nous repartons en longeant la rivière en furie que nous traversons un peu plus loin pour reprendre un sentier en forêt sur l'autre rive. Nous atteignons le campamento Torres au bout d'une heure et demie de marche assez facile. C'est le moment d'une deuxième pause, avant de sortir de la forêt, assis à l'ombre sur un gros tronc tombé: il fait beaucoup plus chaud que ce à quoi nous nous attendions, heureusement que nous sommes partis tôt.
C'est à partir de ce point que l'on débute la dernière montée, dans les gros cailloux, pour traverser la moraine vers la base des tours. Nous mettons une heure pour arriver au point de vue et nous sommes encore une fois très chanceux: bien que le ciel soit couvert, les tours sont complètement dégagées et nous les voyons se réfléter dans le lac à leurs pieds.
Nous prenons une petite heure de pause pour luncher et discuter avec Carlos. Après quoi, pas le choix, il nous faut rebrousser chemin, ce qui n'est pas vraiment une plus mince affaire que l'aller: le sentier qui montait abruptement redescend de la même manière et ce sont les genoux qui encaissent le coup. Après le refuge Chileno, en sortant de la forêt, le soleil est chaud et nous sommes en sueurs et en tshirt pour finir la dernière heure et demie du trajet. Nous arrivons vers 18h00 au refuge, où nous sommes ravis d'enlever nos bottes et de nous doucher avant d'aller souper et profiter d'une bière bien méritée!
Après le déjeuner nous remballons nos affaires dans la voiture et quittons définitivement le refugio Torre Central. Nous prenons la route et profitons bien à l'abri dans la voiture des magnifiques vues sur l'Almirante Nieto et les Cuernos par-delà le lago Nordenskjold sur lequel le soleil et les nuages dessinent des reflets chatoyants. Quand nous sortons de la voiture au mirador del Nordenskjold pour faire quelques pas nous sommes contraints de nous pencher pour ne pas être emportés par les plus fortes bourrasques auxquelles nous ayons jamais été exposés! Nous sommes récompensés de notre bravoure par un petit arc-en-ciel qui apparaît devant les Cuernos.
Nous poursuivons notre route jusqu'au stationnement du salto Grande. Comme il est encore tôt, il n'y a pas un chat. Après nous être bien habillés pour faire face aux vents violents, nous descendons de la voiture pour marcher jusqu'à la spectaculaire chute qui nous envoie une bruine fraîche entraînée par les bourrasques épeurantes qui nous font nous agripper au parapet. Il nous semble vraiment incroyable que la petite flore que nous voyons partout parvienne à survivre dans ces conditions. Nous prenons ensuite le petit sentier pour le mirador Cuernos.
Nous mettons environ une heure à pas lents pour rejoindre le magnifique point de vue. Pendant le trajet, nous devons parfois nous coucher au sol tellement les rafales sont fortes, mais il ne fait pas froid et le temps est magnifique. Arrivés au mirador, nous pouvons admirer, derrière le lago Nordenskjold, les Cuernos qui se dressent et sur lesquelles on distingue clairement les couches sédimentaires, à la base et au sommet, contrastant avec la partie centrale constituée de granite. On voit aussi le refuge Los Cuernos duquel on n'a certainement pas la même vue sur les dites cornes. Sur le chemin du retour, les nuages dans la valle del Frances se sont un peu dissipés et on aperçoit quelques éléments du cirque qui l'encercle: Cerro Cota, Cerro Catedral, l'Aleta del Tiburon et Fortaleza.
Après le lunch, nous marchons sur le sentier qui mène au mirador lago Toro, pour s'offrir une vue à 360 degrés sur les alentours. La randonnée n'est pas vraiment difficile mais dans quelques portions abruptes et à découvert les fortes bourrasques nous incitent à la prudence! La température est passablement plus fraîche arrivé au point de vue battu par les vents, et après avoir bien tournés sur nous-mêmes à quelques reprises, nous redescendons moitié en marchant, moitié en glissant, pour revenir à la voiture. Nous filons vers le camping Pehoe, où nous partagerons en soirée un immense restaurant avec 6 autres personnes et boirons du vin en profitant du panorama superbe sur le massif Paine.
