images de nous
chitwan

Lever assez tôt, 5h30, pour prendre le bus dit "touristique" pour Chitwan à 7h00. Nous laissons de nouveau nos bagages supplémentaires à la réception de l'hôtel. Nous n'apportons en fait avec nous que chacun un sac de jour de 25 litres dont le contenu nous a été amplement suffisant pour 3 jours/2 nuits. Un guide de l'agence vient nous prendre à pied pour nous mener à l'arrêt de bus qui est à quelques pas de l'hôtel, sur le grand boulevard Kanipath; mais le guide n'est pas inutile, car il y a au moins une vingtaine de bus qui attendent leur passager pour toutes sortes de destinations, et le guide lui-même a peine à s'y retrouver. Il s'agit de demander à chaque chauffeur en lui montrant le billet ..... Nous montons et nous installons à nos places, qui sont assignées, ce à quoi nous ne sommes pas habitués chez nous. Bon. Martin est certainement plus confortable que dans le bus local, car il peut loger ses jambes devant lui et il n'a pas l'appui-bras en métal qui lui plante dans les côtes. Les sièges sont tout aussi sales mais la suspension cogne un peu moins.

Petit embouteillage pour sortir de Katmandou, comme à l'habitude. Nous prenons ensuite la même route que pour le départ du trek, soit vers Pokhara. Lorsque le bus s'arrête pour la pause pipi, nous achetons aussi des bananes (300 roupies pour 12) en guise de déjeuner. C'est à l'embranchement dont la route à droite part vers Pokhara que nous prenons plutôt à gauche. Les routes sont dévastées, criblées de trous énormes, nous nous faisons passablement secouer. Nous arrivons finalement au Island Jungle Resort vers 12h40. Nous sommes à Bharatpur Heights; le resort a ouvert un hôtel ici, pour les gens qui préfèrent coucher au "luxe"(!) plutôt que dans la réserve même. On nous sert un succulent dhalbhat pour dîner.

Puis un taxi nous emporte vers le lodge où nous passerons les deux prochaines nuits. La voiture roule sur une très belle route du Terai; nous sommes impressionnés par la qualité du bithume! Puis, nous tournons à gauche sur une route en terre, qui traverse un petit bourg après lequel elle devient une simple piste, caillouteuse à mort. Le chauffeur n'a pas l'air inquiet pour sa mécanique, mais nous sommes au comble de l'étonnement d'être en voiture sur un tel terrain. Nous arrivons comme au bout du monde, au bord d'une superbe rivière au courant impressionnant.

Deux hommes longent la rive opposée en genre de pirogue. Notre chauffeur de taxi les hélent. Ils viennent nous chercher en remontant d'abord le courant pour nous dépasser et ensuite se laisser redescendre vers nous.

Ils embarquent en plus de nous deux et de nos sacs, une grande quantité de légumes, couvertures et autres denrées. La traversée est très zen. Juste avant d'arriver, nous franchissons de petites eaux vives ....cette embarcation est une des plus stables dans lesquelles je sois montée.

Nous arrivons au lodge au fond d'une petite baie. On nous reçoit avec un verre de cola (!), puis on nous explique le fonctionnement du resort et on nous mène à notre chambre qui est ma foi charmante. Elle est toutefois assez humide, et elle le sera encore plus à l'heure du coucher. Nous partons marcher dans la jungle pendant une heure et demi. Nous entendons toutes sortes de bruits. Il faut dire que le guide nous a donné quelques consignes avant le départ, qui ont éveillé nos sens! Ainsi nous explique-t-il que si un rhinocéros nous charge, il s'agit de se cacher derrière un arbre; s'il nous charge tout de même, il faut alors tout simplement grimper à l'arbre! Si toutefois nous rencontrons un tigre, il faudra plutôt le regarder dans les yeux jusqu'à ce qu'il parte ...!?!!? je suis pour le moins perplexe. Le guide est "armé" d'un bâton dont il se servirait, prétend-il, pour repousser une attaque de rhinocéros!! Je ne suis plus perplexe, je suis carrément méfiante! Tous mes espoirs resposent maintenant sur le fait que je suis convaincue que nos chances de rencontrer toutes ces bêtes terrifiantes sont presque nulles. Ours, tigres, rhinocéros, serpents, léopards, très peu pour moi. Quelques oiseaux et le paysage me suffiront amplement.