Ce matin nous quittons tôt, juste au lever du soleil, pour rejoindre le lago Grey d'où nous partirons pour une excursion en bateau jusqu'au glacier où nous espérons faire une petite balade en kayak à partir du refuge. Nous avons déjà réservé cette activité mais le vent qui semble ce matin avoir doublé d'intensité par rapport à hier (quand il était déjà violent!) nous fait douter de la faisabilité de la chose! Toute notre documentation et celle de notre guide mentionne que nous devons nous présenter à 7h00 à la réception de l'hôtel Lago Grey; en arrivant, on nous apprend qu'en fait nous sommes une heure trop tôt ... même si les dépliants offerts sur place affichent toujours l'ancien horaire. On nous invite à déjeuner dans la salle à manger, avec les clients de l'hôtel, en profitant de la magnifique vue offerte sur le glacier Grey. Nous enfilons ensuite nos kit imperméables et partons avec nos sacs étanches et tout notre équipement. Nous gardons espoir de nous assoir dans un kayak malgré les bourrasques qui nous poussent sur le côté pendant que nous marchons sur la grève pour rejoindre le bateau de l'excursion. Le paysage est déjà spectaculaire avec les petits iceberg qui flottent près des rives et scintillent sous le soleil. Après les recommandations d'usage et la remise des vestes de flottaison, nous embarquons dans le petit zodiac qui nous mène à l'arrière du bateau, où nous grimpons dans une échelle pour atteindre le pont.
Le bateau est plein et les vagues le frappent de plein fouet, sur le devant et les côtés. Le guide vient nous informer qu'il a discuté avec les gens du kayak et que l'excursion ne sera pas possible étant donné les conditions. Il nous offre de descendre quand même au refuge, avec un autre couple qui a prévu marcher aux alentours et nous acceptons mais il nous avise finalement qu'il ne sera pas même possible de débarquer du bateau. Un zodiac viendra toutefois à notre rencontre pour échanger du matériel, ce qui nous laisse perplexe quant aux véritables raisons de l'annulation de l'activité. À dire vrai, nous avons assez l'impression de nous faire avoir. Mais comme au même moment nous arrivons aux abords du glacier, que la vue est superbe et qu'on nous sert des pisco sour, nous faisons contre mauvaise fortune bon coeur et profitons du reste de la balade. On nous invite à sortir sur le pont et nous montons tous dans un joyeux chaos. Étant donné le vent violent, nous ne faisons pas le trajet habituel et n'entrons pas dans la petite baie, près du refugio Grey. Nous approchons plutôt tranquillement du cap rocheux, La Isla, que nous longeons tranquillement par la droite puis le glacier se découvre. Toutes les vues sont belles, même derrière nous sur le lac et les montagnes qui l'entourent.
Nous nous approchons du glacier et il nous semble que nous l'effleurons presque. Pendant que tout le monde prend des selfies, on entend tout à coup un grand bruit et un morceau se détache et tombe à l'eau juste sous nos yeux! Les HO et les HA retentissent pendant que les caméras crépitent. Nous passons ensuite une bonne vingtaine de minutes à longer lentement le glacier et malgré la foule sur le pont il est quand même assez facile d'avoir de bonnes vues. D'autant plus qu'il ne fait pas chaud et après avoir pris une dizaine de selfies dans toutes les positions, une bonne partie des gens rentrent dans la cabine et nous restons une dizaine de personnes seulement sur le pont pour la fin du parcours.
De retour sur la plage, nous revenons tranquillement par le petit sentier jusqu'au stationnement où Carlos nous attend, car il avait des doutes quant au fait que nous pourrions kayaker et il est donc venu nous attendre plus tôt qu'à l'heure prévue. Nous remontons dans la voiture pour la dernière portion de notre voyage avec Carlos, qui nous laisse à notre hôtel à Rio Serrano. La chaleur du poele à bois nous réconforte en entrant et nous filons directement à notre chambre où nous mangeons notre lunch box blottis dans le confort des couvertures de nos deux lits. Nous souperons dans la verrière de l'hôtel, en buvant de l'excellent vin, tandis que la première vraie pluie du voyage frappe violemment les carreaux, mais nous sommes à l'abri, au chaud et parfaitement contents.