Pour ne pas gâcher le plaisir de Martin, je me retiens de parler et marcher trop fort, ce qui me garantirait de garder à distance les animaux .... et nous marchons silencieusement à travers la végétation luxuriante sur des sentiers par contre dévastés par les éléphants qui y passent souvent.

Cette marche silencieuse crée une drôle d'ambiance et soudainement les bruits de quelques singes nous mettent sur les nerfs!

Le bord de l'eau est splendide, à la lumière de la fin d'après-midi et nous apercevons même des sommets enneigés au loin, très loin, quoique nous soyons dans le Terai.

L'électricité et donc, l'eau chaude dans les douches, est en fonction de 17h30 à 22h00, après quoi on nous équipe de lampes au kerosène, qui sont récupérées au matin.

Nous prenons 2 bières au bar, puis, après un petit spectacle de danse présenté par de présumés villageois des alentours (!?), nous soupons du même dhalbhat que pour dîner! Nous passons un peu de temps sur la très belle terrasse du bar avant d'aller au dodo. Nous constatons qu'il aurait fallu les sacs de couchage .... les draps et les couvertures sont plus humides que dans une tente, tout pue le chien mouillé. Toutefois, il n'y a pas l'ombre d'un moustique et il fait chaud.

Le lendemain matin, nous partons pour un tour d'éléphant à 8h45. La brume est si épaisse qu'on la voit et qu'elle nous mouille le visage en marchant!

La balade à dos d'éléphant est très agréable quoique peu confortable surtout pour Martin qui n'ose pas appuyer ses bottes sur la peau de la bête, de peur de la blesser. Pendant 1 heure et demi, nous arpentons la forêt sur le mastodonte qui détruit tout sur son passage; comme nous sortons des sentiers pour entrer carrément dans la forêt, l'éléphant piétine et laboure le terrain. Et quand nous tombons face à face avec un rhinocéros, qui nous regarde d'un air placide, notre guide donne l'ordre à l'éléphant d'arracher les arbres qui nous bloquent la vue!! Nous prenons plein de photos, le rhino tente de s'éloigner mais nous le suivons de loin et le retrouvons plusieurs fois. Puis nous rentrons. Aucune activité n'est prévue entre 11h30 et 15h30. Le temps est un peu long. Nous dormons au soleil près de la rivière. Après le dhalbhat d'accueil en ville qui était très très bon, tout le reste de la nourriture s'est révélé vraiment quelconque et peu variée: nous mangeons toujours les mêmes choses, c'est assez décevant à ce point de vue également.

Vers 16h00 nous partons en "jungle walk", randonnée dans la jungle, avec deux guides, rando de laquelle nous reviendrons en pirogue jusqu'au camp. Nous avons hâte, car la rivière est belle et ce sera calme au soleil couchant.

Toutefois, la "jungle walk" prend une tournure inattendue, pour nous à tout le moins. Nous marchons d'abord tranquillement, l'oeil et les oreilles aux aguets en espérant voir un animal au détour d'un sentier. Tout à coup, le guide me tape sur le bras et pointe en avant: un rhinoceros se baigne dans une mare de boue, on lui voit à peine les oreilles qui dépassent de la surface. Nous nous avançons précautioneusement, mais bien sûr l'animal nous entend, se retourne vers nous et visiblement mécontent d'être dérangé (on ne peut pas le blâmer ...) s'extirpe du bain en un saut et se sauve heureusement dans la direction opposée. Eh bien! nous sommes contents, avons pris quelques photos .... voilà que les guides partent en avant et nous font signe de les suivre ..... nous marchons dans les traces de boue que le rhino a laissées, en fait nous courons littéralement dans la boue et les branchailles qui nous griffent le visage et nous fouettent les jambes!