Après le déjeuner pris dans la verrière, nous partons avec le gérant de l'hôtel qui nous a promis hier soir de nous mener à l'endroit où nous devons embarquer sur le zodiac pour l'excursion du jour, sur le Rio Serrano. Malheusement, il s'est trompé de compagnie d'expédition et après avoir marché à travers champ, la fille à la réception nous informe que nous ne sommes pas au bon endroit. Il ne reste que cinq minutes pour rejoindre l'autre rive et le gérant part en courant devant nous pour s'assurer qu'on nous attende à l'embarquement. Nous arrivons à temps finalement pour la partie zodiac d'une excursion en deux temps, jusqu'au glacier Serrano; nous devons ensuite changer d'embarcation pour un plus gros bateau qui nous amènera jusqu'à Puerto Natales en passant par le glacier Balmaceda. Nos bagages seront transportés à Puerto Natales, à notre hôtel. Nous sommes les deux seuls passagers à faire cette excursion, les autres font l'aller-retour en zodiac. Le chauffeur et le guide du zodiac nous informe cependant qu'il se peut que nous ne soyons pas en mesure d'attraper notre "correspondance" car les eaux sont agitées et le temps incertain. Il nous dit de ne pas nous en faire, si nous ne pouvons pas prendre le bateau pour la deuxième partie, il viendra nous reconduire en pick-up à Puerto Natales: nous ne sommes pas confiants! Nous enfilons les combinaisons flottantes et isolantes qui sont fournies pour la portion zodiac: disons qu'elles ne sont pas superflue! Notre chance nous a un peu abandonnés pour ce matin, c'est nuageux et sitôt sur l'eau il se met à tomber un petit crachin qui, avec la vitesse à laquelle nous sommes propulsés, nous fouette brutalement le visage. Le quai où nous embarquons se situe à la confluence du Rio Grey avec le Rio Serrano. Une quinzaine de minutes après le départ, nous devons descendre pour un petit portage, c'est à dire une petite marche car nous ne portons évidemment pas le zodiac, pour contourner une petite chute après laquelle nous repartons le gaz au fond! Nous gardons la tête penchées dans nos capuchons, le paysage est enveloppé de nuages mais de toute façon, nous ne regardons que le fond du zodiac.
Nous mettons environ une heure et demie pour rejoindre un petit quai où nous accostons. Nous arrivons en même temps qu'un autre bateau, fermé celui-là. Notre guide nous annonce que c'est le bateau avec lequel nous allons continuer, qui accoste lui aussi car les passagers font un arrêt à cet endroit. Nous sommes tellement ravis de ne pas faire le retour en zodiac! Nous débarquons, retirons nos combinaisons, et partons marcher sur le sentier qui mène au point de vue sur le glacier Serrano.
Nous restons une bonne heure sur les sentiers, puis rembarquons sur le bateau où nous nous assoyons au chaud, devant un écran où on projette en boucle des videos de Enya. Nous repartons sur la rivière, nous approchons d'une immense chute qui coule entre les deux glaciers, le Serrano et le Balmaceda, que nous allons voir ensuite et qui recule tellement qu'il ne pourra bientôt plus constituer une quelconque attraction. Les gens sortent sur le pont prendre quelques selfies, et c'est le chaos pour quelques minutes, puis ils reviennent se mettent à l'abri et on a la vue toute à soi. Nous prenons le chemin du retour à bonne vitesse, en buvant un pisco sour et en admirant le paysage.
Nous mettons un peu moins de deux heures pour rejoindre Puerto Consuelo où nous débarquons pour un lunch tardif à l'estancia du même nom: asados de moutons pour tout le monde, sauf nous pour qui on a prévu du saumon, fiou! Le repas est bon et copieux: salades, pain, saumon, légumes et vin à volonté, nous ne nous sentons pas capable d'avaler le pouding au riz et sortons marcher sur la propriété en attendant le bus qui va nous ramener à Puerto Natales en une vingtaine de minutes. Nous arrivons à notre hôtel vers 18h00, après une longue journée, et sommes ravis de constater que nos bagages s'y trouvent déjà. Nous buvons les dernières bières du restaurant au rez-de-chaussée puis sortons marcher un peu dans la petite ville où il tombe encore une petite pluie tiède ce soir.