C'est un des moments les plus ridicules de ma vie! Je n'en reviens pas, je regarde Martin d'un air incrédule et lui demande: "sommes-nous vraiment en train de poursuivre un rhinocéros?!??!". Nous n'avons d'autre choix que de suivre le petit groupe, car autrement nous nous retrouverons tous les deux égarés dans la forêt; nous courons donc derrière les autres. Deux fois, nous retrouverons le rhino, qui ne doit pas en revenir de notre entêtement. Nous devons nous cacher derrière des arbres ou se tenir près des éléphants pour éviter qu'il ne nous charge .... Au bout du compte, après l'avoir traqué pendant 30 minutes, nous le coinçons dans un champs d'herbes hautes, où il machonne tranquillement en nous regardant d'un air découragé .... Je ne cesse de me dire que c'est une grande chance que nous n'ayons pas rencontré de tigre (ce qui est quasiment impossible de toute façon), vu l'attitude des guides, disons que je ne me serais pas sentie tout à fait en sécurité, c'est le moins qu'on puisse dire. Nous reprenons le sentier pour se rendre au bord de la rivière où la barque nous attend. Le retour en bateau ne prend pas plus de 15 minutes, malheureusement car c'est très agréable. Le soleil descend, la température est douce, les couleurs sont superbes, tout est tranquille. Nous serions en paix sans cet Américain derrière nous qui ne cesse de parler de cette traque insensée comme s'il venait de vivre l'aventure de sa vie. Visiblement, nous sommes les seuls à être scandalisés de cette chasse au rhino! les autres participants sont ravis. Croient-ils sérieusement que tout cela n'est pas mis en scène? Nous sommes sur une île, les touristes doivent voir toujours les mêmes 4 rhinos qui commencent certainement à s'habituer à la présence humaine. Les guides poussent sûrement sur l'aspect danger et aventure de l'affaire, pour que les gens repartent avec de belles histoires à raconter à leurs amis.

Ce n'est pas notre idée de l'observation de la nature que de traquer, harceler, apeurer et pourchasser les bêtes pour les prendre en photo. Si on a la chance de les apercevoir en marchant tranquillement, silencieusement, en les cherchant même un peu, c'est d'accord; mais au-delà, cela nous paraît exagéré. Nous sommes très mal à l'aise avec toute cette expérience et finalement ressassons tout cela dans nos tête le reste du trajet. Nous en discutons arrivés à notre chambre où nous prenons une douche car cette course en forêt nous a mis en sueurs, et nous poursuivons la discussion avec quelques bières sur la très belle terrasse.

Nous n'avons visité qu'un seul resort, mais on peut penser que le même genre d'activité a lieu dans les autres endroits, puisque les touristes viennent voir les "gros animaux". Si ces balades à dos d'éléphant se poursuivent encore quelques années, le problème ne se posera plus, car il n'y aura plus un seul arbre debout dans cette forêt, et les sentiers boueux piétinés par les éléphants plusieurs fois par jours seront impraticables. Comme à toutes les fois où des animaux sauvages sont maintenus en captivité, j'éprouve aussi un sentiment ambigu par rapport à la façon dont sont traités les éléphants que le guide frappe régulièrement avec un bâton de bois dans une main et une barre de métal au bout acéré en forme de flèche dans l'autre. Je n'y connais rien, mais je n'aime jamais que les animaux soient frappés, et je me sens complice.

Au bout du compte, nous ne recommanderions pas de visiter le Terai et la réserve de Chitwan via les services d'un resort, surtout pas le Island Jungle resort, car ils nous ont par-dessus le marché un peu arnaqués pour le retour à Katmandou. Le Terai est certainement une région très intéressante à voir car les paysages sont fort différents de ceux des montagnes. Mais il y a sûrement moyen de faire autrement qu'en passant par les services de ces attrapes touristes que sont les resorts sur la réserve et en périphérie.